La couverture d’un tome constitue le premier contact entre l’œil du lecteur et la série qu’il s’apprête à découvrir. Autant dire que c’est un rendez-vous qu’il ne faut pas rater, si jamais on n’ouvre pas ledit tome pour voir ce qu’il a dans le ventre.


Avec Lady Mechanika, le contact visuel a été gagnant. L’aspect chasseur du personnage principal, sa posture, son design, les couleurs employées, le cercle mécanique, qui donne l’impression que le personnage sort d’un miroir… Ajoutons le toucher du tome, qui se révèle agréable et hop, le voilà déjà entre mes mains, direction la caisse de la librairie.


La lecture s’est faite rapidement mais j’ai encore plus apprécié le tome lors d’un second passage, qui m’a permis de mieux mettre en ordre les éléments qui s’offraient à nous de la première à la dernière page. Lady Mechanika est une série à lire jusqu’au bout du bout, ne serait-ce que pour prendre connaissance de Wraithborn, une autre série de Joe Benitez à venir en 2017 et, surtout, se délecter des dessins et croquis de fin de volume. J’espère qu’il y en aura aussi à la fin du second tome, qui paraîtra en octobre !


Les lignes du dessus indiquent que j’ai apprécié ce tome, mais entrons un peu plus dans les détails pour comprendre pourquoi.


D’abord il y a son univers : la fin du XIXème siècle (une période que j’affectionne tout particulièrement), le cadre de l’Angleterre victorienne revisitée version steampunk-magie-tradition se révèle très plaisant et la ville de demain, Mechanika, m’a fait penser à celle de Columbia, visitée par Booker DeWitt dans Bioshock Infinite. Si le steampunk est présent dans quelques séries et animés, Lady Mechanika n’est pas celle qui me déclenchera une overdose du genre, grâce au dessin de Joe Benitez qui met bien en valeur les costumes et les objets relevant de l’univers steampunk.


Ensuite il y a l’histoire : cette première partie de la série (comprenant ce tome et le suivant) s’intitule « Le mystère du corps mécanique ». Un titre qui fait écho : i) à l’intrigue qui se déploie sous nos yeux ; ii) mais aussi à des personnages, notamment Lord Blackpool et son entreprise, avides de fabriquer de nouvelles armes, machines… et qui s’intéressent aux corps mécaniques, et Lady M, qui a des bras (et jambes ?) mécaniques, qui intéresse donc Blackpool et qui est à la recherche de son passé.


Ce premier volume est une grande introduction à cet univers, et si on veut en savoir plus il faut suivre Lady M et son partenaire Lewis (ainsi que le curieux Dr Littleton ?). Il fait peu de doutes qu’en en apprenant plus sur elle, nous en apprendrons plus sur ce monde. Un monde où la technologie avance mais qui compte son lot de personnages marqués par la vie, ses groupes stigmatisés, ses croyances, sa face sombre… Le personnage principal interpelle par ses questions, pensées, son allure (sans tomber dans l’excès) et, pour le moment, si Lady M occupe une grande part de l’intrigue, elle n’écrase pas les autres personnages.


L’héroïne amnésique, à la recherche de sa mémoire perdue n’est pas une idée neuve mais elle est traitée de belle manière au fil des pages. On apprécie le contraste entre son talent pour se battre et dégainer – quitte à exploser un genou, une mâchoire –, ses réflexions parfois mordantes et sa fragilité intérieure, ses réflexes malheureux. Quel sera le prix à payer pour retrouver ses souvenirs ? Faut-il mieux en faire table rase ? Sans passé peut-on avoir un avenir ?


(J’ouvre une parenthèse : si la belle est modifiée, on ne voit pourtant jamais ses membres mécaniques si ce n’est sa main droite à un moment. Ils sont dissimulés, un contraste par rapport aux autres êtres modifiés que l’on peut croiser.)


Lady Mechanika ouvre aussi la porte à tout un pan de questions touchant à la science, ses apports et ses limites. Les membres mécaniques sont sûrement un progrès mais ne faut-il pas règlementer leur utilisation ? Va-t-on tendre vers des corps totalement mécaniques ? Les informations concernant Blackpool ou Cain montrent qu’ils ne s’embarrassent pas des dommages collatéraux pour concrétiser leurs idées. Science sans conscience…


Enfin, j’ai apprécié certains éléments liés à l’organisation des pages : la manière dont les bulles sont agencées en premier lieu. Il n’y a pas de grosses bulles pour les dialogues mais un découpage amusant, permettant d’agencer les dialogues et de se repérer visuellement, comme un jeu de pistes ! Par contre la coexistence, à certains endroits, entre les paroles et les pensées du personnage principal oblige à lire les pensées puis les dialogues ou l’inverse. La langue employée, qui colle à l’époque, surprend au départ mais se coule rapidement dans le décor.


Lady Mechanika signe donc l’arrivée d’une nouvelle détective marquée par la vie (coucou Tokuko McCoy), qui n’hésite pas à dégainer et compter jusqu’à six quand il le faut. Avec son graphisme et ses couleurs, la série ne manque pas d’atouts et vaut le coup d’œil avec ou sans lunettes steampunk !

Anvil
8
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le 14 juin 2016

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