Les Négriers - The Punisher (Max Comics), tome 7 par Wykydtron IV

J'avais pas lu de Punisher depuis un moment, mais je ne me doutais pas que ça faisait aussi longtemps : décembre 2011 ! Putain, qu'ai-je fait de ma vie pour ne pas avoir lu de Punisher depuis ?
Surtout ce tome-ci, "Les négriers" ?

Tout débute par une soirée comme les autres pour le Punisher, il descend une bande de dealers, sauf que son quotidien est rompu par l'intervention d'une femme venue tuer les mêmes personnes.
Il ne s'agit pas d'une tueuse, mais d'une victime, une fille d'un pays de l'est qu'on a forcé à se prostituer, et qui cherche à se venger.
Affecté par son histoire, Castle va s'occuper de ceux qui tiennent le bordel où elle était, mais les choses sont compliquées étant donné qu'il ne veut pas prendre le risque de tuer les prostituées.
Dans un même temps, un associé du dealer du début fait appel à un policier corrompu, qui parle à son supérieur du coup de boost que ça serait pour sa carrière de superviser l'arrestation du Punisher.
Voilà donc que les policiers qui jusque là fermaient les yeux sur les activités du vigilante se mettent à sa poursuite ; problématique, pour ce héros qui refuse de tuer les forces de l'ordre (même ceux aux activités répréhensibles, on l'a vu par le passé, toujours sous la plume de Garth Ennis).
Des policiers débarquent alors que Castle interroge deux clients du bordel, ce qui met au courant les proxénètes, qui déménagent du coup.
Castle retrouve leur piste quand il croise de nouveau le chemin de cette femme qui aidait les SDF dans le métro, dans l’album "Fratrie". Elle tient désormais des conférences sur les réseaux de prostitution, bien qu’elle avoue à Frank qu’elle se doit d’adoucir son discours, ne pas dire tout afin de ne pas trop effrayer les gens, sans quoi ils s’efforceraient d’éviter de penser à ce sujet. Elle évoque notamment l’implication des Etats-Unis, ainsi les "méchants" dans l’histoire ne sont pas simplement des exploitants venus d’Europe de l’est.
Cette femme se retrouve désabusée, malgré son travail pour sensibiliser les gens aux problèmes de la prostitution forcée, le monde continue d’être aussi moche, quoi qu’elle puisse faire. Le Punisher, en brisant la loi, a la possibilité d’agir davantage, mais le problème est le même pour lui : peu importe le nombre de criminels qu’il élimine au fil de ses aventures, le mal existera toujours en ce monde.
En tout cas le comic, par le biais de cette femme exploitée et dont la vie est foutue, ou de l’aide sociale qui fait ce qu’elle peut mais au champ d’action limité, nous sensibilise vraiment à un problème réel.
Entre le dernier Punisher que j’ai lu et celui-ci, j’ai lu La Pro et The boys, et je pense maintenant vraiment que Garth Ennis est un putain de génie.
Non seulement il prouve qu’il peut passer d’histoires comiques délirantes à des récits terriblement sombres traitant de réels problèmes (et ce au sein-même de sa série de Punisher, d’ailleurs ; et dire qu’il a aussi écrit des histoires avec des nains ou un poulpe géant), mais en plus l’intrigue dans cet album-ci est vraiment bien ficelée.

La narration du Punisher est très efficace, il commente les évènements avec un détachement tel que ça a un petit côté comique, et ça renforce encore une fois la froideur du personnage, qui parle avec beaucoup de pragmatisme alors qu’il s’apprête à faire un massacre.
Tandis que des hommes de main veulent violer la femme qui leur a tiré dessus, le Punisher se déplace vers eux en prenant son temps, faisant remarquer qu’il devait changer d’angle de visée, parce qu’avec telles munitions un tir depuis les hauteurs auraient risqué de traverser la peau des bad guys pour atteindre la victime, ou alors les rebonds sur les murs auraient pu la blesser aussi.
Il a le même détachement quand il constate qu’un des méchants prie, et quand il le tue.
Le personnage a toujours été dur et insensible, mais là on grince un peu des dents, quand on le voit menacé un pimp en plaçant une lame de couteau juste sous son œil, le faisant saigner un peu ; je suis habitué à voir les têtes exploser et les tripes jaillir, mais ça c’est nouveau.
Le plus génial (et le plus foutrement gore), c’est quand Castle a une idée pour faire parler un dure à cuire, après avoir consulté un livre sur l’anatomie en bibliothèque : le méchant se réveille les tripes à l’air, et Castle lui propose de le remettre en état s’il parle (mais il doit se décider vite).

Le dessin et les couleurs magnifient parfois la violence, comme dans ce combat entre policiers dans la partie 3, avec ses tons rouges, jaunes et mauves.
Pour chaque séquence ont été choisie quelques couleurs qui englobent tout, le décor et les personnages, ça crée une ambiance ; le procédé est très marqué, mais ce n’est pas dérangeant finalement.
Les dessins de Leandro Fernandez sont toujours à la hauteur. On remarquera que la dureté du visage du Punisher contraste avec la douceur des traits de la fille qui vient lui demander de l’aide. Et quant à certains méchants, leur visage a une laideur très esthétique.

"Les négriers" est sûrement le meilleur album du Punisher que j’ai lu jusque là. C’est violent, c’est très sombre, l’intrigue est complexe, les personnages (mêmes secondaires) ont une personnalité, et il y a un propos. Garth Ennis dévoile tout son génie. Et dire qu’au début, j’étais partagé, dans le premiers tomes je ne voyais pas ce que tout le monde trouvait de si bien dans le run d’Ennis, mais là on atteint des sommets.
Fry3000
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le 28 juil. 2013

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Wykydtron IV

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