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Le Soldat
6.3
Le Soldat

BD franco-belge de Olivier Jouvray et Efa (2014)

La guerre c'est beau, il y a plein de couleurs !

Henry Flemming est une jeune américain des campagnes. Engagé sur le front pour combattre la menace sudiste, il part au combat le cœur sur la main et l'esprit absorbé par une image romantique et enivrante du champ de bataille.
Comme de nombreux jeunes soldats naïfs avant lui, il ne pense qu'à son futur rôle de héros dans ce conflit et à la gloire.
Mais dès les premiers coups de canons confédérés, Henry s'effondre, déserte et se retrouve tétanisé par la peur. La peur du combat mais également la peur de se couvrir de honte.
Il revient dans son unité combattante et va tout faire pour lutter contre sa lâcheté, au mépris de sa propre vie...et de celles des autres.

Oliver Jourvay propose une relecture intéressante du pilier de la littérature anglo-saxonne que représente la conquête du courage de Stephen Crane.
Dans cette BD, le message diffère quelque peu de celui du livre d'origine et préfère se concentrer sur les aspects les plus sombres de la guerre de Sécession : l'absurdité de la guerre, la folie et l'incompétence notoire des officiers et l'horreur du champ de bataille.
Le soldat est également une bd sur le conditionnement et la manipulation des troupes : traités comme des pions sur un échiquier géant, leurs vies n'ont que peu de valeurs pour les généraux, colonels et autre capitaines.
La propagande est omniprésente et se base énormément sur les notions de courage, de sacrifice et de citoyenneté.

Le principal intérêt de l'histoire réside dans l'évolution mentale de Henry, le personnage principal.
Lui qui était prêt à en découdre et prêt à monter sur le champs de bataille pour des raisons obscures (se découvrir ?) s'avère, une fois sur la réalité du terrain, être un poltron incapable de tenir en place au cours d'une bataille.
Le protagoniste principal du récit, Henry, est donc la principale victime de cette propagande guerrière. Déchiré intérieurement par les images de morts, de sang et de carnage et accablé par un sentiment de lâcheté, Henry va évoluer mentalement pour reprendre courage et combattre avec honneur les ennemis de son pays.

Malheureusement, si les thèmes abordés par le récit sont intéressants, la narration s'avère être une cruelle déception.
Globalement, le rythme manque de fluidité et se permet des passages un peu mous du genou sans intérêt. Les dialogues, quant à eux, sont intelligents mais très répétitifs, ce qui empêche l'intrigue d'avancer correctement et pour couronner le tout, les flash-backs sont particulièrement inutiles et d'une lourdeur abominable.
Mais le pire reste le traitement des personnages.

En 66 pages, l'auteur n'arrive jamais à leur donner une once de caractère. L'attachement du lecteur pour le jeune henry est quasiment impossible tant ce dernier est finalement peu développé.
La psychologie du personnage tourne seulement autour de ses motivations guerrières et ne parle que rarement de son passé, de ses idées, de sa morale ou encore de ses relations avec les autres.
Henry est transparent et c'est d'autant plus agaçant dans une bd où l’émotion doit techniquement jouer une rôle important.
Les autres personnages ne rattrapent pas le tout avec un ami très énervant et particulièrement idiot et un fantôme bien trop bavard pour donner une bonne leçon sur la guerre.

Les dessins sont également fautifs dans cette distance crée entre le lecteur et les personnages. Le traitement à l'aquarelle est magnifique, les personnages sont détaillés, reconnaissables et expressifs, l'aspect bucolique du paysage campagnard est très réussi et tranche radicalement avec le cadre de la guerre de sécession mais malheureusement, Efa se montre incapable de restituer toute l'horreur du champ de bataille.
Que ce soit lors des fusillades, des affrontement au corps à corps ou même lorsque les hommes pataugent dans la gadoue, le dessinateur n'arrive jamais à illustrer correctement l'abomination que représente la guerre.
Dans un récit où le héros est justement choqué par la violence des affrontements, l'absence de violence graphique représente un énorme problème pour l'immersion.

Au final, le soldat est une bd sympathique sur la guerre de sécession aux thèmes profonds et matures mais elle s'avère bien trop creuse dans son traitement narratif et bien trop décalée graphiquement pour vraiment passionner le lecteur et l'impliquer émotionnellement dans l'histoire de Henry.
Asarkias
6
Écrit par

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le 9 janv. 2015

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Asarkias

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