Paris, printemps 1917, nid d'espions
- La grande histoire : sur fond de querelles politiques entre Georges "Tiger" Clémenceau, vieillissant mais toujours bon pied bon oeil, à l'affût du moindre faux pas de son adversaire, le chef du gouvernement Joseph Caillaux (et un joli anachronisme puisqu'en 1917 Caillaux n'est plus président du conseil).
Loin des bancs de l'assemblée et de paris, la guerre mondiale s'éternise, l'armée française est à bout, et les mutineries sont réprimées dans le sang.
Règne alors un climat paranoïaque, entre soupçons de trahisons (et des épluchages de courriers par des services administratifs), de pactes avec l'ennemi, de traques de vendeur d'armes et de conflits d'intérêts.
- La petite histoire : Silas Corey, ex-reporter, ex-agent secret, détective sur le retour, personnage badass et opportuniste à souhait est chargé dans un premier temps par Clémenceau de retrouver un journaliste disparu qui détiendrait des preuves cruciales de trahison du chef du gouvernement et qui pourraient influer sur l'issue de la guerre.
Mais il n'est pas le seul sur sa piste, à tel point qu'il accepte d'être engagé par plusieurs commanditaires à la fois qui ont tous des raisons différentes de trouver le fameux journaliste, ce qui permet donc à Silas de jouer sur plusieurs tableaux à la fois, et de profiter d'un formidable mais casse-gueule cumul de salaires.
Et rapidement l'affaire se corse avec l'immixtion d'un mystérieux agent à la solde des allemands digne de Keyser Söse : "Aquila".
Comme bon nombre d'héros de BD, Silas a un comparse exotique, ici, il s'appelle Nam, et visiblement amateur de kung-fu vu les trempes qu'il colle aux méchants malgré son physique malingre. J'ai à un moment eu peur d'une romance gay entre les deux personnages, quand seuls dans une luxueuse suite, le vietnamien propose à son "maître", je cite "Monsieur souhaitera sans doute se détendre, après son repas... Oserais-je lui proposer une petite pipe ?". Heureusement c'était à comprendre au sens propre, sinon ça aurait pu être sacrément glucose.
Après, je dirai que la BD est tout de même un brin bordélique, je pense qu'elle est trop ambitieuse pour 64 pages, avec une tonne de personnages qui n'ont pas le temps d'être assez développés, et un background parfois assez obscur (Silas notamment a un passé montré en flash back, il a fait la guerre mais on n'y comprend pas grand chose, et ses interactions avec une héroïne brunette sortie de nulle part vers le milieu de ce 1er tome sont pour l'instant vaguement inutiles, même si je ne doute pas que les choses vont évoluer dans le second opus, et que nous ne sommes là que dans une mise en place).
Enfin quelques soucis techniques, les cases sont parfois minuscules et difficiles à suivre, le découpage des scènes est pas toujours optimal surtout dans les scènes d'action, et puis bon ce qui est embêtant et qui rajoute au sentiment bordélique, c'est que beaucoup de personnages ont à peu près la même gueule, donc y a franchement de quoi s'y perdre. Allez pour pinailler, il y a aussi quelques soucis de perspective avec un ou deux personnages qui lévitent les pieds décollés du sol.
Mais au bout du compte c'est franchement sympathique (sans être follement orginal non plus), les décors sont quand même hyper beaux, les rues de Paris sont à tomber, c'est pêchu, ça court, ça tire, ça explose, c'est assez intelligent et ça ne prend pas le lecteur pour un couillon, bref j'ai pas hésité à commander la suite pour savoir le fin mot de l'histoire qui pour l'instant est très mystérieuse! Gare à la déception de révélations trop banales comme d'habitude.
