J’avais été subjugué par le premier album de Chanouga. Son univers maritime et onirique m’avait beaucoup plus, soutenu par un graphisme personnel parfaitement adapté au sujet. Il revient cette fois avec une biographie sous forme de série, « Narcisse ». Prévue en trois tomes de 60 pages, elles font entre l’auteur dans un travail bien plus classique et réaliste. Le tout est publié chez Paquet.


Au rayon des constances, Chanouga reste dans l’univers de la mer. Il raconte l’histoire de Narcisse, un jeune garçon qui ressent l’appel de la mer. Contre l’avis de ses parents, il s’embarque comme mousse. Et de bateaux en bateaux, il finit par partir pour l’Australie. Mais c’est un naufrage qui l’attend…


Si la série doit avant tout parler de l’expérience de naufragé de Narcisse (vu les notes de fin d’ouvrage), ce premier tome s’attarde sur le personnage. Comment en est-il arrivé là, pourquoi veut-il naviguer… Tout cela est très classique et, honnêtement, peu passionnant. Tout va trop vite (ou pas assez, c’est selon) et la narration manque de fluidité. Quand on comprend à la fin du livre qu’on a affaire à une biographie, on comprend mieux le rythme un peu hâché du l’ouvrage. Chanouga manque un peu d’expérience pour le coup, n’arrivant pas à se détacher du sujet pour faire les coupes nécessaires dans la réalité ou, à l’inverse, pour broder et remplir les inconnues.


Malgré tout, l’histoire touche à la mer et cela ne laisse pas indifférent. Narcisse vieillit au long de l’ouvrage, devenant un jeune homme. Si les faits relatés sont suffisamment classiques, la montée en tension est réelle et la dernière partie, concernant le naufrage, ne laisse pas indifférent.


En revanche, le dessin de Chanouga, immédiatement reconnaissable, est une pure merveille. Même s’il est plus puissant dans les représentations abstraites et fantastiques que dans le réalisme pur, son trait non-encré est splendide et admirablement mis en couleur (avec un contraste de couleurs froides et chaudes maîtrisé). Certaines cases, certaines pages, sont particulièrement marquantes et nous laissent sans voix.


Ce « Narcisse », bien plus terre-à-terre que « De profundis », nous laisse un peu sur notre faim. On a l’impression d’une narration et d’un rythme mal maîtrisé. Un peu de concision d’un côté, afin de s’attarder sur certains points ailleurs aurait été les bienvenus. Reste un graphisme enivrants qui sait nous faire oublier, un peu, ces écueils.

belzaran
7
Écrit par

Créée

le 7 nov. 2015

Critique lue 125 fois

1 j'aime

belzaran

Écrit par

Critique lue 125 fois

1

Du même critique

Shangri-La
belzaran
5

Une critique du consumérisme caricaturale

« Shangri-La » avait marqué l’année 2016. L’album de Mathieu Bablet, lourd de ses 220 pages, proposait une couverture racée et intrigante et une science-fiction de qualité. Devant les promesses,...

le 13 déc. 2017

45 j'aime

2

Le Chemisier
belzaran
4

Quelle vacuité !

Avec le scandale de « Petit Paul » et ses accusations d’être un ouvrage pédopornographique, on aurait presque oublié qu’au même moment ou presque Bastien Vivès publiait « Le chemisier ». Ce roman...

le 22 févr. 2019

38 j'aime

L'Âge d'or, tome 2
belzaran
7

Une impression d'inachevé

Le premier tome de « L’âge d’or » avait impressionné par son dessin, notamment par ses grandes illustrations façon tapisseries médiévales. Racontant un récit initiatique somme toute classique, ce...

le 24 févr. 2021

23 j'aime

1