Quand Trondheim dit qu'il ne savait pas dessiner à ses débuts, on ne peut qu'approuver. En tout cas, il ne fait pas beaucoup d'efforts dans Psychanalyse, son premier ouvrage publié, pour rendre un tant soit peu beau son dessin, même si ce n'est pas l'essentiel, car il s'agit d'un travail de type oubapien où la contrainte est justement de garder presque toujours le même dessin.

Si ça n'avait pas traîné dans la collection de mon beau-père, si j'avais seulement feuilleté quelques pages et surtout si ça n'avait pas été Trondheim, je n'aurais probablement jamais lu Psychanalyse, dégoûté à l'avance par un graphisme extrêmement laid. Cette bande dessinée est en effet composée de quatorze planches de vingt cases carrées chacune avec toujours le même personnage informe, dans la même position.

C'est un travail qui s'inscrit en effet dans le courant des expériences de l'Oubapo, même si celui-ci ne fut créé que deux ans plus tard, le dessin étant quasiment toujours même : le personnage ouvre plus ou moins la bouche, il y a d'infimes nuances au niveau des yeux, les principales différences au niveau des cases étant les bulles, de formes et de tailles variées, et bien sûr le texte, prononcé par le personnage ou son analyste.

Trondheim nous raconte ainsi, dans ce cadre, sept séances de psychanalyse qui se déroulent de manière pour le moins étonnante. Je ne suis pas particulièrement un défenseur de la psychanalyse, ni un opposant par ailleurs, mais il me semble que cette technique est plus que caricaturée dans cet ouvrage. L'analyste y utilise les associations d'idées ou le test de Rorschach, mais Trondheim ridiculise excessivement ces pratiques sans même être drôle. Une seule des séances trouve grâce mes yeux, celle où c'est le psy qui parle tout le temps au-lieu que ce soit le patient : sans être génial, c'est assez rigolo. Alors que les autres ne sont franchement pas terribles : Trondheim a fait mieux par la suite sur le plan de l'imagination.

Bref, cet opus, en plus d'être moche, n'est vraiment pas drôle ni intéressant en dépit du projet oubapien, et malgré une ou deux idées et un potentiel d'écriture qu'on commence à percevoir dans la toute dernière partie.
socrate
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le 26 mars 2012

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socrate

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