Un jeune licencié en droit qui cherche à sortir de ses études pour arriver à tout, Gil Jourdan, fait s'évader malgré lui Libellule, maître ès perçage de coffre-fort que le monde entier nous envie mais humoriste que l'Histoire choisira d'oublier, au nez de l'infatigable Inspecteur moustachu Crouton, qui fatigue l'ensemble de ses collègues de la police. Le jeune Gil, fraîchement auto-constitué détective privé, souhaite, aidé de Libellule et de sa secrétaire Queue-de-cerise, mettre à jour et mettre à mort l'un des plus puissants trafics de popaïne au monde.
C'est avec ce synopsis improbable mais nourri des Fantômas, Arsène Lupin et autres bons polars jugés de gare, que s'ouvre avec fracas et sur les chapeaux de roues les aventures de Gil Jourdan.
De Marseille à l'Italie, en voiture comme en bateau, Maurice Tillieux fait voyager le frère cadet de son héros Félix, mi-Tintin mi-James Bond, en le faisant caqueter à la Audiard, frapper et se consterner à la Ventura, associant à la perfection humour et polar.
Chose inédite, cette première aventure est la mineure d'un diptyque et ne peut bien s'évaluer ou s'appréhender qu'à la lecture de Libellule s'évade et de Popaïne et vieux tableaux ensemble. Plus mouvementé et plus routard que le dernier, Libellule s'évade cultive déjà les bons gags et les belles saillies dignes de la trilogie des Malfaisants, Audiard et Tillieux ayant fait oeuvre concomittamment.
On a beau dire, quand on voit les films de l'un, quand on lit les oeuvres de l'autres, et qu'on s'aperçoit qu'elles sont nées quasiment en même temps, force est d'admettre que les grands esprits se rencontrent !