L'Heure du changement



USA, 1992 : Les auteurs et dessinateurs Stars de chez Marvel Comics en ont assez de se faire destituer de leurs créations qui ont fait les beaux jours de la maison de idées. Leurs contrats sont clairs : aucune de leur création estampillée "Marvel" ne leur appartient !
Pourtant, Todd Mc Farlane a fait exploser les ventes de Spider-Man, Marc Silvestri et Jim Lee ont rendu les X-Men beaux comme des Dieux Grecs, et Rob Liefeld a mis en place la plus badass des équipes de mutants : "X-Force" !


France, 1995 : Ces auteurs nous manquent, on ne les voit plus officier dans les pages de nos Spécial Strange, ou Versions Intégrales Spider-Man et X-men... Bien loin de savoir ce qu'il se trame outre Atlantique, on commence à faire une croix sur nos dessinateurs préférés. Et pourtant...
Un beau matin de mai, entre une couverture dégeu de Nova nouvelle formule et le Récit Complet Marvel sur Bishop, deux nouvelles revues aux couvertures flashy ont posé leur tranche chez le marchand de journaux de quartier. "Image Comics" pouvait-on voir dans l'angle supérieur gauche, mais surtout Todd Mac Farlane crédité, et Rob Liefeld aussi (un peu moins glamour, ok).


Effectivement, plus de 2 ans auparavant, dans la patrie des comic books, un tremblement de terre a eu lieu ! Six des plus grands auteurs-dessinateurs (ceux sus-nommés plus Erik Larsen et Whilce Portacio), se sont barrés de chez Marvel Comics pour monter leur propre label indé et balancer, la gueule enfarinée, de toutes nouvelles créations. Des comics de super-héros, toujours, mais à leur sauce, et surtout avec tout leur talent !


En feuilletant pour la première fois le volume 1 de Spawn, la première chose qui saute aux yeux, ce sont ces couleurs magnifiques ! Pauvres petits frenchies habitués aux publications aux couleurs ternes couchées sur papier toilette, nous en avions enfin plein les mirettes.
Todd Mc Farlane s'est entouré du studio de Steve Oliff, rien de moins que celui qui a mis en couleurs le manga Akira pour le marché occidental !
Le vert des yeux de Spawn, cette cape et ce sang rouge ketchup. Image Comics a voulu entrer dans le monde des comic books par la grande porte, et pour ça il a touché à ce qui marque en premier lieu : le visuel. Une façon de coloriser les planches qui a révolutionné depuis l'industrie mainstream.
Todd Mc Farlane créé donc Spawn, un héros torturé, sorte de Batman dans un costume très proche du Venom qu'il a aidé a créer chez Marvel, une création qui lui est passé sous le nez et qu'il a gardé en travers de la gorge.



La Chair à vif !



Voilà pour la petite histoire, parlons maintenant de ce tome 1 de Spawn, la réédition des premiers épisodes chez Delcourt.


Afin de mettre en place les origines de son héros, Todd Mc Farlane, s'occupe des 7 premiers épisodes tout seul (scénario, dessins et encrage) : le Lt colonel Al Simmons des forces spéciales vient de passer l'arme à gauche, mais porté par son amour pour sa magnifique épouse signe un contrat démoniaque pour la retrouver.
Il se retrouve instantanément 5 années plus tard dans sa bonne vieille ville de New York, à moitié amnésique, son corps dans un état de délabrement (décomposition ?) avancé, affublé d'un costume de super-héros et des pouvoirs qui vont avec.
A son grand désespoir, la situation familiale de sa veuve a changé : à présent remariée à son meilleur ami et mère d'un enfant, un enfant que lui n'avait pas pu lui donner. Complètement désorienté, il ère dans les rues glauques s'entourant de la seule communauté qui voudra bien l'accepter, les SDF et parias de la société.


Sur fond de flashbacks, d'attaque de créature infernale (le fameux Violator), de mafia locale et désir de vengeance, ces premiers épisodes sont devenus de vrais classiques, et graphiquement chiadés grâce aux traits particuliers du dessinateur.


Puis Mc Farlane s'entoure assez rapidement de scénaristes de renom pour lui ouvrir de nouveaux horizons. Alan Moore, Frank Miller et Dave Sim lui offrent 3 épisodes sans réelle incidence pour la suite. Neil Gaiman par contre créé les personnages de Cagliostro et surtout Angela et élargi le temps d'un épisode et d'une mini-série (Angela) la mythologie de Spawn d'une manière remarquable.
Pour des raisons de copyright, les épisodes 9 et 10 sont absents de cette réédition. L'épisode de Dave Sim ne manque pas, mais celui de Neil Gaiman est une vraie perte.
Selon la règle de l'arroseur arrosé, Mc Farlane n'a pas pu s'entendre avec Gaiman pour utiliser le personnage d'Angela comme bon lui semble.
La série Spawn a pu heureusement profiter pendant quelques années des créations de Neil Gaiman avant le désaccord entre les deux auteurs mais cette réédition française tardive fait les frais de cette tourmente.


Le tome se clos par un arc de deux épisodes dans lequel Al Simmons retrouve les traces de son meurtrier, un retour de Mc Farlane assez timide au scénario, mais pas sans conséquence heureusement.


Cette version Delcourt ternis un peu le tableau, car souffre malheureusement de quelques couacs de traduction et d'un soucis de lettrage évident. Parfois même d'une qualité inférieure à la première édition kiosque de Semic.
Difficilement pardonnable.

NeeKoh
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le 27 févr. 2016

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NeeKoh

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