Parodie blagounesque.

Sortie en 2005, Menaces sur l'Empire était le premier épisode des Aventures de Philip et Francis. Série qui se proposait d'offrir au lecteur une parodie assumée et respectueuse de Blake et Mortimer par E.P Jacobs. Et c'est après six longues années, en 2011 que sort le second volume intitulé le Piège Machiavélique.
Philip, scientifique et inventeur du célèbre Espadon et Francis, capitaine membre du MI5, sont deux parfaits gentlemen anglais.
Même si Philip, imposant barbu roux, souffre d'un embonpoint de mauvaise graisse jaune sévèrement contrôlé par son majordome Nasir, et que Francis, grand blond à la moustache élégante rentre régulièrement chez sa moman, pour jouer dans sa chambre avec ses jouets.

Nos deux compères, dans Menaces sur l'Empire, sont confrontés à la machination du vil méchant Miloch visant à ébranler l'Empire britannique, par l'entremise des femmes, subitement prises d'une folie émancipatrice contre l'autorité légitime...celle des hommes.
Rendez-vous compte, le risque est inouï, le thé n'est plus servi à l'heure, les courses ne sont pas faites, le ménage s'entasse, les atteintes à la moralité deviennent légion, mais pire que tout certains toasts n'ont pas été servis à la bonne température : By Jove ! comme disait l'autre.
Dans le volume 2, le Piège Machiavélique, les phares de la civilisation britannique, sont propulsés par l'infâme vilain Miloch dans une dimension parallèle où tout est subtilement différent. Ils y rencontrent notamment leurs doubles dimensionnels, où Phiilp est un homme d'une obésité certaine, constructeur de maquette, et Francis un mauvais comédien d'un sous-feuilleton : Zorro contre les hommes-lézards. Mais les changements n'affectent pas seulement nos deux aventuriers, puisque les bus à impériales, ont ici trois étages, les taxis sont conduits par des aveugles revêches, les fameuses cabines téléphoniques rouges sont en fait des pissotières, et Miloch y est un premier ministre en passe d'épouser la reine Elisabeth... !

Vous l'avez surement compris, ces deux bandes-dessinées sont d'authentiques parodies/hommages qui ne se prennent pas vraiment au sérieux. Les deux compères Pierre Veys et Nicolas Barral avaient déjà travaillé ensemble sur la série Baker Street, là aussi un hommage parodique au plus grand des détectives Sherlock Holmes ; et pour illustrer le sérieux de leur travail, sachez que la très sérieuse Société de Sherlock Holmes de France, leur a décerné un prix pour leur série.
Sans pour autant faire du copier-coller de l'œuvre de Jacobs, Veys et Barral ont su respecter certains codes de l'original : l'agencement très classique des cases, la police d'écriture, les phylactères, les couvertures, tout en amenant une forme de fraicheur avec le style de dessin propre, loin de la ligne claire, tout en légèreté, et une histoire improbable mais jamais bavarde, bourrée de clins d'œil et d'un humour oscillant entre potache, cinglant, non-sens et absurde.
L'ensemble est souvent drôle, mais parfois un peu poussif, accusant une surcharge ou un gag quelque peu téléphoné. Mais nul doute que les faces d'ahuris de nos deux attachants idiots, réussiront quand même à vous arracher quelques sourires.