Ce tome est le premier d'une nouvelle série, mais fait suite à House of X/Powers of X (2019) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il contient les épisodes 1, 2, 5 et 7, initialement parus en 2020, écrits par Jonathan Hickman, dessinés, encrés et mis en couleurs par Rod Reis, avec un design de la série réalisé par Tom Muller. Les couvertures originales ont été réalisées par Reis. Le recueil contient également les couvertures variantes réalisées par Stanley (Artgerm) Lau, Arthur Adams (*2), Nick Bradshaw, Javier Garrón, Bob McLeod, Tom Muller, Giuseppe Camuncoli.


Rahne Sinclair se plait bien sur Krakoa et en apprécie le calme. Elle a retrouvé Shan McCoy et papote avec elle. Plusieurs autres jeunes mutants sont également présents : Danielle Moonstar, Roberto da Costa, Douglas Ramsey, Illyana Rasputin, Mondo, Jonothon Evan Starsmore. Ramsey s'entretient avec Mondo pour savoir si celui-ci a réussi à entrer en contact avec l'intelligence de Krakoa, car il souhaite communiquer avec elle, en mettant à profit sa capacité de communication de mutant, de déchiffrer les langages. La conscience de Krakoa finit par se manifester pour un bref instant de communication. Ailleurs sur l'île dans l'habitat Akademos, Danielle et Roberto papotent faisant le constat que la sixième génération de mutants est advenue, en même temps que la formation d'une réelle communauté, considérant tout le chemin parcouru depuis l'apparition d'Apocalypse, puis de Charles Xavier et Max Eisenhardt, et tout ce qui s'en est suivi. Ils estiment que finalement les choses ont bien tourné. Ils pénètrent dans un bâtiment où ils sont accueillis par Jono Starsmore (Chamber) qui leur annonce que Synch et Monet ont réussi à convaincre Fauna (Desmond Ochoa-Diaz) de faire pousser de quoi préparer un café, et le résultat dégage une odeur des plus alléchantes. D'ailleurs Illyana s'en est approprié une cafetière pour son usage personnel exclusif.


Après avoir été rejoint par Douglas Ramsey et Mondo, et avoir papoté, Roberto da Costa propose à Danielle d'aller faire un tour. Il réussit à convaincre Corsair (Chris Summers) de les emmener à bord du vaisseau des Starjammers pour aller rendre visite à Sam Guthrie qui se trouve dans la galaxie Shi'ar. À bord l'équipage se compose de Corsair, Hepzibah, Ch'od et Raza Longknife. Dans une salle du vaisseau, Douglas et Mondo trouvent la serre qui abrite un portail de Krakoa. Ils s'apprêtent à planter une autre fleur de l'île, mais Raza intervient en leur faisant observer que la porte s'est développée aux dépens des autres plantations. Douglas trouve une solution originale pour préserver la fleur qu'il voulait mettre en terre. Plusieurs jours plus tard, pour tromper l'ennui, Illyana se bat en duel à l'épée contre Raza, les autres (Dani, Chris, Roberto, Jono, Shan, Hepzibah, Rahne) regardent le spectacle, comme une distraction, certains commençant à parier sur le vainqueur. En particulier Roberto espère bien gagner la réserve de bourbon de Chris. Le vaisseau finit par s'arrimer à la station spatiale Benevolence, servant d'entrepôt pour des matériaux ou des objets jugés trop dangereux pour être conservés sur une planète habitée. Corsair explique que lui et son équipe vont voler un objet de valeur appelé King Egg.


L'objectif de House of X / Power of X était de pouvoir mettre en place un nouveau paradigme pour les mutants, et de lancer ensuite plusieurs séries afin de mettre à profit cette nouvelle dynamique. C'est ainsi qu'ont débuté X-Men (Hickman & Leinil Yu), Marauders (Duggan & Lolli), Fallen Angels (Hill & Kudranski), Excalibur (Howard & To), X-Force (Percy & Cassara) et enfin New Mutants. S'il a apprécié HOX/POX, le lecteur sait qu'il ne résistera pas à l'envie de découvrir les nouvelles séries écrites par le même scénariste : X-Men et celle-ci. En fait, Jonathan Hickman n'a écrit qu'une seule histoire pour les nouveaux mutants, et dans épisodes non consécutifs : contre toute attente, l'éditeur Marvel a fait l'effort de les réunir ensemble plutôt que de publier un premier tome avec les épisodes 1 à 6, en mélangeant les épisodes d'Hickman avec ceux d'Ed Brisson. La dynamique de la série, ou au moins de cette histoire est claire : partir dans l'espace pour retrouver un coéquipier et lui annoncer la bonne nouvelle : la création de la communauté de Krakoa. À la fin du premier épisode, le lecteur comprend que le scénariste raconte une histoire de divertissement qui n'est pas à prendre au sérieux. Les nouveaux mutants s'offrent une virée dans l'espace, se portent au secours de la veuve et de l'orphelin alors que Corsair leur avait bien dit de rester dans le vaisseau. Les Starjammers n'ont aucune intention de se frotter à l'autorité de l'empire Shi'ar, et ils plantent les nouveaux mutants sur cette station spatiale, encerclés par les policiers, et accusés de vol (celui commis par les Starjammers). Bonne chance à eux.


S'il a déjà connu une itération précédente des nouveaux mutants, le lecteur ne peut pas s'empêcher de remarquer que l'apparence des dessins Rod Reis fait penser à celle de Bill Sienkiewicz (épisodes 18 à 31, 35 à 38), artiste ayant marqué cette série avec des pages expressionnistes totalement originales à l'époque, voir New Mutants Epic Collection: The Demon Bear Saga. En particulier, il relève des clins d'œil comme la mine un peu bravache d'Illyana, quelques onomatopées inscrites à l'encre, des expressions de visage intenses soulignées à l'encre, etc. L'artiste reproduit quelques-unes des innovations graphiques mises en œuvre par Sienkiewicz, sous la forme de citation, sans les systématiser, sans tomber dans le plagiat. Le lecteur se dit également que Reis réalise des effets de couleurs qui évoquent aussi le travail de Sienkiewcz. Il lui faut un peu de temps pour se souvenir qu'il a développé lesdits effets ultérieurement à son passage sur les New Mutants car il n'en réalisait par la mise en couleurs. Il peut donc se produire un effet nostalgique pour le lecteur ayant lu la première série des New Mutants, même s'il s'agit en fait plus d'un effet nostalgique des pages de Sienkiewicz réalisées après. En outre, ce n'est pas de l'imitation. Les auteurs ne refont pas les débuts des nouveaux mutants : certes il y a la plupart des personnages emblématiques de cette époque (Mirage, Karma, Sunspot, Wolfsbane, Cypher, Magik), mais il en manque (Cannonball, Magma) et il y en a plus (Mondo, Chamber).


Rod Reis réalise ses planches à l'infographie, sous une forme qui évoque essentiellement la peinture directe, seules les silhouettes des personnages étant détourées d'un trait encré. Cela produit une impression très particulière : un mélange d'éléments représentés en peinture, et avec quelques parties détourées. Il est donc le seul maître à bord puisqu'il réalise les dessins et la mise en couleurs, ce qui donne une apparence très intégrée aux dessins, les couleurs apportant plus d'informations visuelles que les traits encrés. Cela permet à l'artiste de passer d'un mode représentatif pour les décors à un mode oscillant entre impressionnisme et expressionnisme, en fonction de la séquence, et de masquer discrètement les moments où il s'affranchit de représenter les arrière-plans. Cela lui permet également de jouer sur les éclairages pour compléter ses dessins, et donner l'impression de la verdure de Krakoa, de l'obscurité de l'espace, des éclairages artificiels du poste de pilotage du vaisseau ou des corridors de la station spatiale, ou encore de la lumière bleutée des hologrammes de communication. Le lecteur constate vite également que l'artiste ne se cache pas derrière les effets infographiques et que ses dessins présentent une bonne densité d'informations visuelles. En particulier, il représente les particularités de chaque personnage et de leur costume de manière précise, permettant une identification immédiate pour les 8 nouveaux mutants, les 4 Starjammers, la demi-douzaine de membres de la Garde Impérial, les 10 membres du commando de la mort Shi'ar (Shell, Sega, Warshot, Hypernova, D'Evo, Colony, Black Cloak, Offset, Flaw, Krait) et encore une bonne demi-douzaine de personnages secondaires (dont le très savoureux Murd Blurdock du cabinet d'avocats Flerson & Blurdock), soit une très grande distribution. Le lecteur savoure donc ce spectacle coloré, même s'il note que Reis fatigue un peu dans l'épisode 7, avec un plus grand recours à l'encrage, et des fonds de cases plus communs.


Jonathan Hickman donne l'impression de bien s'amuser, et de s'en tenir à un scénario linéaire accessible à tout le monde, plus savoureux pour un lecteur habitué des X-Men. Il met en scène Roberto da Costa comme un jeune homme confiant en lui-même, pas tout à fait imbu de sa personne (non sans raison) mais presque, pour une aventure dans l'espace. Il met en scène les éléments attendus de l'empire Shi'ar, de son impératrice Xandra Neramani à la méchante tante (Cal'syee Neramani), en passant par Gladiator (Kallark) et la garde impériale, enchaînant un complot de petite envergure au vol du King Egg. Le ton est décontracté grâce aux commentaires de Roberto, et le lecteur comprend bien que l'enjeu est très relatif. Pour autant, le scénariste fait plus que le minimum syndical en créant de nouveaux personnages (le commando de la mort) et en rédigeant des fiches consistantes sur la station spatiale Benevolence, le cabinet Frelson and Blurdock (avec une consonance faisant penser à Nelson & Murdock), les conseillers impériaux Shi'ar, les commandos de la mort, et des règles du jeu de combat (une pirouette comique en plein affrontement physique).


Ce premier tome des Nouveaux Mutants post HOX/POX s'avère une bonne surprise divertissante, à la fois pour sa mission dynamique, les interactions entre les personnages, la narration visuelle colorée et sophistiquée, et l'entrain amusé de Roberto da Costa. Ce n'est pas une aventure inoubliable, mais cela montre une facette rarement apparente de l'écriture de Jonathan Hickman, accessible, tout en développant des nouveautés et des concepts enrichissant la mythologie de la série. Un prologue décontracté à la nouvelle série, avant de passer aux choses sérieuses avec Ed Brisson.

Presence
8
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le 8 mai 2022

Critique lue 43 fois

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