Ce tome fait suite à Saga of the Swamp Thing 4, et il contient les épisodes 51 à 56 de la série. Tous les scénarios sont d'Alan Moore.


Épisode 51 (illustrations de Rick Veitch & Alfredo Alcala) - Abigail Arcane est en prison où elle attend de passer devant le juge pour savoir de quoi elle est accusée. Libérée sous caution, elle décide de s'enfuir d'Houma pour aller se perdre dans l'anonymat de Gotham. Swamp Thing fait ses adieux à Boston Brand et au Phantom Stranger et revient sur terre pour subir une blague de Jon Constantine ("How do you baffle a vegetable ?").


Épisode 52 (illustrations de Rick Veitch & Alfredo Alcala) -En route pour Gotham, Swamp Thing fait un bref détour par l'asile d'Arkham, pendant qu'Abigail fait connaissance avec James Gordon et Harvey Bullock (un inspecteur désagréable, tout le temps en train de s'empiffrer de hamburgers).


Épisode 53 (illustrations de John Totleben) - Swamp Thing vient à Gotham et réclame justice. Il fait une démonstration de son pouvoir en transformant la mégapole en nouveau jardin d'Éden. Batman essaye de résoudre le conflit.


Épisode 54 à 56 (illustrations de Rick Veitch & Alfredo Alcala) - Abigail Arcane aide une ex-journaliste à échapper à la maltraitance psychologique de son conjoint, puis elle assiste aux funérailles de Swamp Thing. Quelque part ailleurs, celui-ci joue au démiurge sur une planète ne laissant passer que la lumière bleue.


Dans le tome précédent, Alan Moore a mené à terme sa première grande histoire dans un final grandiloquent. Il reprend ici des intrigues secondaires laissées en plan. Swamp Thing acquiert de plus en plus de pouvoirs, ou plutôt il découvre ses capacités les unes après les autres. Moore continue donc à faire évoluer le personnage en l'éloignant de plus en plus de la race humaine pour en faire une véritable force élémentaire. Il déchaîne une flore dont la croissance ne connaît pas de limite dans un milieu urbain. La majeure partie des habitants accueille avec plaisir ce retour à un état naturel, une sorte de visite dans le jardin d'Éden, un retour à l'état de grâce originel. Et le dernier épisode constitue une apothéose des possibilités offertes à la créature Swamp Thing puisqu'il peuple une planète. Il est devenu un dieu tout puissant au milieu de ses créatures, et le lyrisme reprend le dessus pour un épisode exceptionnel sur l'aliénation née de la solitude.


Alan Moore effectue également un retour vers les superhéros plus traditionnels de l'univers partagé DC. Pour être honnête, l'arrêt à Arkham ne présente que peu d'intérêt car Swamp Thing ne communique qu'avec un seul prisonnier, et Moore ne s'attarde pas sur les autres. La confrontation avec Batman se révèle également assez décevante (sauf pour ce modèle très particulier de la Batmobile) car le personnage de Batman n'intéresse pas Moore et il aurait pu s'agir de n'importe quel autre superhéros, sans que cela occasionne grande différence.


Heureusement Allan Moore n'a pas oublié la composante horrifique de ses récits et il reste très convaincant dans ce registre. Le lecteur éprouve de l'empathie pour la pauvre Abigail broyée par la machine judiciaire, et pour la pauvre Liz Tremayne, victime pitoyable de la cruauté mentale de son compagnon. Ses manipulations du thème du jardin d'Éden semblent plus basiques par comparaison, avec un courant sous-jacent d'écologie primaire (petites fleurs et retour naïf à la nature). De même l'épisode consacré à l'enterrement a du mal à dépasser les lieux communs.


La majeure partie des illustrations est prise en charge par Rick Veitch (essentiellement les dessins) et Alfredo Alcala (les encrages, et quelques finitions de ci, de là). Rick Veitch apporte une touche très brute, avec un esthétisme qui n'est pas là pour flatter l'oeil, mais pour mettre en évidence la nature des choses, l'essence des sentiments, etc. Veitch ne s'embarrasse pas de finitions pour faire joli. Il se concentre sur l'essentiel, tout en composant des dessins denses en informations visuelles. Sa manière de dépeindre des visages marqués et peu avenants peut provoquer une sensation de malaise chez le lecteur (je pense en particulier au visage bouffi de graisse et déformé par l'énervement de Bullock). Il s'attarde sur quelques visuels frappants, tels que le corps de Swamp Thing développé à partir de rosiers, ou la végétation extraterrestre du dernier épisode. Il utilise également régulièrement une mise en page composée de 5 cases accolées de la hauteur de la page (peut-être une exigence de Moore dans ses scénarios) qui donne un rythme particulier. L'encrage d'Alfredo Alcala s'accommode de cette esthétique revêche pour se faire moins minutieux, s'éloigner du modèle de Totleben et plus attaché aux textures. Et puis il y a l'épisode 53 : 38 pages de John Totleben en bonne forme. Il propose un dessin adulte avec une finition minutieuse qui ne gomme rien des horreurs et une mise en page inventive. Il dessine également 4 pages de l'épisode 55.


Ce tome souffre un peu de la disparité des histoires et de quelques moments pas assez inspirés. Il recèle 1 épisode terrifiant (numéro 54) et 1 épisode parfait (numéro 56). Les derniers épisodes écrits par Alan Moore sont regroupés dans Saga of the Swamp Thing 6.

Presence
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le 27 août 2019

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