Je n'ai pas trouvé un titre adéquate, alors j'en soumets plusieurs. A moins que je ne les soumette à un vote puissant et massif afin d'élire une parole pleine de légitimité ! Bon bah, j'ai plusieurs hypothèses, tu me diras le langage qu'il convient, Claude.

◘ Héraclitoris

Bon, j'ai pensé à Héraclite qui sera une référence extrêmement estimable. Tu sais à quel point le P.M. est sensible à ce qu'on utilise le bon mot, la bonne image afin de faire briller son charisme de mille feux... Du lyrisme ! De la pédance ! Non, pas de la pédance... Surtout en ce moment, avec le débat sur le mariage gay, il ne faut pas cliver, il faut repousser les frontières, y compris de la conscience au coeur de la cité. C'est ça qu'il faut dire ! Il faut compiler les petites phrases afin de subjuguer le lectorat qui n'est pas habitué à lire de la politique en bédé ou... d'une manière qu'il serait indécent d'énoncer tant ce sont des objets triviaux, racoleurs et informes. Héraclite, c'est le clitoris du monde. Tout le monde l'envie. C'est le centre de tout qui insuffle au monde une nouvelle vision. Une vision qui repense tous les copiés-collés et les phrases toutes faites digndignes (dignes dingue donc) d'une adolescente phlébocidée. Il faut retravailler dans l'urgence, en reprenant tout de A à Zzzzzz, toute la pensée humaine depuis les premières écoles présocratiques, en passant par Mao, et en faire un fascicule de dix pages maximum, sinon les gens n'y comprennent rien. Les gens ce qu'ils veulent c'est une parole claire et une parole claire, il faut le dire absolument, c'est une parole sécure. Puisque la communauté internationale n'est pas capable, aussi immature soit-elle, de parer aux intérêts nationaux capitalistes engendrant l'insécurité, il faut intensifier l'infantilisation des concitoyens avec un langage approprié. C'est pourtant simple, non ? Tu me diras ce que tu en penseras, Claude. Je crains qu'un tel titre soit indigeste et partial. C'est pourquoi j'ai pensé à un titre d'un autre niveau ; j'ai pensé à...

◘ Qu'est-ce que l'animal politique ?

Parce qu'il ne faudrait pas que nos compatriotes nous prennent pour des pantins désincarnés, désarticulés, avec des ambitions démesurées et inconséquentes. Il faut retrouver le coeur pour le battre. L'incarner. C'est ce qui donnera du sens à une politique. Il faut un homme qui sache rassembler, s'entourer d'un commando de choc, constitué de collaborateurs asservis et fatigués, d'écrivains complaisants, de philosophes devant des parterres faméliques, de poètes publicitaires, un ensemble hétéroclite (oris) voué à faire paraître, à faire converger les forces en un seul individu. Tant pis pour les caprices de la royauté présidentielle tant que son joyau est bright ! Et là, si le poète et le politique ne font plus qu'un, de sorte que la couronne reprenne tout son éclat, on envoie au tapis tous les médias et leurs petites manipulations. Ils manipulent les bas instinct tandis que nous, on fait pareil. Mais ce sont eux le problème. Ils ne sont pas au contact du peuple. Ils sont comme le bétail comme écrivait Nietzsche dans sa "Deuxième considération intempestive" : Nietzsche dit que le bonheur est possible sans la conscience du temps. Et là, je tiens un nouveau concept, Claude : créer de l'amnésie chez le concitoyens convaincus d'être continuellement dans une rumination bovine. L'Homme sans mémoire, c'est l'homme en mieux ! Mais attention ! N'oublions pas qu'il incombe, à l'animal politique, la responsabilité d'un monde où les américains et les chinois veulent asphyxier l'europe avec les conflits du moyen-orient. Ce sont les ennemis de la culture du safran et de la patrie des mathématiques, de la science dure, dure, tu te rends compte ?, parce que si on réagit pas vite à leur hégémonie antidiplomatique, il ne faudra pas s'étonner que la France soit embourbée dans des conflits multiples en Afrique depuis 50 ans. Par exemple, avec l'implication de la CIA dans le financement de l'opposition anti-Kadhafi depuis les années 80 en Libye, ils ont attisé la haine, et qui dit haine, dit islamisme, oui, mais surtout dictateur, avec qui nous sommes contraints de traiter pour vendre des armes, de former leur policiers, jusqu'à l'extrême imbrication avec nos intérêts, et ce serait à nous de faire le ménage pour repousser, colmater, gestionner, panser les plaies au Mali et en République Centrafricaine où Areva et Bolloré ont besoin de nous ! On fera le ménage ! L'afrique, c'est notre chasse gardée ! Ce n'est pas tous ces technocrates sédentaires qui nous en empêcheront (dans le respect de la chatte international et du Traité de Guenièvre) de faire vivre notre envie de savanes profuses en uranium et de zoulous exorcistes. Ecoute Claude, amène tous les conseillers, tous tes boutiquiers à la réunion exceptionnelle de mardi en 8 (qui remplacera la réunion de crise exceptionnelle prévue mercredi, où nous en ferons une nouvelle avec une vision toute neuve) pour prendre acte de l'interdépendance des dossiers indifférenciés, non-prorisés, et ainsi vivre d'unité face à l'adversité.

◘ La quê-quête du Saint-Graal dessiné au stabilo doré

Que cherchons-nous vraiment dans cette quê-quête où le discours politique, sitôt prononcé, sitôt oublié, n'est plus qu'un orgasme de la glotte sans écho ? Je salive à l'idée de cracher à la face du monde toute cette gesticulation confuse qui ébranlerait toutes nos conceptions. Quel titre pourrait alors supplanter tous les autres et qui reviendraient à oublier les autres et les jeter dans le néant ? Le monde doit l'entendre ! Pour régler ce conflit entre les Banshis et les Tanas en Oubanga, nous devons utiliser une arme de destruction massives. Et cette arme, c'est le stabilo. Rambo n'a-t-il pas dit lui-même, dans ses heures les plus tragiques, que pour être un stabilo, il faut devenir un stabilo ? Plus personne ne verra le stabilo jaune fluo comme avant. Ce stabilo, c'est la réincarnation politique du droit à l'action. On enverra des millions de stabilo jaune fluo en Ethiopie. Notez Claude. On en fera des statues, des musées, des missiles en forme de stabilo, des manuels pour l'Education Nationale qui transmettront à nos petites têtes blondes la philosophie du surlignage et du gondolement, pour faire apparaître les choses essentielles, évidentes. S'en tenir à l'essentiel, c'est faire rêver les gens (en les culpabilisant, bien sûr). Il faut à la fois éteindre les flammes sans savoir comment elles se sont allumées et à la fois permettre à tout à chacun d'avoir son mot à dire après que je sois passé.

◘ Dystopie

Bon, Claude, je ne sais pas ce que tu penses de ce titre-là mais moi, je ne suis pas convaincu. Pourtant cela reste une hypothèse à envisager. Parce que ce qui compte aujourd'hui, ce n'est pas Héraclite et Julie Gayet, ce n'est pas le bétail qu'on s'échine à envoyer à l'abattoir, c'est pas Alzheimer qu'il faut caresser dans le sens du poil, c'est dire la vérité aux gens. C'est ça qui fera la grandeur de la France, ce vieux pays, aussi vieux que l'incontinent qui est le mien.

Donc voilà Claude, je te laisse carte blanche pour trouver quelle langage mettre à la place de ces points de suspensions. Pour l'heure, j'ai cette affaire de capybaras brésiliens qui dévastent les champs de maïs au Togo, ahlala quelle affaire, ils demandent l'intervention de l'ONU.

***

Pour illustrer et conclure cette critique aussi mordante qu'elle est camouflée, je n'ai rien trouver de mieux que de soumettre un sketch des Inconnus "La guerre mondiale dans le monde" : http://www.youtube.com/watch?v=enazJJS9N4U (on retrouvera un peu tous les éléments qui font le charme de Quai d'Orsay, avec en prime, une caricature des médias qui en ont rien à foutre de comprendre)

***

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le 31 janv. 2014

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le 31 janv. 2014

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