L'enfer de l'après-guerre
En 1919, après avoir passé 5 années ,au cours desquelles il n'a cessé de batailler, le soldat Felix Castelan revient enfin dans son village natal pour y retrouver son épouse et son fils qu'il n'a pas vu grandir. Les retrouvailles s’annonce néanmoins difficiles car Felix est une gueule cassée.
Aspirant à retrouver une vie civile calme et loin du tumulte des grandes villes, Felix tente, malgré la difficulté, de renouer avec ses proches et d'oublier les actes commis lors de la Grande Guerre. Malheureusement, la tache de Felix se montre de plus en plus délicate lorsque il se retrouve lié à une affaire sordide : un mystérieux maraudeur élimine les animaux domestique de la région un par un...et les balles sont allemandes.
«Pour un peu de bonheur» explore un facette sombre et méconnue de la première guerre mondiale : le retour à la maison des gueules cassées. Un gueule cassée, c'est un combattant de la première guerre mondiale ayant subi de profondes blessures physiques au niveau du visage, si bien que la réinsertion dans la vie de tout les jours s'avère extrêmement difficile.
Felix Castelan, le protagoniste principal de l'histoire, devenu un étranger parmi les siens, essaye par tout les moyens de surmonter son handicap et d'oublier les horreurs du champs de bataille.
Le scénario se focalise donc sur la persévérance et la volonté de Felix de recommencer une nouvelle vie sur des bases plus saines. En parallèle à la quête d’identité du héros, s'ajoute une enquête policière dirigée par un autre blessé du front. Les deux vont finalement se rejoindre pour apporter à l’œuvre un sujet important : la détresse psychologique.
Car, la guerre ne laisse pas indemne les personnes qui l'ont fréquenté.
Plus que sont handicap physique, Felix est également hanté par les images de ses amis morts au front, du bruit assourdissant des batteries d'artillerie et de l'odeur fétide des tranchées.
Tout tourne autour de cette acceptation ou non des images du passé : certains l'acceptent et décident de vivre avec, tandis que d'autre n'arrivent pas à s'en défaire et sont susceptibles de sombrer dans la folie.
Plus largement, « Pour un peu de bonheur » aborde la question du regard des autres et de soi-même face au handicap et à ce qui nous est étrange. Un thème intemporel qui, remis dans le contexte de la « der des ders » se montre probant.
La seule véritable erreur de l'auteur est de vouloir nous surprendre à travers un twist qui, bien que intelligent et véritablement surprenant, enlève un peu de l'impact émotionnel de l'histoire
Au niveau du dessin, le conventionnel et l'aspect réaliste de A.Dan se révèlent être de circonstance et se marient très bien avec le propos de l'intrigue. Les visages humains sont particulièrement réussis avec une identification facile des différents personnages et de leurs émotions. De nombreuses cases arrivent à exprimer toute l'amertume et la gravité de la situation sans avoir recours aux dialogues ou aux récitatifs envahissants. On peut néanmoins déplorer un cruel manque de détail au niveau du paysage.
« Pour un peu de bonheur » est une bonne bande-dessinée, certes ce n'est pas un chef d'œuvre mais les idées abordés et la narration avare en dialogue mais très cinématographique éclipsent rapidement le manque de profondeur des personnages secondaires et l'aspect trop « plat » du paysage. Une bonne BD sur les séquelles de la première guerre mondiale.
