Quand je suis tombé par hasard sur cette bande dessinée, « Le chapeau mystérieux de Monsieur Pinon », mon sang n’a fait qu’un tour : l’ouvrage est dessiné par Grazia La Padula dont j’avais adoré le travail sur « Le jardin d’hiver » sorti… onze ans auparavant. Qu’importe je me procure l’ouvrage qui semble traiter de la Seconde Guerre Mondiale. Le tout pèse 64 pages et est publié chez Paquet.


Un vieil homme fuit ses démons dans la rue. Il semble fou. Il cherche des magiciens, des vrais. Il veut « rentrer » dans un chapeau… S’ensuit une série de flashbacks pour expliquer d’où vient son traumatisme, car traumatisme il y a.


Enfant, le personnage adorait la magie. Il adulait un magicien qui, pendant la Seconde Guerre Mondiale est plutôt du côté collaborateur. Difficile pour lui d’abandonner la gloire pour des questions idéologiques. Mais les réalités vont le rattraper.


L’ouvrage comporte trois univers : le contemporain, les flashbacks et des passages oniriques. Chacun à ses codes graphiques propres. Cela facilite la lecture, mais l’alourdit également. Ainsi, la partie contemporaine est peu intéressante. On suit ce personnage qui a cette obsession de retourner dans le chapeau au grès des rencontres avec des personnes qui essaient (ou pas) de l’aider. Ces pages sont franchement ratées. Les flashbacks sur la période de la guerre sont plus intéressants, bien qu’un peu simples dans leur déroulement. On aurait aimé creuser un peu plus les personnages. L’évolution du magicien paraît trop rapide (et même prévisible) et sa relation star/fan avec le petit garçon manque aussi de développement. Il y a clairement un déséquilibre là-dedans. On aurait pu découvrir le personnage âgé au début et le retrouver à la fin, cela aurait été certainement plus profitable.


Ce livre traite donc deux thèmes : comment peut-on en venir à aider des gens pendant la guerre et les traumatismes qui ne s’effacent jamais de cette même guerre. Mais le livre se révèle finalement assez confus et la partie magique ne vient pas suffisamment sublimer cette histoire. Bref, on reste sur sa faim.


Graphiquement, j’aime beaucoup l’univers développé par La Padula. Elle adopte ici un style plus réaliste que dans « Le jardin d’hiver ». Il est juste dommage que le personnage principal semble avoir un style différent des autres avec ses grosses lunettes. Il y a comme une cassure. Les passages dans le chapeau, avec leur propre style, amène un peu de fraîcheur. Mais encore une fois, c’est plus dans le rythme global que le livre pêche.


« Le chapeau mystérieux de Monsieur Pinon » m’a déçu. L’histoire est confuse, manque de rythme, d’enjeux et de développement. On sent bien l’intention derrière l’ouvrage, mais cela ne fonctionne pas beaucoup. On a du mal à s’attacher à cet homme obsessionnel. Dommage.

belzaran
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le 26 mars 2020

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