Une intrigue rondement menée mais une écriture trop démonstrative et de vrais problèmes de cohérence

« Elle est très sympa cette intrigue policière sur fond d'espionnage durant la première guerre mondiale. »
C'est en substance ce que je me suis dit en refermant ce premier tome, plutôt enthousiasmé par une lecture très plaisante, peuplée par une belle galerie de personnages, rythmée par de nombreuses scènes d'action/enquête riches en couleurs et des planches dynamiques et travaillées reproduisant élégamment le Paris du début de XXème siècle. Ce petit parfum de Sherlock Holmes à la française (malgré le nom étrange « Silas Corey ») encore dans les narines, j’aurais pu mettre 8 à ce moment-là.

Mais passée cette première bonne impression d’ensemble, de petits éléments qui m’ont un peu gâché l’expérience ont refait surface : le manque de tenue des dialogues souvent maladroits, le faux beau-parler de Nam, le peu de subtilité avec lequel Nury insiste sur l’improbable côté sans-gêne de Corey (la suite royale du Lutetia, les frais de tailleur etc.), c’est supposé être drôle et donner de la tenue au personnage et ça ferait mouche si c’était amené subtilement dans quelques détails mais là, c’est lourd et ça décrédibilise Corey en le rendant trop caricatural. Un comble quand on situe son récit au cœur d’un conflit historique bien réel sur lequel on s’appuie pour donner de la gravité aux enjeux de son intrigue.

Pire, le récit est ponctué d’incohérences qui, à bien y réfléchir, détruisent complètement l’intérêt de l’intrigue policière. En premier lieu, le fait qu’Aquila soit en réalité le médecin du journaliste est complètement ridicule : pourquoi seraient-ils liés ? Le fait que Nam parvienne à le deviner est encore plus impensable et Nury joue vraiment la facilité sur ce coup-là. « Poh poh poh, j’ai besoin que Corey se lance à la poursuite d’Aquila, comment va-t-il le démasquer ? Bon allez, Nam trouve son adresse chez le journaliste et il va vérifier si, par hasard, ce ne serait pas lui » O_O
Autre élément étrange : si Corey démasque Aquila, pourquoi ne pas l’arrêter, le faire suivre ou tenter de le faire parler ? Un peu étrange pour un patriote d’aller cambrioler l’espion dont tout le monde s’arrache l’identité tant il est dangereux pour le pays...

Bref, derrière le beau travail de reconstitution, de mise en place de personnages et d’intrigues se terrent malheureusement quelques éléments qui viennent vraiment remettre en cause la cohérence et donc l’intérêt de cette belle entreprise.
J’espère que le tome 2 saura me faire oublier ces écueils.