Magneto: trahison ou évolution du personnage?

Planet X, la presque conclusion de Morrison sur New x-men. Il restera un voyage dans le futur mais en soit, son run arrive à terme dès le présent arc, seule la question Sublime demeurant vaguement en suspens (bon je conseille néanmoins Here comes tomorrow pour sa richesse intrinsèque).


Le début de Planet X décoiffe. Après l'arc Assaut on Weapon Plus qu'on pensait à tort déconnecté de l'intrigue générale, Xorn tombe le masque comme le montre clairement l'illustration. Fini le gentil professeur bouddhiste partageant le rêve de Xavier, le terrible Magnéto revient sur le devant de la scène.
Et il a tout prévu, éliminant ses opposants un à un dans un rythme infernal qui accroche le lecteur. Magneto règne sur Manhattan, rebaptisé New Genosha, et son diktat va s'étendra à toute la planète une fois le champs magnétique des pôles inversé (très Morrison comme idée). Niveau action l'arc n'est pas le meilleur loin de là, Magneto blablatte beaucoup, les x-men lanceront une contre-offensive à la fin et l'histoire sera réglée. Par ailleurs, les dessins sont toujours aussi moches sur New x-men. Alors pourquoi Planet X doit être lu par un fan des mutants? Deux raisons:


1) la caractérisation de Magneto qui a très largement divisé, à tel point que Marvel a annulé celle-ci en prétendant à un imposteur,


2) la saga du phénix version Morrison (même si sa vision sur l'entité continue d'être racontée dans l'arc suivant)


Commençons par le plus simple à savoir ce second point. Morrison fait dans l'hommage/modernisation depuis le début. Il développe son intrigue sur Grey tout au long du run et enfin le moment est venu de libérer le phénix. Prisonniers de l'astéroïde M en dérive vers le soleil, Logan et Jean attendent leur mort, impuissant à l'empêcher tout comme à stopper Magneto qu'ils savent responsables de leur sort. Les deux vivront des dernières heures intimes, soudés face au cruel destin, jusqu'à un acte magnifique et tragique, qui fera inévitablement écho au final de "last stand" au cinéma. Le phénix est libéré par l'amour, par la mort, un mélange des deux et d'un brasier céleste, toujours est-il que l'entité cosmique prend le contrôle de la situation. A partir de ce moment, la chute de Magneto peut commencer.


Mais qu'a-t-il fait durant sa courte période au pouvoir (quelques jours seulement)? Retour au point numéro 1 du coup. C'est un Magneto âgé, très affligé par le poids des années que nous présente Morrison. Il compense ses lacunes par la prise régulière de kick, drogue extrêmement puissante mais également dangereuse. Très vite accro, il tarde à lancer sa grande opération d'inversion et se perd dans des discours dépassés. Trop de paroles, pas assez accessibles, il explique son plan tordu sans insuffler l'espoir. Ses démonstrations de pouvoirs ne comblent pas les pénuries en eau et en nourriture, pourtant Magneto ne fait rien. Il prend sa drogue et prétend se préparer, accumuler du pouvoir. Ses plus fidèles partisans doutent, que ce soit devant les chambres à crémation pour humains rappelant les camps nazis (Bec), devant son incapacité à se faire comprendre par la jeune génération, devant son inaction qui mène à une impasse (Esme). En figure du mal absolu, Magneto les tuera ou les blessera gravement. Nul bonté en lui, l'homme pris de scrupule devant le corps inerte de Kitty Pride sous Claremont n'existe plus.


Alors est-ce une trahison au Magneto nuancé initié par Claremont? Non, il s'agit de son évolution, de l'ultime modernisation apporté par Morrison. Le jeune Erik a connu les camps, c'était il y a un demi-siècle. Il est vieux maintenant, n'a jamais renié entièrement sa doctrine terroriste, et ses idées sont dépassées tandis que sa haine continue de le motiver. Que réclamaient les mutants du gang Omega? De la jeunesse, une pensée mutante libre, le droit de rêver, de développer une culture propre. Et Magneto, martyr de Genosha était un symbole pour cette génération. En revenant à la vie, en appliquant sa doctrine destructrice, terroriste, il montre qu'il est obsolète. Il ne reste qu'une épave incapable de répondre aux attentes du peuple mutant. C'est un vieux con comme tous les politiques le deviennent fatalement aux yeux des révolutionnaires, Morrison a osé. Marvel a pris peur, défait son travail, et ramené un Magneto typique, statique depuis 30 ans, qui ne cesse d'alterner des phases terroristes et d'autres plus libérales (aux côtés des x-men j'entends). Le cercle aurait dû s'arrêter ici, sur cette note discordante, sur ce drogué dépassé, ce visage carbonisé et cette décapitation sans pitié. Dommage...

WeaponX
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le 12 juil. 2016

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