Quand c'est raté, c'est raté. On se demande ce qui est le plus mauvais, de ce scénario qui aligne sans désemparer les interventions sanglantes d'espions de diverses origines, de l'invraisemblance assez poussée de l'enjeu constitué par l'enfant qu'on traque, de la vision uchronique d'un camp occidental annihilé (même Israël y est passé), laissant le monde préparer la guerre finale entre les deux grands fascismes restants : le "califat" (Empire totalitaire musulman visiblement sunnite - pas un mot sur ce qu'il est advenu des chiites), et les Chinois, arrogamment perchés sur leur puissance militaire et leurs ressources économiques.

Si un tel cauchemar survenait, et qu'il me faille choisir entre le Parti Communiste Chinois, et le IIIe Reich Al-Qaïdesque, je soutiendrais les Chinois sans hésitation. Ce n'est même pas un choix, d'ailleurs.

Malgré le ratage notable de la métaphore relative au jeu d'échecs entre Arabes et Chinois (premier tome), celle-ci persiste et signe dans ce deuxième (et, heureusement, dernier) volume, jetant une lumière encore plus crue sur le décalage entre la symbolique mondaine et feutrée d'un jeu d'échecs à l'échelle mondiale, et le côté piteux et lamentable de tous ces Tontons (et Tantines) flingueurs qui traquent un pauvre gosse improbablement porteur d'un truc que personne ne comprend vraiment, à moins de faire dans le féérique. Les histoires de signes tracés sur les corps auraient pu être intéressants dans un autre scénario, mais alors, là ... !

Même le dessinateur n'y croit plus. Son dessin, certes plat et peu embarrassé de nous offrir des contrastes lumineux linéaires assez secs, peut encore, au début, séduire par le réalisme des visages et le charme des orangés dans les scènes d'action; puis, à partir de la planche 30 environ, le dessin se fait plus négligé, le choix des postures et des cadrages plus discutables (voir la fusillade planche 46), jusqu'à évoquer les plus consternants des fumetti des années 1960-1970.

Pour finir, on sort de cette lecture déprimé : les nouveaux maîtres du monde sont encore pires que les anciens, et tout le monde court au suicide militaire avec empressement.

Rien à en tirer.
khorsabad
3
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le 21 nov. 2013

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khorsabad

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