Un début audacieux qui met mal à l'aise pour une série qui finalement monte en puissance rapidement

New Super-man est un titre qui en laissera plus d'un sur la carreau s'il ne vont pas au bout du premier volume.


Pour l'instant, si une famille peut semble particulièrement réussie dans le Relaunch appelé Rebirth de DC Comics, c'est bien la sup'family selon moi. Les deux séries consacrés directement à l'homme d'acier fonctionnent vraiment très bien et j'avoue un énorme coup de coeur quant à la série Superman, la série Superwoman commence sur des chapeaux de roue ! Et si je n'ai pas encore commencé la série Super Sons, l'introduction du duo dans le second tome de Superman laisse présager une réussite. Le début du premier Volume de Trinity dont l'intrigue reste centrée sur Superman, du moins pour le début, est sympathique dans le fond et visuellement très bonne. Sur Supergirl, je ne peux encore donner mon avis. Bref, tous ces signes pourraient pousser bien des gens, ce fut mon cas, à se lancer dans ce New-Superman, une idée audacieuse puisqu'il s'agit de présenter une version chinoise du héros.


Disons-le tout de suite, l'ambiance est totalement différente de celle présente dans les autres séries gravitant autour de Superman, totalement différente même de toutes les séries DC du Rebirth a priori. Et il faut l'avouer très désarçonnant. Cette série se révèle très ambivalente et toujours plus étonnante au fur et à mesure du récit. C'est une véritable prise de risque, puisque le récit ne cessera par la suite de prendre à contre-pied le lecteur et de remettre en cause petit à petit toutes les impressions faites au lecteurs. Un risque peut-être trop considérable puisqu'il dégoutera rapidement certains lecteurs un peu curieux. Ne liront finalement plus que les tous premiers numéros que les complétionnistes DC comme moi.
C'est bien les débuts de la série qui sont de loin les plus perturbants nous présentant un héros des moins sympathiques. La présentation du héros passe par une scène de racket dans laquelle il ne joue pas le rôle de la victime mais celui du bourreau. Et il ne s'agit pas ici d'un fascinant bourreau impitoyable, non mais de l'égocentrique et inconsciente cruauté adolescente dans toute sa splendeur, rendant le personnage pitoyable, ce qui est pire durant la lecture qu'un personnage détestable mais fascinant.
En poursuivant sa victime, il finit par le retrouver en train de se faire Kidnapper par un super-vilain. Au lieu de fuir, il est dans un premier temps paralysé par la situation surprenante. Puis comme pour justifier sa paralysie plus que dans l'idée d'aider, il jette une canette sur le super-vilain qui relâche l'enfant et prend la fuite. Oui, oui.... C'est là encore, un point sur lequel, j'ai eu beaucoup de mal. Cette scène est bien entendu ridicule et n'a aucun sens. La série semble vouloir faire preuve d'humour en n'accordant aucun sérieux aux événements. Les super-vilains sont ridicules et pas effrayants pour un sou, fuyant pour s'être pris sans grande violence d'ailleurs, une canette sur le visage...
Interviewé juste après par une journaliste de passage, une autre tentative d'humour m'a mis très mal à l'aise. Le héros mentionne à plusieurs reprises la victime qu'il a "sauvée" par le surnom insultant dont il use au quotidien "Gras-du-bide", enfin ça c'est ma traduction personnelle de son surnom, en anglais "Fat-man", le héros tente de se reprendre chaque fois assez rapidement mais commet l'erreur à plusieurs reprises. Il y a clairement là une tentative d'humour en mettant en scène le caractère inapproprié d'un personnage insultant celui dont il est censé être le sauveur. Certes c'est en partie la bêtise du héros qui est moqué, malgré tout, puisqu'il ne ressent aucune culpabilité et que ces lapsus ne sont finalement compris que par le lecteur, il n'en subit aucune conséquence. Donc, on est quand même bien censé finir par rire du fait qu'un enfant enrobé est affublé d'un terrible et vicieux surnom. Je suis loin d'être contre l'humour noir provocant. Au contraire même, celui finalement repose en réalité principalement sur la reconnaissance du caractère choquant, inapproprié. Si cela peut faire rire, c'est qu'il est scandaleux d'appeler ainsi quelqu'un, et que donc, on ne le ferait pas publiquement en toute décence. Le problème, c'est qu'ici, on a affaire à un humour involontaire du héros. Si c'était volontaire, cela perdrait d'ailleurs tout caractère comique et deviendrait juste cruel. Alors pourquoi mon malaise car cette touche provient d'un héros, non pas d'un vilain ridicule qu'on zappera. Il est très difficile à mon sens de se projeter dans le récit et d'imaginer vouloir suivre les aventures d'un tel personnage. La victime devient d'ailleurs aussi un admirateur reconnaissant envers ce bourreau. Outre le caractère trop soudain du changement, n'y a-t-il pas non plus ici quelque chose de quelque peu malsain ?


Et les autres personnages ne sont pas en reste. Le père semble un ridicule conspirationniste retrouvant sa bande de losers régulièrement et délaissant son fils. On apprend aussi qu'il est au courant que son fils brutalise l'enfant. Sa réaction là encore peut mettre mal à l'aise. Il le juge sévèrement, ce qui serait une bonne chose, s'il ne le dédaignait pas pour se contenter de le regarder avec mépris et de le cataloguer en tant que simple brute. Il semble presque oublier que c'est son fils et qu'il a des responsabilités envers celui-ci. Si on est du même avis que le père, on ne peut que le trouver antipathique de par son absence d'implication pour privilégier son petit club d'écrivaillons conspirationnistes. De plus, il semblable davantage méprisé les actions de son fils car il les considèrent comme une perte de temps irresponsable, qui pourraient même leur attirer des problèmes, la victime étant le fils d'un riche homme d'affaire.
Le but étant de donner quelques indices aux lecteurs quant à la suite des événements, cette scène permet malgré tout de considérer déjà la situation familiale de ce détestable héros comme désastreuse expliquant peut-être en partie qu'il se comporte comme un salaud. De plus, le père mentionne que le fils s'en prend à lui pour de mauvaises raisons, que cet enfant n'est pas responsable de ce que lui reproche le héros. Si tout cela reste très mystérieux, on commence à comprendre qu'il brutalise l'enfant car il reproche au père de celui-ci ce qu'il est arrivé à sa mère. Il y a donc une tragédie derrière tout ceci. La situation de Kenan, le héros, pourrait nous pousser à le trouver plus sympathique donc, entre une mère a priori morte et un père dur, mais au contraire un malaise s'installe. Il n'en reste pas moins que la réaction du jeune homme face à cette situation et de se venger sur un innocent bouc-émissaire...
Et le premier numéro n'a pas fini de nous surprendre, l'interview télévisée du héros provoque la décision de la part d'une personnage appartenant probablement à l'équivalent de la C.I.A en chine de choisir cet énergumène comme futur cobaye d'une expérience destinée à créer le futur Superman chinois. L'incohérence de cette scène m'a à nouveau choqué, quelle raison pourrait pousser le gouvernement à choisir le premier quidam venu apparaissant à la télé pour devenir potentiellement la plus grande arme du pays... Surtout que son interview laissait davantage paraître un adolescent plutôt stupide et ridicule, si les circonstances pouvaient être propices à un symbole, le personnage lui-même semble incompatible avec son incarnation.


Après l'expérience, le héros acquiert donc ses pouvoirs et agit en irresponsable, l'administratrice en charge de tout cela décide donc d'envoyer sa version de la Justice League l'attaquer. La dernière page se terminant donc par l'arrivé d'une version chinoise de Wonder Woman et de Batman. Les dessins basiques jusqu'ici semblent encore pire ici. Principalement le Batman ici présente qui semble une grossière et laide version du charismatique héros que l'on connaît. Tout est donc destiné à être ridicule dans cette série ?


Si je me suis autant attardé sur ce premier numéro, c'est dans l'espoir de bien faire comprendre tout ce qui pourra choquer et faire craindre le pire au lecteur quant à cette nouvelle série. Beaucoup d'éléments négatifs semblent s'accumuler et entraîner cette série sur une pente désastreuse. Pourtant, c'est à partir de là que la série au cours des cinq prochains numéros déconstruira petit à petit tous ces éléments pour nous ancrer dans une série, original pour DC, mais qui m'a évoqué toujours davantage une autre série de comics à succès, Invincible, série de Kirkman auteur de The Walkind Dead. Alors tout ne se fait pas d'un coup et je reste dubitatif à la fin du second numéros. Pourtant dès celui-ci des éléments viennent rendre le personnage plus attachant, notamment une scène de Flashback dévoilant le héros, pleurer alors que très jeune, il apprend la mort de sa mère. Si cela avait été suggéré précédemment, sans forcément attirer la sympathie du lecteur, cette fois on plaint si ce n'est le héros, le garçon qu'il fut à cet instant. De plus, on perçoit malgré tout chez le héros, une certaine bienveillance. S'il est nonchalant et égocentrique, il ne pourra s'empêcher de compatir au sort d'un enfant qui risque de perdre parent, comme lui. Il agira alors de manière héroïque. Le numéro 2 cependant ne cherche pas à établir un contraste aussi violent, puisque le numéro se terminera par la stupide révélation du héros de son identité à la télé pour pouvoir flirter avec la journaliste pour laquelle il eut le béguin dans le premier numéro. Le ridicule des autres personnages n'est pas non plus absent. La Wonder Woman chinoise semble caricaturale et sans charisme et le Bat-man chinois, une véritable parodie du chevalier noir. Cependant déjà la caricature à travers ses maintes références à celui-ci provoque quelques sourires, notamment lorsque celui-ci déclare de manière quelque peu ridicule et facile "I'm Bat-Man !!".
Et puis petit à petit toute l'intrigue se complexifie et quitte le manichéisme, le fameux groupe d'écrivaillons conspirationniste du père apparaît bien plus inquiétant et dangereux que prévu. On commence à comprendre qu'il ne s'agit pas juste d'un groupe de losers se réunissant vainement. La situation politique super-héroïque en chine semble aussi plus complexe puisqu'il semble exister un autre groupe de super-héros, "Les Dix Superbes" (ou en V.O "The Great Ten), opposé à ce nouveau projet gouvernemental. Certains vilains, notamment aperçus dans la prison secrète gouvernemental, apparaissent aussi bien plus inquiétants que les précédents.
Enfin, la Wonder Woman chinoise apparaît plus sympathique et vient même rendre le héros plus sympathique à travers une discussion, typiquement adolescente mais sincère. On aperçoit les bourgeons d'une amitié naissante. Une amitié adolescente et naïve certes mais qui rend les personnages plus sympathiques, plus fragiles. Le trio décide même de prendre quelques initiatives à l'insu de leur employeur gouvernemental. S'ensuit une rencontre et un combat contre des super-vilains, tentant d'enlever une personne, dont l'un au moins ne semble pas si cruel que prévu. On commence à percevoir que les gentils du gouvernement ne sont pas forcément si gentils et cachent un certain nombre de choses. Et au contraire, le groupe des vilains semble plus disparate et moins manichéen que prévu....
Petit à petit différents retournement de situations s'accumulent même et viennent complètement perturber le récit. Le héros lui-même devient véritablement sympathique, apparaissant davantage comme un naïf adolescent, impulsif et ne sachant pas toujours comment réagir. Le comics prend quelques libertés même avec le reste des séries DC autour de la famille Superman en liant les pouvoirs de Kenan à son état psychologique, ainsi ses pouvoirs apparaissent et disparaissent. Un léger manque de crédibilité quant au reste de l'univers et notamment aux autres "nouveaux superman" du Rebirth. Je reste dubitatif sur ce choix fondamentalement qui risque de pousser davantage le comics vers un récit structurellement plus typé asiatique, le héros devant apprendre les arts martiaux pour contrôler son chi et réussir à harmoniser son corps et esprit. Si je ne développe pas plus précisément les numéros suivants, c'est que la révélation de bons nombres d'événements pourraient gâcher la lecture ou du moins l'altérer de manière trop conséquente.


Ce qui est certain cependant, c'est qu'à la fin de ce tome la série a révélé ses nombreux partis-pris. Ayant un ton quelque peu adolescent à travers son héros et cette version chinoise de la Justice League, la série n'hésite pas pour autant à intégrer des éléments tragiques à son intrigue. Adolescents et naïfs certes, on finit cependant par vraiment s'attacher à ce trio de super-héros adolescents qui prend son indépendance. L'intrigue, elle-même, se complexifie et, petit à petit, intrigue réellement le lecteur ! Beaucoup de mystères restent en suspens, et on souhaite décortiquer petit à petit tous les machinations politiques à l'oeuvre. Les défauts du début se sont petit à petit transformer en qualités et les différents rebondissements donnent une logique à des événements qui semblaient pourtant incohérents, et ceux qui restaient difficilement crédibles, une piste semble suggéré une explication lors du cliffhanger final.
Une bonne surprise finalement que ce New Super-Man, une série vraiment à part dans l'univers DC, plus proche comme je l'ai déjà mentionné d'Invincible, une série qui elle-aussi pouvait semblait quelque peu basique lors de ces premiers numéros mais gagna très rapidement en intensité et en intérêt pour se révéler une alternative, pas si anodine, aux comics de super-héros DC et Marvel. Je crains cependant que l'idée de prendre à contre-pied le lecteur avec un premier numéro qui ne se révèle sympathique qu'a posteriori et n'est au moment de la lecture qu'une immense déception, soit une erreur qui ne pousse la série à tourner court, elle fut d'ailleurs parmi celle ayant pris fin au bout d'un an et demi d'existence en Mars 2018, après seulement dix-neuf numéros. J'espère tout de même que la série continue sur cette voie jusqu'à sa fin ! Une "série limitée" n'est pas en soi une mauvaise chose, surtout pour ce genre de série, bien qu'elle puisse révéler petit à petit un potentiel beaucoup plus large que prévue. Mais si la série garde le rythme de ce premier volume, elle peut dans les deux derniers volumes à paraître bien exploiter le potentiel de ce qui a été amorcé dans ce premier volume.

Vyty
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le 3 mars 2018

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