Après une « Marque de Raspoutine » qui m’a un peu laissé de marbre, Benoît Sokal revient avec un Tome 3 qui renoue davantage avec ce qui, selon moi, fait le charme de cette saga.
Mélancolie et cynisme d’une part, associés à une faune de peluches simplettes d’autre part.
Le mélange génère quelque-chose de doux-amer qui oscille entre la farce absurde et le polar noir.
Pour le coup, sans être un trésor d’inventivité, cette « Mort douce » fait son boulot efficacement.
Les figures choisies renvoient à des univers bien différents mais tous associés dans leur renvoi à une certaine forme de beaufitude humaine.
La chanteuse usée au débardeur léopard a des allures d’icône de bassin ouvrier en dépression.
Le décor fait penser à un univers rural abandonné entre Louisiane poisseuse et Wallonie meurtrie.
Enfin, ces soldats d’une guerre dont on ne sait finalement rien donnent l’impression d’être prisonniers d’une faille spatio-temporelle qui les coince entre Guerre de sécession et Guerre de Yougoslavie.
Tout cela donne à cet univers des allures de monde post-apocalyptique dans lequel les personnages s’efforcent de vivre et de survivre sans prendre réellement conscience de ce qu’ils veulent et de ce qu’ils y font.
Ce côté « esclaves aliénés » d’un monde qu’ils ne maitrisent pas donne à cet univers et à cette intrigue une dimension mélancolique mais légère que j’apprécie beaucoup. Il y a un petit côté « tout le monde déguste mais ce n’est pas si grave parce que personne ne se rend pas vraiment compte de ce qui se passe vraiment. »
C’est particulier, mais c’est justement cela qui, selon moi, fait la singularité de « Canardo ».
Un bon album dans l’ensemble donc…