Une plongée dans la politique méta-humaine passionnante

En me lançant dans l’aventure Checkmate, chose que j’attendais depuis longtemps de par l’ambiance proposée et la présence de Greg Rucka, je m’attaque à quelque chose de totalement inédit pour moi. Plus que la série, c’est Checkmate tout court qui m’est peu familier. En effet, hormis le passage, tragique, dans Infinite Crisis, et le meurtre de Maxwell Lord par Wonder Woman !
Cela tombe bien, Checkmate fait suite directe à Infinite Crisis.


L’organisation des Nations-Unies rassemble plusieurs métahumains en une agence ultra-secrète aux missions confidentielles : Checkmate ! A sa tête, la redoutable Amanda Waller mène d’une main de fer ses agents, qu’ils soient humains ou surhumains, au risque de les voir se rebeller contre son autorité.
Checkmate ou la série d’espionnage qui prend la suite des évènements d’Infinite Crisis, et suit les aventures de l’agence ultra-secrète aux ordres des Nations-Unies qui mêle humains et métahumains. Réalisée par Greg Rucka (No Man’s Land) et Jesus Saiz (Omac Project), elle présente également de nombreuses vedettes invitées dont Batman, les Outsiders et la Suicide Squad.
(Contient les épisodes #1 à 15 de Checkmate et #47 à 49 d’Outsiders)


Suite au désastre « Maxwell Lord » une nouvelle version de Checkmate voit le jour. Mais cette fois-ci, elle est placée sous contrôle, unique, des Nations-Unies, et ce, pour éviter toute ingérence, notamment des Etats-Unis.
Noirs pour l’action et l’opérationnel, blancs pour la politique, Rois et Reines appuyés par les Cavaliers et conseillés par les Fous… Un nouvel organigramme est mis en place ! On retrouve la sublime Sasha Bordeaux en Reine Noire, Taleb Beni Khalid en Roi Noir, Alan Scott en Roi Blanc, mais surtout Amanda Waller en Reine Blanche. Malgré son passé, ses actes et sa fourberie, Amanda Waller a réussi, de par le jeu de ses alliances à obtenir un poste haut-gradé. Mais en étant chez les Blancs, les Nations-Unis pensent tenir Amanda Waller, n’ayant pas le droit d’aller sur le terrain et d’agir directement, mais c’est bien mal la connaître…
Parce que si tout semble bien rôdé, bien réfléchi, bien en place, quand on creuse un peu, ce n’est pas vraiment cela. Bien au contraire…


Le premier arc nous plonge au cœur d’une chasse à la secte, Kobra, avec leurs fidèles flippants et une Sasha Bordeaux qui montre qu’elle va être un personnage central, sinon importante du titre. Puis nous avons le droit à un séjour à Santa Prisca et des élections douteuses avec Bane. Et l’on termine avec la capture des Outsiders pour les forcer à travailler avec Checkmate pour une invasion en Corée du Nord !


Si l’action est bien présente, on se retrouve néanmoins avec des intrigues se rapprochant plus d’ambiance d’espionnage, d’intrigues à la James Bond sur un rythme effréné et prenant. Si les différentes intrigues, arcs, passionnants au demeurant, semblent ne pas forcément s’imbriquer les unes avec les autres, c’est à travers les sous-intrigues et les relations entre les différents personnages que tout s’assemble, tout se lie !
Car tout n’est que machination, faux-semblant, mensonge, trahison, coups bas. Personne ne semble totalement honnête, chaque personnage a ses secrets, ses propres plans, ce qui fait que l’on est pas loin d’un rebondissement à chaque page, d’un retournement à chaque confrontation. Même si un personnage semble, quand même, avoir l’ascendant sur tous les autres. Le pauvre Alan Scott peut en témoigner.


Et puis, il y a tellement de personnages, tellement de connexions entre eux, que l’on n’arrive pas à tout voir venir. Comme dans l’intrigue à Santa Prisca. Notre attention se porte sur Thomas Jagger, le fils du défunt Judomaster, et donc sa difficulté à ne pas se jeter sur Bane, mais on oublie le caliente Beatriz DaCosta/Fire et les manipulations d’Amanda…


N’oublions pas non plus, et c’est un angle que j’adore dans les comics, l’aspect politique. L’échiquier de Checkmate est une base politique, au niveau mondial ! Le groupe doit conjuguer, jongler avec les différents présidents des membres permanents du conseil des Nations-Unis mais aussi avec ceux des pays du monde entier. Cela renforce encore, davantage, le sentiment d’imprévisibilité à tout instant.
Cet aspect est, non seulement, omniprésent à l’échelle mondiale, mais également en interne, où les différents membres de la « royauté » n’hésitent pas à faire trébucher ses, soi-disant, collègues. Et d’ailleurs, si les intrigues sont prenantes, captivantes, ce sont véritablement les relations entre les personnages qui fonctionnent le plus. Tant de personnages aussi différents, aussi riche, aussi forts, au sein de la même organisation pour servir une même cause mais avec des moyens et des ambitions si différents, on ne peut que se retrouver avec une situation explosive !


Graphiquement, un peu moins d’une dizaine d’artistes participent à ce premier tome comme Joe Bennett ou Eddy Barrows par exemple. Mais le gros du travail est signé Jesus Saiz et franchement c’est un régal ! Ce n’est pas exceptionnel mais totalement immersif. C’est clairement le genre d’artiste qu’il est obligatoire d’avoir sur les récits de Greg Rucka, comme Michael Lark sur Gotham Central. Le genre d’artiste qui arrive à faire transparaître la richesse des univers, l’oppression des ambiances que le scénariste propose.


Bref, Checkmate est une véritable surprise ! Et une magnifique surprise. Je ne m’attendais, vraiment pas, en me lançant dans cette série à tomber sur un titre aussi prenant et immersif. En même temps c’est du Greg Rucka. J’adore ce genre de récits, où la politique et l’espionnage se mêlent à l’action avec des personnages secondaires mais fascinants. A quand, le tome 2 !!!!!!

Romain_Bouvet
9
Écrit par

Créée

le 14 nov. 2016

Critique lue 628 fois

1 j'aime

Romain Bouvet

Écrit par

Critique lue 628 fois

1

D'autres avis sur Le Jeu des rois - Checkmate, tome 1

Le Jeu des rois - Checkmate, tome 1
Presence
6

Une organisation complexe et lourde

Ce tome est le premier d'une série consacrée à l'organisation Chekcmate, et il rassemble la première moitié des épisodes écrits par Greg Rucka. Il comprend les épisodes 1 à 12, initialement parus en...

le 14 mars 2020

Du même critique

Le Deuil de la famille - Batman, tome 3
Romain_Bouvet
3

Un Joker qui n'en a que le nom, un Batman qui n'en est pas un...

À peine remis de son éprouvant combat contre la Cour des Hiboux, Batman voit revenir son pire cauchemar, le plus terrible de ses adversaires : le Joker ! Et cette fois-ci le Clown Prince du Crime est...

le 14 févr. 2014

17 j'aime

4

Batman : Silence
Romain_Bouvet
4

Trop d’étalages!

Batman Silence ! Le run de 12 numéros du duo Jeph Loeb et Jim Lee, ou comment essayer de faire intervenir le plus de personnages possibles en un court laps de temps. C’est la première chose que l’on...

le 13 déc. 2013

17 j'aime

5