La beauté du simple.

Merci Zylberajch, ado gothique, traine son désœuvrement dans les rues de Berenne, ville de la Marne culminant à 9974 habitants. Après avoir tagué le mur d’un prof, Merci se retrouve contrainte par jugement à effectuer 150 heures de prestations éducatives au sein du conseil communale.

Merci est une bd qui fait un bien fou. C’est intelligent, drôle, poétique, animé par une troupe de personnages colorés qui tricotent des dialogues toujours stimulants et envolés. Le propos peut sembler naïf au premier abord mais il dévoile, au fil des pages, une profondeur et une tendresse immergées. Merci est une jeune fille curieuse, spontanée, à la recherche de cette première marche qui mène à la vie adulte. C’est grâce à la poésie qu’elle se révèlera à elle-même et aux autres ; grâce à l’aura de l’ancienne gloire local , le poète Cheneval, qu’elle fera aboutir son projet.

Épaulée par une tribu de seconds rôles tour à tour drôles ou émouvants, Merci rebondit sur ces différentes personnalités pour se construire et s’épanouir. Le plaisir de lecture est exacerbé par la qualité des textes, dialogues, poèmes et narration, Zidrou maîtrisant la langue entre délicatesse et finesse. Pas de bons sentiments, pas de pathos, des choses simples, des émotions qui bourgeonnent pour un bouquet naturel, une poignée de Pâquerettes sur fond de terroir. Merci résonne en nous car elle est authentique et nous renvoie à notre adolescence, assaisonnée de paradoxes, de romantisme et d’énergie.

Côté graphique, Arno Monin participe pleinement à cette immersion dans le naturel. Pas de tape à l’œil, pas de prétention, les courbes et les lignes s’unissent dans des teintes chaudes. Les couleurs invitent à la découverte et ne heurtent jamais le mauvais goût ou la facilité. Il se dégage de ces soixante-quatre pages un sentiment homogène, l’idée d’une recette simple mais parfaitement maîtrisée, sans errance ni tromperie.

Quant au titre, il ne pouvait aussi bien résumer le sentiment éprouvé en fin de lecture.