Mac Steel
Mac Steel

BD de Marco (2006)

Si j’apprécie les documentaires sur Arte régulièrement consacrés à telle personnalité, je ne peux pas m’empêcher de remarquer que trop d’entre eux adoptent la même forme, seules les images et les textes changent. Un parcours chronologique, composé des gloires et des échecs pour captiver l’auditoire, des images d’archives pour compléter le propos et des proches ou spécialistes conviés à commenter la vie et l’oeuvre.


Une formule généralement efficace, bien rodée au fil des documentaristes impliqués. En 2006, Jean-Louis Marco propose cette bande-dessinée aux faux airs de documentaire, qui va narrer l’histoire, le parcours et la fin de Mac Steel, et c’est une « a real true Hollywood story », ou pas.


Jean-Louis Marco invente cet acteur, Mac Steel, qui parcourt le cinéma américain de la fin des années 1960 à celle des années 1990. Il est l’archétype du héros musclé, commençant sa carrière dans des films de série B, avec Tahor le fils des étoiles, évidente parodie spatiale, et des suites plus ou moins inspirées, ou avec le Justicier du Bronx, en 1978. A la Charles Bronson, avant que la suite ne parte dans un délire Mad Maxien, et autres films populaires.


L’album s’amuse ainsi avec ce cinéma de ces années là, de ces sous-entendus homo-érotiques ou de l’appât du gain des producteurs, celui interviewé s’en cache difficilement, malgré ses belles promesses d’amitié. Ces proches ont tous de belles paroles pour l’acteur, même si certains ont des positions ambiguës sur d’autres sujets. Mac Steel est ici le premier acteur à avoir une relation inter-raciale, ce que d’autres de ses amis poilus et virils n’apprécient guère. Il va aussi chercher à renouveler son jeu, à rechercher une plus grande respectabilité, obtenant un précieux Oscar pour Prison de chair, mélo larmoyant sur un homme condamné à rester alité, ne s’exprimant que par clins d’œils. Un film larmoyant, parait-il.


D’autant plus que derrière les belles paroles, les belles images et les belles récompenses, on devine assez aisément la personnalité de Mac Steel, grand loustic un peu bête, malgré tout sensible. Au fil de sa vie différentes crasses vont lui arriver, le plus souvent assez loufoques, mais parfois causées par ce grand ahuri, à l’image de cette relation peu orthodoxe dans ce film un peu trop nature. La poisse lui colle à lui peau. Et on ne peut que lui souffler "accroche toi bonhomme".


Pour cet album, Jean-Louis Marco quitte le trait un peu vif et anguleux qu’il avait sur Rosco le rouge pour un dessin plus rond et ample, où ses personnages ne semblent pas avoir inventé le fil à couper le beurre. Ses compositions alternent portraits figés des personnes interviewés, pour mieux s’amuser pendant les images de films ou d’archives.


Mac Steel est le héros américain typique, fier et faillible, juste un peu plus andouille. Ce documenteur dessiné s’amuse et amuse, de ce cinéma un peu bébête et parfois hypocrite, et de toutes ces personnes qui en font partie. L’hommage divertit, mais la parodie est légère, distrayante le temps de la lecture. Et pourtant on pressent qu’il aurait été possible de faire mieux. Peut-être que le ton feutré de ce documentaire bloque un peu le rire, là où le rire se glisse peut-être trop dans les allusions entre les cases, dans ce qui se comprend plutôt que ce qui nous est montré. Pourtant c’est quand Jean-Louis Marco surligne le pire qu’il est meilleur, quand il n’hésite pas à pousser un peu le bouchon.

SimplySmackkk
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le 3 juin 2021

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