Un titre bien choisi

Paquet de merde est une BD autobiographique écrite par un énergumène nommé Pierre Paquet, qui est apparemment scénariste et éditeur. En couverture, le ton est déjà donné. Le personnage principal, Pierre Paquet lui-même, semble démuni et désemparé au milieu de toutes ces meufs bonnes en minijupe qui ne veulent qu'une chose : le choper. Une irruption immédiate dans les tourments de l'auteur, qui souffre de bien des problèmes, notamment du traumatisme de la mort de son chien quand il était enfant, et le fait que de trop de femmes très belles veulent coucher avec lui. Au milieu de cette cohue d'écervelées, il n'a qu'un seul véritable allié, un seul amour, une seule raison de vivre : son chien, Fiston.

Cette BD est un pur égo trip de la part du scénariste-éditeur, qui a pensé que l'intégralité de sa vie insignifiante valait la peine d'être éditée dans un tel pavé. Ca part dans tous les sens, de sorte qu'on ne sait pas bien de quoi ça parle. Il y a un grand moment de littérature où 5 pages entièrement dessinée raconte une blague sans intérêt faite par David, son pote gros (introduit par "Ah, David a peur de l'ascenseur, il fait bien car vu tout ce qu'il mange, un peu de sport ça lui fait pas de mal, LOL"), qui fait croire à Pierre qu'il appelle des putes. Il y a aussi une scène où Fiston (le chien, donc) lèche le trou de balle d'une meuf que Pierre était occupé à baiser (enfin, disons plutôt qu'il était occupé à être allongé sur son lit en pensant à quel point il est un mec au dessus du commun des mortels tandis que cette pauvre femme se contente elle même).

Le résumé promet de découvrir que les "motivations d'un entrepreneur sont parfois loin des clichés" : effectivement, la motivation de Pierre, ce grand entrepreneur, est... de rendre fier son chien. Je ne m'y serais pas forcément attendue, c'est le moins qu'on puisse dire.

Globalement, cette BD m'a donné envie d'écrire à l'auteur pour lui exprimer à quel point je trouve que c'est un être humain détestable qui transparaît dans son "oeuvre". Ca déborde de suffisance, de "ouin ouin, les gens nous prennent pour des méchants, nous, les éditeurs, alors qu'on est des gentils", et d'un complexe de supériorité insupportable.

Outre le fait que je déteste ce personnage, qui est en fait une vraie personne, les dialogues sont très mals écrits et ont pour objectif de mettre en valeur Pierre (même si de mon pdv, ça le fait passer pour un con, mais je l'imagine bien écrire ça la bite à la main). Les dessins sont corrects. Le découpage est pas dingue, parfois on comprends pas bien ce qu'il se passe, qui est le perso, où et quand on est.

Le coup de grâce est asséné par le mot de la fin. Il y a une photo de son chien et de lui même (où l'on peut constater qu'il a demandé au dessinateur d'arranger un peu son physique pour le charadesign...), et un petit texte. Il y explique que dans la vie, il y a deux types de personnes, les gens qui aiment les animaux, et ceux qui les aiment pas, et que lui même aime inconditionnellement les animaux, tous les animaux. C'est surement pour ça qu'il a abandonné son premier chien, et qu'il mange de la viande. Il n'y a dans la vie que peu de choses qui m'énervent autant que les gens qui s'énervent sur les connards qui font du mal aux animaux mais qui eux même mangent régulièrement des chicken nuggets. Je pense que ce mot de la fin réusme bien l'hypocrisie et la victimisation puante qui parcoure le bouquin. On sent également bien dans ce texte qu'il est le genre de personne à dire à une mère qui a perdu son enfant qu'il comprend sa douleur car lui même a perdu son chien.

Je conclurais en répétant que je déteste Pierre Paquet, et qu'il me donne envie d'être très méchante avec lui au point de le faire pleurer (ce qu'il n'a fait que 2 fois dans sa vie selon ses propres mots, quand ses chiens sont morts)