Canardo est un de mes chouchous dans l’univers du neuvième art. Depuis que je suis petit, j’ai vu ses aventures garnir la bibliothèque parentale. Les traits anthropomorphes de ses personnages animaliers étaient attractifs pour l’enfant que j’étais. Par contre, il a fallu attendre mon adolescence pour être séduit par la narration adulte de l’œuvre de Sokal. Lorsque j’ai quitté le foyer familial il y a une quinzaine d’années, je suis resté fidèle aux pérégrinations du palmipède en guettant chaque nouvelle parution de ses enquêtes. La dernière en date s’intitule La mort aux yeux verts.


Ce nouvel opus s’inscrit dans la continuité du précédent. Il nous conte les conséquences macabres de l’histoire contée dans Mort sur le lac. Néanmoins, je tiens à rassurer ceux qui n’auraient pas connaissance de l’intrigue évoquée. Ces prérequis scénaristiques sont tout à fait dispensables pour profiter pleinement de la mission du détective palmé en pardessus. L’album commence par nous annoncer une bien triste nouvelle : Eugène Garenni vient de décéder. Il s’agit d’un acolyte légendaire de Canardo qui avait su se montrer attachant sans jamais se montrer compétent. La fille du défunt, policière de son état, s’est mis en tête que son paternel a été assassiné. Elle joue sur la corde sensible de son ami au grand bec pour qu’il l’accompagne dans sa quête de justice. Canardo ne pouvant rien refuser à une jolie femme en détresse…


Avant même de nous offrir une trame prenante, l’auteur nous présente une atmosphère. C’est d’ailleurs bien souvent de manière sensorielle que nous pénétrons dans l’univers de cette série. Là encore, la réussite est au rendez-vous. L’essentiel des événements se déroule dans une gargote dont la spécialité est de cuisiner l’anguille sous toutes ses formes. La capacité de Sokal à faire vivre le petit peuple est superbe. Le réalisme qui transpire de chaque scène se déroulant dans le boui-boui et faisant intervenir les différents membres de la famille qui fait tourner ce commerce est prenant. Aucun ne génère l’attachement ou l’admiration mais tous attisent la curiosité et participent au plaisir de la lecture.


L’enjeu est simple : la vengeance et la justice. La fille de Garenni veut rendre justice à son père. Parallèlement, on apprend rapidement que la mort de ce dernier est le produit d’une vengeance dont il est une des victimes. La séparation entre les gentils et les méchants n’est pas toujours bien marquée participant ainsi à l’intensité de la lecture. Par moment, on a le sentiment d’être dans un huis-clôt regroupant un groupe de futures victimes.


Je n’ai pas particulièrement envie de développer davantage mon opinion sur l’intrigue au risque d’en dévoiler un petit peu trop. Je me dois néanmoins de préciser que la duchesse du Belgambourg est une nouvelle fois présente tel un fil conducteur pour notre plus grand plaisir. Chacune de ses remarques fait mouche. Pour ceux qui ne la connaisse pas, je vous encourage à la découvrir. On en devient rapidement addict. Sa vision radicale de la société permet de faire des liens avec notre réalité quotidienne qui ajoute un petit plus à la lecture.


Pour conclure, La mort aux yeux verts est un bon cru de Canardo. Il s’inscrit parfaitement tant sur le plan scénaristique qu’illustratif dans le ton des derniers tomes. Il ne possède pas l’intensité des meilleurs de la saga mais cela ne l’empêche pas d’offrir un bon moment de lecture. Sokal confirme la constance de qualité de sa série. C’est une chose rare pour une saga durant depuis tant d’années. Je ne le remercierai jamais assez pour cela…


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Eric17
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le 12 juil. 2017

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