Le crime qui est le tien
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Le crime qui est le tien

BD franco-belge de Zidrou et Philippe Berthet (2015)

Accusé du meurtre de sa femme volage et recherché par toutes les polices du pays depuis près de trente ans, Greg vit reclus dans une ferme au fin fond du bush australien où il élève des moutons. Apprenant que son frère atteint d’un cancer a reconnu le crime sur son lit de mort, le berger quitte son troupeau et retourne dans sa ville natale. Accueilli par le shérif qui n’a eu de cesse de le traquer, il découvre des habitants s’excusant du bout des lèvres d’avoir fait de lui un paria. Depuis que le vrai coupable est connu, la belle-sœur et la nièce de Greg, considérées comme des proches du « monstre », vivent un véritable enfer. Il faut dire que la victime avait été retrouvée lardée de soixante-sept coups de ciseaux à bois, à tel point que son corps avait « plus de blessures que de chair intacte ». Au fil des jours, Greg trouve son statut d’innocent de plus en plus pesant. Hanté par la présence permanente de sa femme défunte, conscient qu’il lui sera impossible de retrouver sa place parmi les hommes après tant d’années de solitude et détenteur d’une vérité qu’il est le seul à connaître, il lui semble préférable de disparaître à nouveau…


Un album où l’on convoque les fantômes, les secrets de famille et la lâcheté ordinaire, où l’ambiance délétère d’une petite localité de Nouvelle-Galles du Sud devient davantage poisseuse à chaque page. Le bal des faux-culs et le poids de non-dits entraînent chacun vers sa perte. Avec une mécanique narrative sans faille, Zidrou amène ses personnages au bord du gouffre, aussi lentement que sûrement, tout en proposant une réflexion complexe et profonde sur la notion de culpabilité.


Graphiquement, dans cette Australie des années 60 aux faux airs de Texas, la brutalité affleure en permanence sous le calme apparent. Une atmosphère parfaitement retranscrite par le trait élégant et les couleurs lumineuses d’un Berthet en très grande forme. Un récit noir à l’esthétique Old School qui démontre s’il en était encore besoin que chacun de nous possède une face cachée, une part sombre qu’il serait préférable de ne jamais mettre en pleine lumière. « Les hommes, ils font ce qu’ils peuvent les hommes ! ». Pour le meilleur et pour le pire.

jerome60
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le 14 déc. 2016

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