Le chef d'œuvre du récit dessiné! (comprendre par là et la BD et le manga)

J'ai découvert le manga l'automne passé (qq mois après le film qui était immédiatement devenu mon préféré de Myazaki). Complètement envoûté, je me suis forcé à n'en lire qu'un volume par soir, et par chance, il manquait le tome 7 quand j'ai acheté l'œuvre, j'ai donc eu une pause de deux semaines bienvenues avant de me plonger dans l'ultime opus qui fait passer l'œuvre d'une histoire passionnante et merveilleuse à un chef-d'œuvre de littérature métaphysique et dramatique. Tout ce qui s'était mis en place devient pure incandescance. Les scènes de la fin de Yupa, de la relation entre Nausicaä et Ôma (notamment le dernier face à face, une des plus belles suites d'image que je connaisse: la petite jeune fille vis-à-vis du monstre géant mourant et néanmoins son fils…), les dialogues avec le gardien du jardin et le Tombeau, l'armée des Maîtres Vers, la présence télépathique de Selm, et cette nouvelle Nausicaä désarmée et masquée (à cause des cendres dûes aux explosions pseudo-atomiques, mais ce visage voilé achève de donner au personnage son caractère messianique).
Si les discours métaphysiques sont passionnants, l'univers mis en place sur 7 volumes est tellement riche et complexe qu'il dépasse toute tentative de rationalisation par le discours, comme c'est le cas dans toutes les grandes œuvres d'art. Cet aspect me rappelle les grandes œuvres de Dostoïevski. Le passage par le dessin ajoute un degré supplémentaire d'éloignement du riche discours rationnel fort bienvenu. Ce qui passe par les jeux de regards, les attitudes, les mises en perspective de personnages (celle déjà citée de Nausicaä et Ôma ou celle de la même en face de l'empereur Namuris, par ex.) ou de planches sur une page (la construction dramatique des pages du manga me semble indépassable, équivalent les plus belles réalisations dans ce domaine en Occident (La Tour, certaines pages de Thorgal…).
C'est un des univers dont il m'a été le plus difficile de me détacher (de nouveau avec Dostoïevski).
Heureusement on s'y replonge quand on veut.
L'anime est forcément beaucoup moins riche (réalisé d'ailleurs pendant le début de l'œuvre, avant que ses aspects métaphysiques ne se déploient). Il y manque évidemment le côté apocalyptique de l'arme bactériologique qu'est le fongus, toute la richesse du peuple dork et ce que j'ai déjà décrit du 7e tome, mais il est néanmoins formidable (soutenu par une musique merveilleuse, qu'il faudrait écouter pendant qu'on lit le manga).

Bref, pour moi, un des grands chef-d'œuvres narratif de l'histoire universelle, qui tient sa place face aux tragédies grecques, à la Bible, au Mahhabharata, aux drames shakespeariens, aux fresques de Dostoïevski et de Hermann Hesse, etc.
a_traube
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le 31 mai 2014

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