Une très bonne histoire à la manière de Mark Millar & Bryan Hitch

Ce tome comprend les 4 épisodes de la minisérie du même nom, initialement parus en 2011/2012. Ils sont écrits par Jonathan Hickman, avec des dessins de Rafa Sandoval, et un encrage de Jordi Tarragona. La mise en couleurs a été réalisée par Brad Anderson. Au début des années 2010, l'éditeur Marvel essaye de redonner un peu de vie à l'univers Ultimate (Terre 1610), confiant plusieurs séries à Jonathan Hickman : celle-ci, Ultimate Comics Ultimates 1 et Ultimate Comics Thor. Cette histoire se déroule légèrement avant celle consacrée aux Ultimates version Hickman.


Une petite délégation (3 personnes) du SHIELD débarque à Bangkok, dans la filiale locale du SHIELD. Clint Barton (un agent du SHIELD, bras droit de Nick Fury) se fait connaître et contacte immédiatement Fury pour connaître la situation. La République du Sud-Ouest Asiatique (SEAR) a demandé de manière informelle l'aide du SHIELD pour calmer une révolte intérieure.


À peine Hawkeye a-t-il pris connaissance de la situation, que ce poste est attaqué par des individus dotés de superpouvoirs, leur intimant de quitter le sol de cette république. Il s'agit d'individus ayant bénéficié d'une augmentation de leur capacité, dans le cadre d'une opération secrète menée par le gouvernement de SEAR. Mais Hawkeye a ses ordres : une mission d'exfiltration et la récupération d'un produit.


Avant de se voir affecté sur l'univers Ultimate, Jonathan Hickman avait fait ses preuves sur la série Fantastic Four de l'univers partagé principal Marvel (Terre 616), à commencer par Dark Reign: Fantastic Four, réussissant l'exploit de lancer une série dérivée pérenne. Dès les premières pages, le lecteur est dans le grand bain.


Hickman entame son passage dans l'univers Ultimate, par une minisérie courte (4 épisodes), consacrée à un personnage secondaire de l'équipe Ultimates. Le lecteur est aux côtés de Clint Barton qui arrive à pied d'œuvre dès la première page. Il bénéficie du briefing de Nick Fury en même temps que lui, et il enchaîne immédiatement avec le premier affrontement physique. Hickman a retrouvé le sentiment d'urgence insufflé dans la première histoire par Mark Millar en 2002, voir The Ultimates.


Le récit est placé sous le signe de l'action, des relations internationales, et d'une forme d'espionnage de type James Bond (actions spectaculaires, technologie d'anticipation, mais pas de jolie espionne vénéneuse). Hickman apporte sa touche en ajoutant une couche d'anticipation faisant penser à du Warren Ellis, en moins noir. Il ne rechigne pas non plus à conserver les conventions propres aux récits de superhéros (beaucoup de personnages dotés de superpouvoirs), et il s'amuse à réutiliser des noms historiques de l'univers partagé Marvel 616 (Eternals, Celestials, Xorn, Zorn) en les attribuant à de nouvelles communautés.


Il s'en suite un récit placé sous le signe de l'action, riche en haut fait, avec une dimension superhéros aussi accentuée que les Ultimates d'origine (les superhéros européens ne font pas d'apparition, mais il y a leurs homologues asiatiques, générés dans un autre contexte). Hickman s'occupe également d'étoffer un peu le personnage de Clint Barton version Ultimate. Il n'y a pas à proprement parler d'épisode consacré à ses "origines secrètes", mais il évoque l'origine de sa relation avec Nick Fury, ainsi que la nature réelle de ses capacités. Ainsi le scénariste peut justifier que Barton utilise un arc et des flèches plutôt que des armes à feu plus sûres et plus puissantes, et que Clint Barton soit un agent spécial de premier rang du fait de ses capacités particulières. Comme il est de mise dans l'univers Ultimate, ces origines ne sont pas à base de supercriminels, mais à base d'anticipation.


Hickman s'attache également à rattacher quelques morceaux épars de la continuité. C'est ainsi qu'il fait apparaître Hulk pour une intervention musclée, et qu'il intègre l'équipe Ultimate X. Il profite donc de la liberté de mouvement relative dans cette réalité, pour en faire évoluer la configuration géopolitique, afin de préparer les histoires suivantes (dont celles des Ultimates).


Pour mettre en images cette mission rapide et militaire, Raffa Sandoval se calque, lui aussi, sur le modèle créé par Bryan Hitch pour les 2 premières saisons des Ultimates. Il réalise des images propres sur elles, bien détaillées, avec un soin particulier apporté à aux éléments technologiques, et à l'ambiance militaire. Sandoval n'est pas Bryan Hitch : ses pages n'ont pas l'envergure de celle d'Hitch, ni leur fourmillement de détails obsessionnels. En outre, l'encrage de Tarragona est très méticuleux, mais avec une légère propension à arrondir un peu les formes, amoindrissement un peu la sensation de danger.


Bien que Sandoval ne soit pas Hitch, ses scènes d'action sont très fluides, avec une bonne sensation de mouvement, et ses personnages portent la marque de la tension qui les habite, et de la pression qui pèse sur eux. Le lecteur ressent bien l'impression de se tenir aux côtés d'Hawkeye à chacune de ses interventions. Il a également le droit régulièrement à des images spectaculaires, comme l'exécution d'un cobaye humain, la double page consacrée à la cité de Heaven, le premier déchainement d'Hulk, ou encore la première apparition pleine page de Xorn.


Ce tome se termine avec la reproduction du script de Jonathan Hickman, pour le premier épisode de cette minisérie, agrémenté de quelques cases en noir & blanc, extraites du même épisode.


Avec cette histoire, Jonathan Hickman prouve qu'il est capable de réinsuffler de la vie dans les Ultimates, en se calquant sur le modèle établi par Mark Millar, et en y injectant sa propre sensibilité. De son côté, Rafa Sandoval prouve qu'il peut se couler dans le moule établi par Bryan Hitch, en restant un cran en dessous. Prise pour elle-même cette histoire constitue une aventure rapide et échevelée très divertissante. Elle marque le coup de surtout constituer un prologue pour la série Ultimates écrite par Hickman, développant une nouvelle situation géopolitique, exploitée dans Ultimates.

Presence
8
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le 2 avr. 2020

Critique lue 79 fois

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