Rêveur et bien sage à la fois

Olivier Rameau fait partie des séries créer par Greg quand devenu rédacteur en chef de Tintin il constate la nécessité d'en renouveler le contenu face à la concurrence de Spirou et Pilote.

Dans ce contexte la série Olivier Rameau obéie à la fois à une logique de diversification thématique d'un journal trop centré selon Greg sur les séries policières (la création de Luc Orient 1967 découle de la même démarche) et de proposer une série accessible au plus jeune lectorat.

« Olivier Rameau est né pour trois raisons : D'abord je voulais une série gentille de ce genre au sommaire de Tintin, ensuite parce que mes enfants enfants étaient encore très jeunes à l'époque ; et enfin parce que Dany avait lui même la tête que je voyais à Olivier Rameau »

Titre consultés: « la merveilleuse Odyssée d'Olivier Rameau et Colombe Tiredaile », « La bulle de Si-C'était-Vrai », « Le château des quatre lunes », « L'océan sans surface »

La série n'est cependant pas envisager comme une série uniquement destinée au jeune public comme en témoigne les références à la littérature et au cinéma féérique au premier rang desquelles « Alice » de Lewis Carroll et « Le magicien d'Oz ».

Éléments d'analyses :

OR se rattache au Philémon de Fred (1965 Pilote) et même si par delà le l'univers fantaisiste l'intrigue s'appuie sur une certaine rationalité le fond de la série repose sur le postulat que le bonheur, l'épanouissement de l'individu, ne peut se réaliser dans le monde réel et que le refuge dans l'imaginaire et le rêve.

Fonction chronique :

Le fuite d'Olivier et Mr Pertinent dans le monde imaginaire de Rêverose peut aussi se lire comme une critique du mode de vie moderne et standardisé urbain qui est ressenti comme aliénant.

Au début des années 70 le chanteur Carlos réalise un album de chanson retraçant la journée d'un clerc de notaire (« Une journée dans la vie de monsieur Chose »).

Cette série est à la fois traditionnelle et moderne :

Traditionnelle :

Remarquons que dans la forme conserve une très grande rationalité il n'y a peu de jeu signifiant/signifié :

– La mise en pages des cases reste d'une grande sagesse (les cases sont de formes carré ou rectangulaires exclusivement, il n'y a pas de doubles pages).

– La convention des cases n'est pas remise en question.

– Il n'y a pas de jeu sur le langage opérant sur un glissement signifiant / signifié.

– L'histoire correspond à une dramaturgie classique :

– l'album présente un début et une fin.

– Les héros sont mu par une intrigue classique (les héros doivent sauver le monde dont ils font partie).

– L'histoire met en scène un trio héroïque classique :

– Un héros de type jeune premier (Olivier)

– Un adjoint plus âgé (M. Pertinent)

– Un élément perturbateur occupé là par le personnage féminin Colombe.

– A ce trio s'adjoint le personnage du boxeur Kid cahot dont la force et la naïveté contraste avec l'astuce des héros.

Olivier et ses amis ne parle du monde réel dont ils se sont échappés que sous le vocable « le vrai monde où l'on s'ennuie ».

C'est un abandon de l'avenir promesse du modernisme.

Moderne :

On peut aussi remarquer la présence de la jolie blonde « Colombe Tiredaille » ce personnage incarne une certaine sensualité qui reste sage et enfantine dans les albums mais deviendra plus libertine en port folio phénomène que connaitra également « Natacha » (F Walthéry). A l'opposé de Philémon qui est dépourvu de personnage féminin.

L'invention de l'univers de Rêverose laisse sous entendre que le bonheur et l'épanouissement de l'individu ne peut se réaliser que dans le cadre d'une transgression des valeurs.