Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, tome 1 par LeSuricateMag

Tardi, le célèbre auteur de bande dessinée tel Adèle Blanc-Sec ne sort pas en cette fin d’année un nouveau tome de sa populaire héroïne. Il surprend tout le monde en finissant une énorme BD sur la Seconde Guerre Mondiale et plus précisément sur l’histoire de son père.

René Tardi, engagé en 1935 dans l’armée sentant un vent de guerre approché, est affecté à l’artillerie et vit la débacle française à l’intérieur de son char (on ne dit pas un tank !), seul avec son mécano. Affligé du manque de réalisme de ses officiers, il essaye de faire son boulot tant bien que mal avant de se faire capturer par l’armée allemande. Il est ensuite envoyé de convoi de train en camp de transit avant d'atterrir au Stalag IIB au fin fond de la Pologne. S’en suit les cinq longues années de quotidien d’un camp de prisonniers et les privations subies.

«Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB», c’est tout d’abord une affaire de famille. Tout a commencé dans les années 80 avant la mort de son père ou le jeune Jacques demande à son vieux de consigner par écrit tous ses souvenirs sur trois petits cahiers d’écolier. A la mort de René Tardi, l’auteur passe à autre chose jusqu’à aujourd’hui où le besoin de raconter cette histoire se fait sentir. Avec sa femme et son fils à la documentation et sa fille aux couleurs (primées à Angoulème), l’affaire reste familiale.

Après un long travail, le bébé est en fin de gestation et Tardi accouche d’un impressionnant ouvrage de 200 pages presque intégralement en noir et blanc avec tous les souvenirs de son père. Mais le fiston ne recule pas devant le parti pris et se met en scène, enfant, aux côté des pérégrinations de son père, n’hésitant pas à le critiquer et donner son avis.

L’histoire suit le parcours quotidien et peu palpitant d’un prisonnier de guerre. Ce qui pourtant n’enlève rien au côté passionnant de l’histoire et l’on se met à la place du jeune garçon et l’on est totalement impliqué dans l’histoire.

On retrouve tout, de la faim, terrible à la radio bricolée en secret pour capter la BBC jusqu’au comportement des gardiens, parfois sympathiques, souvent cruels.

Le dessin est documenté, le noir et blanc magnifique, l’histoire instructive et la sincérité de Jacques Tardi est communicative. Empaquetez vos affaires, montez dans le char (on ne dit pas tank !) et partez à la guerre dans le dernier hommage touchant d’un fils à son père.

Une question nous reste sur les lèvres, la dernière page tournée : quand arrive la suite ?

Loïc Smars
LeSuricateMag
10
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le 2 janv. 2013

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