Ca traîne. On prend les mêmes et on recommence. Le vilain Malik se remet à dégommer tout le monde, et puis les ressuscite sous des prétextes futiles (c'est un instable du bonnet, celui-là !). Pour justifier ces résurrections à répétition, qui donnent l'impression que la série bégaye, Cothias utilise autant de personnages qu'il peut pour faire l'apologie des pouvoirs de l'imagination, supposée justifier tous ces délires. Déjà, ces développements insistants sont lassants. Et comment voulez-vous croire une seconde à ces situations, qui se retournent comme des doigts de gants, quand le Grand Scénariste en a marre ?

Ces redites servent évidemment à remettre en scène pour un tour de piste les éléments qui avaient beaucoup plu aux lecteurs lors de la première pentalogie; donc, le Prince de Mortelune nous refait une fiesta...princière, avec de fort beaux échantillons de dégénérés baroques somptueusement vêtus, et des créatures humanoïdes qui constituent un bestiaire savoureux, avec ce qu'il faut de foufounes à l'air et de bites de tous formats et de toutes configurations pour nous la jouer "révolution sexuelle chez les déliquescents". Côté cul, on évitera de gerber devant une scène de fellation sur Malik (planche 35), qui cherche à être drôle...

Là-dedans, l'équipe d'astronautes introduite depuis le tome 6, et que l'on espérait être à l'origine d'un renouvellement de l'intrigue, ne fait pas grand chose. Elle regarde Malik dépecer , trucider, énucléer, elle se demande ce qu'elle fout là, et seule la fin de l'épisode utilise l'un de ses membres pour justifier un nouveau tour de passe-passe scénaristique... Seul Alfred, le robot marrant, apporte à la fois quelque humour et quelque rationalité (les deux en même temps, il faut le faire !) dans les réactions des personnages, qui, par ailleurs, semblent figés dans leurs tropismes . Figés ? Le Prince veut toujours sa Violhaine, et Malik se surpasse toujours en sadisme boucher. Toujours de l'humour ? Un des décapités de service à répétition se retrouve avec une tête de Babar (planche 11 - allusion au mythe de Ganesh ?).

Plus original : Nicolas, Dieu pas tout-puissant, vu que le Diable-Malik a pris sa part de pouvoir créateur, nous refait le mythe de l'inversion du temps, et pour ne s'en débarrasser que provisoirement, Cothias monte en parallèle une anecdote de coït cosmique qui devrait le faire revenir sous une autre forme...

Plein d'abnégation, Adamov illustre superbement un récit qui ne mérite pas autant d'honneur. Le réalisme des visages, des décors, des ombres portées montrent un artiste au sommet de son art, et la lisibilité fabuleuse de ses vignettes équilibre les carences de celle du scénario. Carences ? Outre celles citées, on ne sait jamais trop si on est sous l'eau ou pas; si on prend une barque dans une sorte de Venise aux allures de Bronx (planche 4), c'est donc bien que l'eau est plutôt en-dessous qu'au-dessus. Mais, tout de suite après , on nous présente des scènes dans un Paris incertain, sur lequel flottent, très près des tours de Notre-Dame-, ces curieuses méduses en forme d'oeil arraché, suivies d'un nombre très restreint de filaments. Planche 29, très belle image d'un Châtelet "adapté" envahi par de vrais Myrmidons, suivie (planche 30) d'un vrai Sacré-Coeur.

La trop haute fantaisie du scénario fait obstacle à toute crédibilité. Adamov sauve la mise à ces dérives farfelues, mais il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps...
khorsabad
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le 16 nov. 2014

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