Ce tome contient les 6 épisodes de la minisérie parue en 2004.


Barrow en Alaska est la ville la plus au Nord du continent ; elle se trouve à environ 550 kilomètres au nord du cercle Arctique. Aux abords de Barrow, un homme traîne le cadavre décapité d'un vampire ; il s'agit de John Ikos, un habitant de Barrow. 4 jours avant le mois de nuit, Brian Kitka arrive à Barrow en compagnie de Marcus, son fils. Il a choisi d'assurer les fonctions de shérif (responsable de la police). Il est accueilli fraîchement par Donna Sikorski, l'adjointe du précédent shérif. Brian Kitka a décidé de s'installer à Barrow pour savoir ce qui est vraiment arrivé à William Kitka (son frère), sa femme et ses 2 enfants. Sur place il rencontre John Ikos qui lui confie le journal qu'a tenu son frère pendant le massacre décrit dans 30 jours de nuit, le premier tome de la série. Pendant ce temps là, son fils a découvert un autre journal intime tout aussi révélateur. Autour de Barrow, plusieurs vampires se sont regroupés pour profiter à nouveau des 30 jours de nuit et se venger de leur précédente défaite. Mais d'autres créatures rôdent également non loin.


Après le succès important du premier tome, il échoit à Steve Niles de déterminer dans quelle direction il souhaite développer son récit de vampires. Les 2 premiers tomes ne laissent place à aucun doute : ces vampires sont des monstres qui haïssent l'humanité. Mais leur instinct de préservation les a fait s'organiser en petits clans et les a conduits à adopter un profil discret pour ne pas susciter une réaction organisée des humains, avec un risque de traque des vampires jusqu'à l'extermination.


Steve Niles propose donc de découvrir ce que sont devenus les survivants de Barrow : ils défendent leur territoire, avec succès. Avec ce point de départ, le lecteur comprend que Niles ne souhaite pas développer son récit dans une veine réaliste. Il oppose les méchants vampires, contre les courageux (et même téméraires, voire inconscients) habitants de Barrow qui défendront leur territoire coûte que coûte. À condition d'accepter ce ton ironique du récit, l'aventure se révèle palpitante, légèrement décalée, et bien gore.


Comme à son habitude, Niles privilégie les ambiances. Il décompresse son récit pour laisser de la place aux illustrations de Ben Templesmith et aux dialogues assez moqueurs sur les bords. En même temps, la faible densité du récit ne l'empêche pas de continuer à développer la mythologie spécifique à Barrow en faisant revenir des personnages des précédents tomes comme l'agent spécial du FBI Norris, et Dane, le vampire qui a aidé Stella Olemaun dans "Dark days". Et petit à petit, le lecteur se surprend à s'attacher aux individus humains, et à essayer d'anticiper la stratégie des vampires qui réserve aussi une ou deux surprises.


Ben Templesmith illustre cette histoire avec le style qui le caractérise : des formes délimitées par des croquis rapides qui ressemblent parfois à des dessins d'enfants par leur aspect naïf et esquissé, une savante mise en couleurs qui développe une ambiance dense, quelques éléments dessinés avec une précision photographique qui les fait ressortir du reste.


Le rythme du récit est donné par le scénario décompressé, tout en restant vif. Cet aspect permet aux illustrations de Templesmith de bénéficier de la place nécessaire pour se déployer, avec un maximum de 6 cases par page, mais plus souvent 4 ou 5, voire moins. Dès les 2 premières scènes, le lecteur a le plaisir de constater que Templesmith a pris le temps nécessaire pour peaufiner sa mise en couleurs. Il arrive à rendre intéressant des paysages enneigés dans une forte pénombre, grâce à une texture qui laisse de la place à l'imagination du lecteur, sans être vide. Il crée plusieurs personnages visuellement mémorables et tout de suite attachants comme Brian Kitka, l'étonnante Donna Sikorski, et John Ikos, en vieux trappeur endurci. Là aussi, le lecteur devine un second degré sous-jacent, une forme de cynisme des personnages qui ne s'en laissent pas conter et qui n'en apparaissent que plus adultes. Les vampires sont toujours aussi visuellement repoussants, avec leurs dents tranchantes, et les grosses tâches de sang visqueux quand ils s'abreuvent.


Avec ce tome, Steve Niles et Ben Templesmith retrouvent le fragile équilibre du premier tome, avec un ton moqueur et légèrement décalé qui apporte un décalage bienvenu. Le lecteur s'attache immédiatement aux différents personnages portés sur le persiflage, tout en craignant pour eux du fait de la meilleure organisation des vampires.

Presence
10
Écrit par

Créée

le 14 mars 2020

Critique lue 70 fois

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