Chaque parution d’une aventure de Canardo est pour moi un bonheur. Chaque enquête de cet inspecteur palmipède et son imperméable qui en fait le fils palmé de Columbo sur le plan vestimentaire. Cet album est scénarisé par Hugo Sokal et dessiné conjointement par Benoît Sokal et Pascal Regnauld. Cet ouvrage est de format classique et se compose de quarante-six planches. La couverture nous présente un plan poitrine englobant le héros et un enfant qu’on peut présenter comme un clone non cerné de ce cher Canardo. Le second plan oscille entre les tons bleus et gris et fait apparaître un paysage nu et silencieux. Ce bouquin est édité chez Casterman dans la collection Ligne rouge et coûte environ onze euros.

Le site des éditions Casterman propose le synopsis suivant : « Au moment où débute cette histoire, Canardo a hérité d’une mission bien peu motivante : jouer les baby-sitters quelques semaines durant auprès de son petit neveu Marcel, pris de passion pour Momo le Mérou, un personnage de dessin animé et de jeu vidéo inspiré par le destin tragique d’une espèce en voie de disparition, le mérou à pois rouges. Bâillements… Mais il faut croire qu’on n’échappe pas à son destin : dans l’île tropicale de Koudoulia, terre d’élection du mérou à pois, on vient d’enlever l’épouse d’un baron de l’immobilier belgambourgeois, probablement otage d’un conflit opaque mêlant affairisme, corruption et politique. Et c’est Canardo qui est choisi par les autorités du Belgambourg pour tenter de solutionner, officieusement bien sûr, cette sale affaire aux implications diplomatiques potentiellement explosives… Et voici comment, toujours flanqué du petit Marcel et par 38° à l’ombre, le plus détonnant des détectives débarque séance tenante au Koudouland, le paradis du mérou à pois rouges… »

Pour les lecteurs pour qui Canardo est encore inconnu, je vais rapidement faire les présentations. L’univers dans lequel il erre est un monde anthropomorphe. Comme son nom le suppose, il est représenté avec les traits d’un canard. Il ne faut attendre de sa part des raisonnements à la hauteur de ceux menés par Sherlock Holmes. C’est davantage la nonchalance qui accompagne ses pas. Son imperméable et ses cernes sont ses caractéristiques physiques, sa placidité passive est sa caractéristique caractérielle. Malgré tout cela, il dégage une sympathie certaine. Il fait partie de ses héros dont on adore suivre les aventures mais qu’on ne supporterait pas s’ils partageaient de près ou de loin notre quotidien.

Dans cette série, chaque histoire sert de support à une critique de notre société. « Le vieux canard et la mer » n’échappe à la règle en s’emparant de bon nombre de thématiques actuelles. On découvre une république bananière. On subit l’exploitation d’une espèce disparue, l’ultra exploitation commerciale de héros de dessins animés, une jeunesse soumise à une activité de consommateur et j’en passe. L’auteur ne développe aucune plaidoirie magistrale. C’est à travers des situations, des personnages et des dialogues que sa critique se construit. C’est habile et diablement efficace.

Le petit bonus offert par cet album prend les traits d’un palmipède encore dans l’enfance. En effet, le neveu de Canardo est la caricature du petit qui agace. Il n’obéit pas, se montre hautain et est complètement drogué par Momo le Mérou. Chaque de ses remarques horripile et on en vient à ressentir de mauvaises pensées à son égard tant on l’imagine fessé pour l’ensemble de son œuvre. Une chose est sûre ce personnage apporte un écot important au plaisir de la lecture par sa dimension non politiquement correcte.

La qualité du casting ne s’arrête pas au petit Marcel. Les nombreux protagonistes qui croisent la route du célèbre détective sont hauts en couleur et chacun à leur manière chatouille nos zygomatiques de manière soutenue. Certains faisaient déjà partie du casting d’opus précédents, d’autres sont des nouveaux venus mais tous ont une identité bien construite et une personnalité qui les rend indispensable à la réussite de l’ensemble.

Avant de conclure, je me dois d’évoquer les dessins qui une nouvelle fois m’ont conquis. Le changement de dessinateur a généré une évolution du style par rapport aux débuts de la série. Cette nuance ne m’a jamais dérangée tant le trait de Pascal Regnauld génère une atmosphère propre à la saga. Les décors sont travaillés, les personnages possèdent une existence graphique qui leur est propre. Les couleurs d’apparence simples sont habilement et subtilement posées et font naître une vraie ambiance accompagnant les pérégrinations du héros.

Pour finir, je peux vous affirmer que j’ai été ravi de découvrir cette nouvelle histoire. Elle est une nouvelle fois de grande qualité. Chaque page et chaque case offrent de vraies perles et de vrais bons moments. Je ne peux donc que la conseiller à tout le monde. Le plaisir est garanti…
Eric17
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le 5 juil. 2014

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