Quel plaisir de redécouvrir en librairie l'ensemble des productions Daredevil à l'approche de la saison 2 du diable rouge sur Netflix. Avec cet album on s'offre en prime le bonheur d'un Deluxe, malgré des dessins un peu fade. Alors attaquons nous au scénario qui lui a beaucoup à offrir.



Premier arc : Ultimate Daredevil & Elektra



Les titres de l'univers Ultimate avaient pour objectifs d'attirer les nouveaux lecteurs à l'heure où le genre héroïque faisait ses premières armes au cinéma. En vérité ils ont principalement permis un nouvel angle d'attaque pour des auteurs prometteurs et une modernisation aux yeux des anciens lecteurs. Le travail de Millar sur les franchises avengers et mutantes demeure le meilleur exemple de cette ligne éditoriale. Concernant DD, le pari fut le même sans toutefois lui laissé l'honneur d'une série régulière. Qu'à cela ne tienne Rucka prendra l'histoire par l'autre bout : Elektra.


Miller était un novateur dans les années 80, son Hell's Kitchen sonne toujours moderne à notre époque et Netflix l'a adapté sans peur. Aussi il n'y avait que peu de choses à dépoussiérer dans le couple qu'il avait créé. Et ces quelques éléments sont intelligemment modifiés. Ainsi on enlève les ninjas, Elektra a certes appris les arts martiaux auprès de Stone, mais dans un dojo et sur un tatamis comme tout le monde ! On enlève également le cliché de la riche bourgeoise au père industriel, Matt tombe amoureuse d'une New-yorkaise étudiante au père immigré qui tient sa petite affaire de pressing. On enlève le principe de mal inné et intérieur, de la folie qui la hante et de ces voies qui la pousse au meurtre comme dans The Man Without Fear (j'adore cette vision de Miller toutefois elle empêche indubitablement une approche réaliste, maître mot de l'univers Ultimate à la base). Comble de l'aventure, on enlève le principe même de super-vilain en ce qui concerne le premier arc, se contentant ainsi d'un simple violeur. Sauf que le comics, lui, n'en est pas pour autant simple.


Pour la suite je spoile sans retenue.


L'ampleur du viol et l'impact destructeur qu'il implique sur la victime n'est en aucun cas diminué. On adhère parfaitement à la colère qui habite Elektra devant la vision de son amie dépouillé de sa dignité et de son intégrité physique comme mentale, on comprend cette flamme qui s'embrase dans son être devant l'impunité du coupable. De péripéties en péripéties, l'héroïne emprunte la pente glissante pour mettre un terme aux crimes et attaques de toutes sortes quelles subies, alors même que de l'autre côté, son petit ami tente tout pour la retenir. Le climax sera atteint dans le parc de NY, alors qu'Elektra s'apprête à commettre l'irréparable. Se sentant trahi et abandonné par un Matt qui lui a menti sur sa cécité, elle le confronte à un choix décisif, un dilemme cornélien : la suivre et continuer leur idylle, ou sauver un criminel hors de porté du système en l'emmenant à l'hôpital. Pour le héros que nous connaissons, pour le futur démon de Hell's Kitchen, ce choix n'en est pas un. Il n'y avait qu'une conclusion possible au récit. Elle se révèle dur, sans pitié sur sa vision des deux amants maudits et sur cette chienne de vie qui les sépare. Entre la justice et la passion, nul n'échappe à la douleur...



Second arc : Elektra – La part du diable



On reprend l'histoire d'Elektra version ultimate quelques temps après sa rupture avec Mattew et son abandon de la fac. Cette fois l'élément déclencheur viendra de la mafia, son père fauché se trouvant forcé de négocier avec. Elle fera tout pour le tirer de ce mauvais pas et enlever sa famille de cette ombre dévoreuse. L'histoire multiplie les sous-intrigues complexifiant ce pitch en apparence simple pour l'amener à un bourbier avec trop de personnages, de camps et de documents ultra-secrets. 6 épisodes c'était probablement trop par rapport au fond que le scénariste souhaite apporter. Ce dernier retombe par ailleurs dans une certaine facilité en introduisant le caïd et le tireur. Encore concernant le second je ne le lui reprocherai pas, son interprétation du psychopathe m'ayant plu sans faire d'étincelles. Dans cette aventure où la jeune grecque se retrouve à alterner les rôles de jeune fille révoltée, prostituée en infiltration et enfin assassin experte, l'aide de DD n'est pas de refus. Le personnage se débrouille bien en arrière plan et apporte beaucoup au récit. Après le long marathon de péripéties, la mini se conclue correctement, avec un bon duel et un dialogue tranchant, sans atteindre le brillant final de la précédente.


À travers ces deux récits Ultimate, on découvre une Elektra moins hollywoodienne, plus ancrée dans le réel, et sa chute morale en devient plus choquante, s'accompagnant d'une déchéance sociale. Son amour avec DD se brise sur l'autel de la jeunesse impétueuse et des rêves adolescents qui caractérisent si souvent la première relation. On aimerait forcément une suite à la fin de la lecture, pourtant elle n'apporterait rien de neuf et briserait plus qu'autre chose l'honnête travail de modernisation accomplie jusque là. En conclusion, cette nouvelle version du couple mythique apporte une certaine fraîcheur et se lit avec plaisir, bien que le récit ne marque pas les esprits à l'image des classiques du diable rouge.

WeaponX
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le 23 mars 2016

Critique lue 266 fois

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