Zidrou a encore frappé.
Ceux qui me suivent un peu savent que j'aime tout particulièrement le travail de ce scénariste ( enfin pour ce qui est de ses œuvres plus "matures", je ne me suis pas vraiment penché sur sa bibliographie jeunesse) et si son " Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre , qui donc lui reprisait ses chaussettes ? " m'avait un peu laissé sur ma faim, j'en gardais tout de même un bon moment de lecture.
Pour "la mondaine", Zidrou retrouve Jordi Lafebre avec qui il avait collaboré sur "Lydie" , un one shot particulièrement touchant.
Avec "la mondaine", les compères partent sur quelque-chose de totalement diffèrent : On suit le parcours de l'inspecteur Louzeau , tout juste rapatrié, à sa demande, à la mondaine en 1937.
Le premièr tome s'attache à la période d'avant guerre mais on imagine bien (au vu du prologue) que cela nous poussera jusqu'en 1944 dans une France en pleine occupation allemande et à la vieille de sa libération.
On y découvre une brigade avec des entités fortes et uniques, des méthodes à l'ancienne ( on échappe pas au coup d'annuaire en pleine tronche) et des rapports d'"amour/haine" avec les prostitués qu'ils doivent incarcérées.
Comme le dit si bien un des inspecteurs après une petite partie de jambe en l'air dans une maison close " Quand on demande à un gamin de vieller sur un magasin de friandise, faut pas s'étonner qu'ils mettent de temps en temps la main dans le bocal."
D'ailleurs , si ces personnages sonnent aussi justes , c'est grâce à l'attention toute particulière que porte Zidrou à ses dialogues. On prend un réel plaisir à lire cet album et on apprécie (en tout cas pour cette première partie) qu'il laisse un peu de côté la corde émotive et joue plus sur les sens.
Cela n'empêche pas le scénariste de continuer d'explorer les rapports familiaux à travers son histoire ( et une nouvelle fois, la maladie qui explose la cellule familiale ) mais il le fait toujours avec beaucoup de talent (et un certain renouveau).
Et puis bon, moi, c'est une thématique qui me tient à cœur et qui explique sans doute pourquoi j'aime tant Zidrou.
L'autre point fort de cet album est sans conteste le dessin de Lafebre qui lui aussi explore de nouvelle voie.
Son encrage est beaucoup plus lâché, brutale et "poisseux" que sur Lydie et donne une tonalité et une puissance toute particulière à certaines de ses cases.
Certains trouveront peut être cela moins "beau" esthétiquement; ça serait une erreur.
Je regrette juste que par moment, la colorisation ne s'intègre pas totalement au travail de Jordi Lafebre.
Bien sûr, il faudra attendre le second tome pour vraiment juger de la réussite ou non du nouveau bébé de la paire Zidrou/Lafebre mais cette première partie promet déjà de belles choses pour la suite.