Dans le Londres du XIXème siècle, un génial inventeur convie quelques amis à un diner afin de leur présenter sa dernière création. Pour leur montrer son œuvre, une machine à voyager dans le temps, il a réalisé une maquette. Il leur explique son fonctionnement et leur fait une démonstration mais ses amis restent sceptiques. Pendant le repas, notre héros s’absente quelques minutes. A son retour à table, il apparait les cheveux hirsutes et arborant une barbe de plusieurs jours. Mais que s’est-il passé pendant ce court laps de temps ? Pourquoi est-il si affamé à son retour ? Et comment son système pileux a-t-il pu se développer à ce point en si peu de temps ?


Je crois que ce roman d’Herbert George Wells, plus connu sous le nom de plume d’H.G Wells, a été l’un des premiers romans de science-fiction que j’ai lu étant enfant. C’est également celui qui m’a donné envie de continuer à en lire d’autres. Bien que cela ne soit pas le meilleur livre de SF qui existe, cela reste tout de même une référence, qui m’a fait rêver à l’époque. Cela fait un peu cliché mais grâce à la lecture de la machine à explorer le temps, je me suis aperçu du fantastique pouvoir de l’imagination. J’ai pris conscience que les mots donnaient lieu à des interprétations différentes selon chaque personne. C’est pourquoi, lorsque j’ai su que Glénat réalisait une collection dédiée à Wells, j’ai eu envie de commencer par cet album.


C’est au scénariste Olivier Dobremel (alias Dobbs), à qui l’on doit quelques titre de la collection 1800 de Soleil et qui a réalisé également une très bonne adaptation d’un roman de Stefan Wul (Odysée sous contrôle), que Glénat a confié les rênes de cette série d’ouvrages adaptés de l’écrivain britannique à succès. Il n’est pas facile et très risqué de s’attaquer au premier roman de H.G Wells, qui est devenu un des classique du genre, bien que datant de 1895. C’est d’ailleurs, le premier roman où il est question de voyage temporel, il me semble. Malgré le format relativement court de l’album (54 planches) par rapport à l’œuvre originelle, Dobbs a su conserver les grandes lignes sans dénaturer le roman. Même si l’on connait l’histoire, on a envie de savoir comment va se terminer l’album. Il utilise à bon escient le page-turning pour rendre la narration captivante en se concentrant sur l’essentiel. L’auteur reste relativement fidèle aux sujets traités dans le roman, en l’occurrence le voyage dans le temps et la dégénérescence de l’humanité à cause du capitalisme.


Une fois l’époque victorienne évoquée et le contexte installé, l’auteur a décidé de choisir le parti-pris du journal de bord pour compter l’aventure de notre héros qui va voyager dans le temps et découvrir ce qu’il est advenu de nos descendants en l’an 802 701. C’est dans une terre qui ressemble à un paradis, en apparence, que vivent les Eloïs et les Morlocks. Chacune des 2 grandes entités n’ont pas évolué de la même manière. On y distingue une classe aisée qui aurait donné naissance à des êtres indolents, hédonistes et oisifs qui serviraient de garde-manger pour les prédateurs issus des classes laborieuses intéressés par les machines et qui se sont adaptés physiquement et psychologiquement à leur nouvel habitat souterrain.


Les images se substituent parfois aux textes pour apporter une ambiance fantastique à l’album. Mathieu Moreau propose sa propre version de cette machine faite de cuivre, de bois, de métal, d’ivoire et de cristal, qui donne un petit côté steampuk au Londres de 1895. De plus, lorsque j’ai vu sa vision des Morlocks, j’ai eu l’impression qu’ils m’étaient familiers. Ces personnages ressemblaient à ceux que j’imaginais étant plus jeune. Le coup de crayon de l’artiste est un mélange entre style réaliste et un peu caricatural. Les costumes, les décors, les paysages sont précis et fouillés. A l’inverse l’expression de certains visages se rapprochent plus des mangas. Le découpage des cases est lui aussi un mélange entre classicisme et créativité/originalité. Par exemple, dans les premières pages, lorsque le héros utilise sa machine à voyager dans le temps, il y a une très belle double page où toutes les cases tournent et s’entremêlent autour d’une horloge. J’ai l’impression que cette BD oscille souvent entre tradition (de la SF) et modernité.


Les couleurs sont également très belles et instillent à l’œuvre des univers différents en fonction des moments du récit. Sombres lorsqu’il s’agit de dépeindre la noirceur des Morlocks et leur monde souterrain. Plus lumineuses, pour le monde idyllique et diurne des Eloïs ou l’époque Victorienne. Bien que pas très optimiste dans l’ensemble, l’album se termine tout de même dans des tonalités en demi-teinte qui laissent planer une note d’espoir.


A part la guerre des Mondes qui ne m’a jamais vraiment attiré, cette bande dessinée m’a donné envie de lire d’autres œuvres de cette collection, notamment L’Île du Docteur Moreau ainsi que L’Homme invisible (tome 1 et tome 2).


Version illustrée : http://www.artefact-blog-bd.com/recit-complet/la-machine-a-explorer-le-temps/


Interview de scénariste Dobbs : http://www.artefact-blog-bd.com/auteurs-bd/dobbs/

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le 18 févr. 2018

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