Peut mieux faire

(critique pour l'ensemble de la série)

Pris d'une soudaine envie de lecture, j'ai plongé dans mon placard sans porte pour retrouver un comic acheté par hasard chez mon bouquiniste préféré. Grand bien m'en a pris, ou presque, car je suis tombé sur une petite perle qui, à défaut d'être géniale, aurait pu être beaucoup mieux. Cette perle, c'est Rising stars, un comic en 24 volumes en VO, moitié moins en VF, paru au début ds années 2000. C'est scénarisé par un mec dont le nom est issu d'un accident de machine à écrire: Joe Michael Straczynski, et dessiné par plusieurs bonshommes dont on se cogne éperdument vu que leurs noms ne rapportera jamais autant de point au scrabble. Voilà pour la partie qui fait briller en société.



Rising stars, c'est pas tiré de la chanson de Deep purple ?



Non, rien à voir. Déjà c'est Highway star, et ensuite, le comic n'est pas rock'n'roll. Un comète s'écrase dans un petit bled du fond des états unis. Cela va avoir pour conséquence d'influer sur toute une génération d'enfants, qui seront nommés les spéciaux en vertu de leurs pouvoirs surhumains. Ils vont être enfermés dans un camp pendant des années, pour que les scientifiques étudient leurs capacités, et surtout trouver les forces et faiblesses de chacun, pour savoir quoi faire si jamais il fallait s'en débarrasser.



Car oui, un jour, un spécial va dérailler et faire flamber un homme. Ils ne sont pas tous roses les bambins, et il va bien falloir être capable de se défendre. Mais fort heureusement, certains vont rejoindre le camp de l'ordre et de la justice, œuvrant pour le bien de l'humanité en mettant leur don au service du bien. Quelques uns vont mal tourner, d'autres vont refuser d'accepter de reconnaitre et de se servir de leurs pouvoirs et d'autres ont des pouvoirs tellement inutiles qu'ils ne seront jamais personne d'important.



Sauf qu'un jour, les spéciaux commencent à mourir assassinés ... qui peut bien vouloir leur mort ? La réponse se fera vite connaitre et sera, hélas, cruelle à entendre pour les spéciaux ... un chasseur est à leur trousse et personne n'aurait crû qu'il puisse être celui qu'il est.


Une étoile brille dans la nuit, c'est un assassin qui surgit ...



Ça c'est le résumé du tout début de cette saga, mais il faut savoir qu'elle se décompose en trois parties. D'abord la découverte des pouvoirs et l'assassinat des spéciaux. Une partie que j'assimilerais à la série heroes (mais en version réussie). Ensuite, il y'a une partie guerre ouverte, avec des gentils et des méchants. Très classique dans l'approche, du pur jus de super héros comme vu et revu ailleurs, avec une histoire bien menée et une fin sans trop de surprises vu le ton de la série. Et une dernière partie que je n'appellerais pas pour ne pas gâcher le suspens. Partie qui se voulait la finalité d'un propos contestataire et acerbe mais qui se révèlera plutôt bâclée et surtout beaucoup trop politiquement correct, voire hippie friendly.



Là est tout le problème de cette série que j'ai commencé par curiosité, que j'ai continué avec plaisir, dont j'attendais ardemment le dénouement et dont j'ai fini la lecture de la dernière page profondément amer. L'auteur voulait critiquer plusieurs choses typiquement américaine/humaine: la sécurité à outrance, la privation des libertés sous couvert de bonnes raisons, les discriminations, le gâchis des capacités humaines utilisées pour se détruire au lieu de chercher à améliorer ce qui existe, l'opposition religieuse ... et plus encore.



Il faut reconnaitre que certains thèmes sont bien abordés, que l'histoire est foutrement bien menée pendant plus de 80% de la série. Mais bowdel de mewde, qu'est ce que c'est que cette fin de hippie ? Alors que tout le récit se veut critique et légèrement misanthrope, la fin est d'une niaiserie crasse qui peut se résumer à un "je ne veux être méchant avec personne, mais aimons nous les uns les autres, et l'avenir sera meilleur. Travaillons main dans la main mes frères ". Putin de foutage de gueule, c'est vraiment hallucinant d'autant peu assumer son propos pour finir par se chier dessus dans la conclusion de son pamphlet.





Malgré tout, je pense que ce comic mérite sa lecture. D'une part car j'ai encore eu le tort de croire qu'un auteur allait être assez couillu pour pondre une œuvre profondément nihiliste et humaine, et de l'autre car, si la fin est à se fracasser le crâne contre le mur des lamentations, plus de 80% du comic est assez stimulant pour imaginer une fin beaucoup plus satisfaisante. Je conseille donc.