Le duo franco-belge Schuiten et Peeters ne fait peut être pas parti des plus grandes ventes de la bande dessinée, ou même des auteurs les plus populaires, et pourtant leur saga Les Cités Osbcures est sûrement l'un des édifices les plus titanesques et ambitieux de l'histoire de la bande dessinée. Imaginez : un univers fantastique parallèle au nôtre, dont les ramifications sont développés par le biais de plusieurs BD, ayant toute leur propre histoire à raconter, le tout dans des lieux fantasmagoriques aux règles défiant l'imagination... Des myriades de personnages, des mystères à foison, et un monde dont on ne sait si il a un début et une fin ! Et bien tout cela, ce sont Les Cités Obscures.
Aujourd'hui, nous nous attardons sur La Théorie du Grain de Sable, un des segments des Cités Obscures, édité dans un format à l'italienne en deux tomes.
Nous nous retrouvons dans la cité de Brussels, en l'an 784, avec des protagonistes ayant tous pour lien le fait d'être victime de phénomène étranges depuis quelques jours... L'un d'entre eux ne cesse de perdre du poids au point de décoller du sol, un autre voit apparaître des pierres dans sa maison, une autre encore reçoit la visite d'un mystérieux personnage venu de loin, et pour couronner le tout, une autre enfin voit apparaître du sable dans son appartement !
Avec des tonalités oscillant entre jaune/gris et blanc albâtre, le trait de Schuiten y est sublimé, au point d'être l'une de ses orfèvrerie graphique que l'on ne voit qu'une fois dans sa vie. La technicité du trait donne l'impression de voyager dans une succession d'illustrations du XIIXème siècle et l'architecture de Brussel, mélange de moderne et d'ancien, laisse rêveur le lecteur amateur des récits de Jules Verne. L'architecture est d'ailleurs le pont qui relie fantastique et réalité, au cœur de cette cité où cohabitent dirigeable victorien et immeubles en verre. L'illustration des phénomènes étranges dans la cité de Brussel est d'ailleurs avant tout graphique, puisque c'est en leur faisant revêtir une couleur blanche que l'auteur accentue leur aspect intrusif dans l'œuvre.
Le récit, quant à lui, se laisse suivre avec un grand plaisir grâce à une galerie de personnages attachants et un rythme soutenu durant cette aventure de 200 pages ! Face aux phénomènes grandissant, une course contre la montre rocambolesque se lance, et le talent des auteurs nous permettra tout du long de contempler les quartiers de Brussel, offrant un plaisir esthète sans aucune comparaison possible.
Mais les Cités Obscures ont encore beaucoup à raconter, et ce grain de sable dans l'engrenage n'est qu'un fragment parmi tant d'autres...