J'aurais dû réaliser, franchement. Était-ce la fatigue ? Quand j'ai lu le nom de Warren Ellis, pour une raison inconnue, j'ai pas fait le lien. Warren Ellis. S'il y a une oeuvre phare associée à ce nom, c'est bien Transmetropolitan, satire géniale, véritable concentré d'humour corrosif qui a laissé une trace indélébile dans l'esprit de quiconque s'y est déjà plongé. Nextwave, c'est un gros délire qui n'aurait pas pu sortir d'autre part que de l'esprit malade de cet auteur. Oubliez ce que vous croyez connaitre de l'humour Marvel, Nextwave va plus loin, beaucoup plus loin.
Nextwave, c'est un groupe de has-been réuni par l'agence H.A.T.E, une agence antiterroriste dirigée par un gros psychopathe, le danger incarné, le colonel Dirk Anger. On y trouve Machine Man, le robot taré, l'ancienne Captain Marvel Monica Rambeau, Elsa Bloodstone la chasseuse de monstres, Tabitha Smith, la mutante autrefois connue sous le pseudonyme Boom-Boom, et le Captain, un héros raté ayant reçu par hasard des super-pouvoirs de taré après une nuit de beuverie au cours de laquelle il a croisé des extraterrestres. Seulement, les pires ennemis de l'agence HATE, le groupe terroriste S.I.L.E.N.T, ont changé de façade et ont pris la forme de la Beyond Corporation, qui est devenue le principal fournisseur de HATE... Lorsque les membres de Nextwave découvrent cela, ils désertent et décident d'éradiquer Beyond par eux-mêmes... sauf qu'ils vont d'abord devoir l'empêcher de nuire, car Beyond se spécialise dans le test d'armes de destruction massive directement sur la population américaine...
Ce résumé, ce n'est qu'un infinitésimal aperçu de la démence qui règne dans cette série. Humour référentiel (j'ai particulièrement apprécié certains clins d'oeil complètement inattendus, notamment à des animes comme Gurren Lagann ou Evangelion, PARCE QUE OUI POURQUOI PAS), autoréférentiel irrévérencieux, parodique, autoparodique, absurde, noir, crétin, tout y passe. Le tourbillon de folie qui règne dans la boite crânienne de Warren Ellis se déverse en flot ininterrompu, et certaines des planches de ces 12 petits épisodes comptent tout simplement parmi les meilleures planches d'humour de tous les temps, rien que ça. C'est aussi dû à Stuart Immonen, il faut bien le reconnaitre. Je suis pas toujours fan du bougre, mais dans Nextwave, il développe un style en alchimie parfaite avec celui de Warren Ellis, pour donner vie à un univers toujours plus surréaliste.
J'étais pas convaincu, au début, je dois bien l'admettre. Mais plus ça avance, et moins il est possible de rester de marbre devant cet imaginaire complètement barré et complètement unique. Hélas, entre un Immonen qui a d'autres séries à gérer et des ventes un peu faiblarde (faut dire que la fin de la série coïncide avec le début de Civil War), Nextwave finit par rejoindre la constellation des séries annulées en cours de production, et ce malgré une excellente réception critique. Aujourd'hui la série est régulièrement louée par à peu près tous les ténors du milieu, et est reconnue à raison comme un incontournable absolu.
N'hésitez pas à vous jeter dessus.