"Ma douleur sera donc immortelle"

La critique la plus facile à écrire demeure celle du tome 3. D'une part, l'écriture magistrale de JMS n'est plus présente, d'autre part ce tome se subdivise en 3 arcs aisément distinguables bien que les répercussions se font sentir de l'un à l'autre. Enfin, il s'agit d'un run dans son intégralité, et ce n'est quand même pas un manchot qui s'y attaque: Kieron Gillen l'auteur qui en indé a publié dernièrement l'excellent Über.

On commence par Latverian Prometheus. JMS est parti en cours de route et son histoire passionnante devait trouver une conclusion. Malheureusement à cause des boulets d'éditeurs, Gillen n'a que 3 épisodes avant Siege. Insuffisant, on comprend la colère de JMS...
Pour autant ces 3 épisodes ont le mérite d'être excellent, une vrai apothéose avec la guerre attendue, redoutée, entre Latvétrie et Asgard. Les dieux nordiques sont avant tout des guerriers, Balder avait prévu qu'ils en viendraient aux armes, mais ce choix lui évite les dissensions internes. Cette guerre satisfera pour un temps son peuple, qu'il mènera lui-même au combat.

C'est pour autant la sublime Kendra, l'une des figures les plus importantes du run de JMS, qui part en première à l'assaut des murailles de Fatalis. Son combat ouvre l'album dans un fracas de tonnerre, de chagrin et colère. Ce début est magnifiquement dessiné, rendant la déesse tout bonnement sublime au milieu de la tempête, et montrant Fatalis plus effroyable que jamais. L'assaut général est rude, d'autant que les expériences atroces du tome précédent par le docteur ont abouti à des abominations. Pendant ce temps, le perfide Loki continue de comploter, de susurrer aux deux camps ses paroles empoissonnées. Balder est un bon bougre, un roi compétent, mais sa clémence à l'égard de son frère adoptif lui coûtera sa perte. Sa lame hésite, goutte le sang, mais se refuse à aller jusqu'au bout.

De son côté, Thor a survécu à l'attaque des robots de Fatalis et remonte péniblement la trace jusqu'au souverain de Latvétrie. Se joignant au combat, il se confrontera à l'homme au masque de fer, au destructeur et à un ennemi pire encore... le temps. L'assaut des asgardiens, punitif de prime abord, s'est en effet transformé en mission de sauvetage. L'intensité est énorme, le suspens présent. Une bonne conclusion à l'intrigue amorcée dans le tome 2, mais on ne peut que regretter le départ de son initiateur qui avait encore beaucoup d'idées à revendre.

La seconde partie du tome se concentre sur les tie-ins à Thor. Ces épisodes valent dix fois mieux que l'event en lui-même. Gillen cherche au milieu de ce bazar à poursuivre le développement des personnages. Kendra, Volstagg, Balder. Sif passe à la trappe mais ce n'est pas si grave. On a aussi une sacrée prophétie sur le dieu de la guerre qui va bien perturber un de nos héros, un Siege très oppressant, où l'on ressent la tension et surtout les morts qui s’accumulent. Oui Asgard a failli tomber, oui les murailles ont cédé, oui la perfidie de Loki a engendré cette vague de mort. On ressent cela dans ce tome, ce que Bendis avait été incapable de transmettre dans son event moisi, préférant se concentrer sur ses Dark Avengers pourris, "le problème Sentry", le retour de Captain. Bref des axes d'intérêts éditoriaux, comme souvent avec ce scénariste inconstant. Néanmoins, malgré les efforts de Gillen, ça ne reste que des tie-ins.

Enfin, le dernier arc de l'album (en-dessous des épisodes précédents, le niveau étant décrescendo sur les trois arcs) reprend l'une des pistes jamais exploités de JMS. On s'intéresse en particulier au devenir des guerriers morts lors du Siege et dont le repos est troublé par les dises. Une aventure qui se montre intéressante, bien mythologique, avec quelques petites astuces stylées, mais malheureusement trop longue et lourde en narration pour vraiment valoir le coup.

Dans le tome 4, la série va passer à Fraction dont je n'attends absolument rien. Advienne que pourra...