Nausicaä de la vallée du vent, tome 1 par Jérôme Henssien

J'ai peur de me lancer dans une critique alors que je sais pertinemment que je ne vais faire que répéter ce que d'autres ont déjà dit avant moi, mais quand il s'agit du chef d’œuvre de Miyazaki, je me sens l'obligation d'apporter ma voix.

Par où dois-je commencer mon éloge ? Là est la question, car j'ai beau tenter de rendre ma critique neutre, je n'arrive pas à trouver de point négatif à cette fantastique épopée aux aires d’Odyssée grecque.

Alors qu'aujourd'hui on nous pond des mangas fleuves qui n'en finissent plus, Miyazaki réalise son œuvre la plus complète en quelques 700 pages; il lui faudra cependant 12 ans pour la finir. 12 ans. 12 ans pendant lesquels il va faire évoluer Nausicaä dans un univers fantastique et condamné par la folie des Hommes. En effet, on découvre au fur et à mesure des tomes un monde envahi par une forêt toxique qui gagne inexorablement du terrain sur les royaumes humains. Mais ce manga n'est pas uniquement une prise de position écologique du maître de l'animation japonais, axe beaucoup trop développé à mon sens dans le film éponyme. - Oui je sais je vais être l'énième personne se plaignant de la réduction du scénario dans le film; cependant je serais hypocrite en disant n'avoir pas apprécié la production cinématographique, car je l'ai découverte avant le manga et déjà je me rendais compte du potentiel scénaristique que véhiculait Nausicaä de la Vallée du Vent. -

Le manga donc, n'est pas uniquement porteur d'un message profondément écologique (Les insectes et la Nature plus globalement sont craints par les Humains et la relation dominant/dominé est loin d'être celle que l'on pourrait escompter), il critique également l'Homme qui bien que faisant partie d'une civilisation, est redevenu à l'état naturel, est redevenu un loup pour l'Homme. Les Tolmèques tout autant que les Dorks commettent pillages, massacres, sèment la destruction et le désespoir. Les grands dirigeants complotent entre eux, à l'images de la famille royales tolmèque: l'Empereur Vu à rendu sa femme folle, ses trois fils tendent une embuscade à la Princesse Kushana, leur sœur, pour s'en débarrasser. Il n'y a aucune complaisance dans la vision de l'humanité que nous propose Miyazaki : le désir de domination, l'avidité et la jouissance du pouvoir constituent une spirale qui mène droit au néant.

Ce qui nous permet de supporter ce monde de désespoir, ces personnages avides, c'est Nausicaä. Un îlot de bonté dans un océan de haine. Nausicaä a été imaginée par Miyazaki de façon a être parfaite, et elle l'est. Mais à mon humble avis, elle n'incarne pas la perfection comme on pourrait l'imaginer habituellement: omnipotence, omniscience, et autres pouvoirs rendant le personnages totalement irréaliste. Non, j'ai la profonde conviction que je POURRAIS être comme elle, mais que je ne serais jamais. Nausicaä est jeune et jolie, est aimée de son peuple, est de sang royal; sur ces points-là c'est assez commun pour une héroïne idéalisée. Là où elle devient extraordinaire au sens premier du terme, c'est qu'elle n'a aucun préjugé sur le monde, elle n'a aucune haine (C'est le soldat qu'elle tue au début qui la fait selon moi changer), elle aime tout autant les insectes que son peuple. A plusieurs reprises elle tend la main à ses adversaires voulant sa mort alors qu'elle pourrait facilement en venir à bout. Elle devient au fur et à mesure des tomes le trait d'union entre tous les peuples; elle a le destin du monde entre ses mains. Même si au final la guerre se finit faute de combattants (Quel cynisme de la part de Miyazaki !), à aucun moment sa volonté ne vacille et toujours elle tente d’œuvrer pour la paix. C'est en cela qu'elle est "parfaite", et cette perfection bien qu'hypothétiquement atteignable, nous est inaccessible par notre nature-même d'Hommes, nos préjugés, nos coutumes.

Il serait ridicule de prétendre que moi, jeune lecteur de 17 ans, je n'aie saisi qu'un quart du sens de cette œuvre, mais je suis ressorti changé de ma lecture. En effet, Miyazaki prend un malin plaisir à faire évoluer les personnages qui subissent l'influence bénéfique de Nausicaä: ainsi on retrouve une parcelle de bonté même chez l'être le plus antipathique auquel nous puissions avoir à faire. Cette parcelle que Nausicaä sait détecter sans effort et qui nous échappe. Après ma lecture, j'étais presque honteux d'avoir désiré la mort d'un personnage que la princesse a épargné, et j'en ai tiré une leçon: personne n'est totalement blanc ou totalement noir. Il y a du bon et du mauvais en chacun de nous, il faut savoir déceler le bon et faire avec le mal.

Je ne peux que finir ma première critique (confuse, désordonnée et un peu rapide) sur ce site en vous conseillant de lire ce monument de la BD et la culture japonaise qu'est cette série !
Jérôme_Henssien
10

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le 31 mai 2014

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