Histoire du sport automobile allemand sous le nazisme
Bien que la numérotation des planches par Marvano se poursuive telle quelle comme suite du Tome 1, je préfère reprendre le repérage accoutumé : la planche un se trouve page 3, la planche 35 se trouve page 37, et ainsi de suite...
Le superbe documentaire de Marvano se révèle d'une richesse et d'un intérêt exceptionnels... pour ceux qui s'intéressent aux courses automobiles, ce qui n'est pas mon cas. On peine à répertorier, presque image après image, les justifications historiques qui ont poussé Marvano à représenter ceci plutôt que cela : citations littérales de dialogues, publicités d'époque (planche 8), propagande et mesures anti-juives des nazis (planches 10, 21), problèmes biographiques des juifs (planches 19-20, 22-24); projets des nazis de favoriser l'expulsion des Juifs vers la Palestine (planches 38-39, 54); disparition d'Amélia Earhart en vol dans le Pacifique (planches 56-57).
Il faut bien comprendre que, bien que ce tome 2 porte le nom d'un seul personnage ("Rosemeyer !"), placé ainsi en posture de héros, il n'y a pas grand chose de fictif là-dedans. Rosemeyer a vraiment existé, sa carrière est suivie à la loupe et respectée jusque dans les détails par Marvano; et les autres personnages également, enfin, presque tous.
Marvano exploite les photos de reportages ou de propagande nazie de l'époque, les exploits des sportifs, les informations concernant les diverses pressions et manigances des nazis pour que ce soit ou bien une voiture allemande, ou bien un pilote allemand qui gagne les courses (de préférence les deux, mais il faut bien laisser quelques restes aux amis et alliés, les fascistes italiens).
Marvano réussit tout de même à nous intéresser un peu plus à ses personnages, en esquivant de temps à autre les contraintes de la chronologie, pour s'attarder sur des moments de suspense, tels que le dialogue du chef des renseignements SS au sujet des loteries truquées relatives aux courses automobiles (planches 2 à 5), les comportements irrévérencieux de Rosemeyer vis-à-vis du nazisme (planches 42 à 45) (dont une forte scène en présence de Hitler lui-même qui regarde Rosemeyer faire le clown en mimant le Führer (planches 49 à 51...)), les magouilles des chefs d'écurie pour que ce soit l'un ou l'autre qui gagne la course (planches 14-16, 34-36), incidents de course et coup de foudre de Rosemeyer pour la fille qui l'attend avec la couronne de laurier à l'arrivée (planches 26 et 27)...
Malgré la beauté des images, les planches qui se réduisent à une énumération chronologique, comme la dernière de l'album, nous arrachent à la contemplation esthétique et dramatique, pour nous faire bien sentir que, après tout, on ne nous assène ici qu'une leçon d'histoire, fût-elle magnifique.
Les dessins de Marvano sont souvent aérés et d'un lisibilité exceptionnelle : scènes de course (planches 6-7, 17), beau découpage et mise en valeur du record de vitesse de Malcolm Campbell en 1935 (planches 18-19), mer, falaises de Douvres et Monaco (planches 28 à 30), scène de comédie dans un hôtel de luxe (planches 31 à 33).
