Au moins cet album présente-t-il un grand avantage par rapport aux deux précédents : la qualité formelle du dessin repasse à la hausse.
Depuis le tome 6 baptisée « La Cadillac blanche » pour moi on était clairement rentré dans une forme de dépouillement qui ressemblait fort à une volonté de gagner du temps et de l’énergie.
Là, on arrive à quelque-chose d’un peu plus chiadé (notamment au niveau des décors), se rapprochant sans la rejoindre de l’atmosphère sombre et poisseuse des premiers albums.
Personnellement j’ai l’impression que l’ami Sokal a changé de méthode voire de matériel.
Je soupçonne un usage de la tablette graphique qui fait permet sûrement une gestion moins chronophage de la couleur.
Mais pour le coup, ce n’est vraiment qu’une simple hypothèse.
En tout cas, pour moi c’est à partir de cet album que « Canardo » va se fixer plus ou moins dans sa forme.
Ça m’étonne même d’apprendre que la collaboration de Sokal avec Pascal Regnauld ne commence qu’à partir de l’album suivant car pour moi la rupture se ressent davantage sur ce tome-ci que sur le tome 10.
Un bon point donc pour ce tome, mais malheureusement le seul véritable bon point notable.
Alors certes, ce n’est pas honteux. Ça reste assez fidèle dans l’esprit à ce que sont les aventures de l’inspecteur Canardo.
D’ailleurs l’ambiance et le milieu et les thématiques m’ont plutôt séduit.
Seulement voilà, je trouve que ce théâtre là aurait mérité un spectacle plus dense et enlevé pour vraiment magnifier l’expérience.
Là, c’est certes convenablement ficelé, les enchaînement roulent plutôt bien ce qui fait que je ne me suis pas trop ennuyé, mais tout cela aboutit en fin de compte à un dénouement assez basique, avec une profondeur d’intrigue pas très saisissante, qui m’a donné l’impression de finir un banal fait divers qui ne m’avait pas appris grand-chose sur la nature humaine ni sur les subtilités d’une enquête policière.
C’est donc un sentiment médian que je suis sorti de ce « Caniveau sans lune ».
Donc quoi de plus logique qu’une note médiane dans de telles circonstances…