Bien sûr, le léger déboussolement à plonger dans le roman graphique après avoir découvert l’adaptation ciné de Kechiche...
Mais quelle finesse & douceur au final.
Oui, douceur, voilà ce qui surgit, même si le doute, la recherche de soi et tant d’autres d’émotions fortes sont mises en jeu dans l’histoire, ce long parcours amoureux. Apprivoiser son désir, l’avoir accepté au préalable même, marcher à pointes de pieds pour parvenir à lancer puis construire la relation, rien de tout cela n’est léger ou facile ou déjà tracé en pointillés facile ; mais je retiens surtout la tendresse d’ensemble, le doux plaisir tendre d’avoir pu atteindre un amour beau & partagé.
Tendresse issu du dessin & de la finesse des moments présentés, assurément. La technique est belle, troublante, et emmène le lecteur au coeur des émotions, des hésitations, des échanges à deux. Il n’est pas surprenant que, pour tous les profonds changements opérés, Kechiche ait gardé certains passages inchangés, de par leur puissance (il fallait bien une raison pour motiver l’adaptation...) Et cette puissance douce flotte dans les scènes intimes, sexy certes, mais belles, tendres, une représentation de désir partagé et bu avec délice, sans glisser dans le voyeurisme ou l’affichage brut & bête de peaux nus ; l’amour à tous les niveaux, l’amour, et la beauté surgit de voir ce tel amour.
Un livre de tendresse, de doutes aussi, et il faut aussi rappeler la dureté des réactions à la quête de soi, que ce soit par les copains de classe aux réflexes anti-homo ou la dureté du rejet parental. La beauté de la tendresse touche, la dureté d’atteindre cette tendresse marque profondément, offrant plus de réalité au livre, pour désespérante & brutalement triste que puisse être cette réalité...
On sent une envie de capter une histoire d’amour dans tout son déroulé, et tous ces à côtés difficiles et dure. Brillant, brillant...