Voilà un titre que je me procure depuis le début qu’Urban Comics l’édite chez nous, et alors que le quatrième tome a été annoncé dans nos vertes contrées, je me décide, enfin, à me lancer dans cette aventure, dans cette saga (oui, elle est facile celle-là) que nous propose Brian K. Vaughan. Et c’est avec une curiosité non dissimulée mais aussi une petite appréhension que j’entame ma lecture.

Un univers sans limite, peuplé de tous les possibles. Une planète, Clivage, perdue dans la lumière froide d’une galaxie mourante. Sur ce monde en guerre, la vie vient d’éclore. Deux amants que tout oppose, Alana et Marko, donnent naissance à Hazel, un symbole d’espoir pour leurs peuples respectifs. L’espoir, une idée fragile qui devra s’extraire du chaos de Clivage pour grandir, s’épanouir et conquérir l’immensité du cosmos.
(Contient les livres #1 à 6.)

Une chose est sûre, c’est que nous sommes rapidement dans le vif du sujet. La première page nous montre, pleine page, Alana qui hurle. Elle est dans une sorte d’arrière boutique, entrain d’accoucher, avec seulement Marko, son époux auprès d’elle. Et elle a des mots assez crus pour imager sa situation, sa seule crainte étant de faire sa « grosse commission » lorsqu’elle pousse pour faire sortir le petit être à naître. Le décor est planté !

Mais Alana et Marko ne sont pas humains, loin de là. Marko possède des cornes de bouc alors qu’Alana nous dévoile de très jolies ailes. Alana vient de la planète Continent et Marko de son satellite Couronne. Les deux planètes se livrent une guerre sans merci qui s’est propagée à travers toute la galaxie ! (Oui ils préfèrent se battre sur d’autres planètes car la destruction de l’une des leurs affecterait l’autre, faut pas déconner non plus.) Tous les deux membres de leurs armées respectives, ils ont décidé de fuir, de se marier et la petite Hazel a ensuite pointé le bout de ses cornes.

Et c’est donc là que l’histoire que nous conte Hazel commence ! Au début de sa vie. Et ses parents n’ont pas le temps de se remettre de leurs émotions que déjà des soldats (dont un homme avec une télévision en guise de tête) s’apprêtent à les tuer ! Il est hors de question que la galaxie apprenne l’existence d’un tel couple, et encore moins ne découvre la naissance du fruit de leur union contre nature. On se retrouve dès lors en plein combat mêlant la magie et la technologie !

Nos deux compagnons arrivent à suivre, mais si le peuple d’Alana lance toutes ses ressources et ses meilleurs soldats, dont Prince Robot IV (ceux avec la télévision comme tête), c’est aussi le cas pour les dirigeants de Couronne qui envoient aux trousses des amoureux une flopée d’assassins, les Indépendants, parmi lesquels : le Testament, un humain avec un chat géant qui détecte les mensonges et la Traque, croisement entre une araignée et une femme (un mélange détonnant !). Commence alors une véritable traque à travers Clivage, qui va mettre à rude épreuve le couple Alana/Marko, mais aussi nous montrer à quel point ils s’aiment malgré leurs tempéraments complètement opposés. En chemin, ils vont rencontrer le dernier personnage important de ce tome : Izabel ! Une sorte de fantôme rose, avec les oreilles du prince Charles, avec le corps qui s’arrête au nombril, laissant pendre ses boyaux… Alana va être obligée de lier son bébé à Izabel afin de pouvoir sauver Marko et fuir de cette planète tous les quatre !

Il n’y a pas de temps mort dans notre lecture, tellement d’informations à assimiler, tellement de choses à découvrir, tellement d’êtres différents. En plaçant sa version revisitée de Roméo et Juliette dans l’espace, Brian K. Vaughan s’offre un terrain de jeu sans limite. Dommage que les dessins de Fiona Staples ne suivent pas…

En effet, l’illustratrice canadienne n’est vraiment pas inspirée lorsqu’il s’agit de décor… Non pas qu’ils soient moches quand il y en a, mais c’est surtout que les cases sont très, trop souvent vides… Nous devons nous contenter le plus souvent du minimum syndical. Fort dommage, car lorsque nous avons de pleines et grandes pages, on voit qu’elle est capable de nous proposer un univers riche en adéquation avec la richesse de l’univers de Vaughan.
Pour ses personnages, j’avoue avoir du mal à m’y faire au début. Les traits paraissent par moment incertains,, par moment un peu trop carrés. Mais elle nous offre une galerie de personnages vraiment très variée et où chaque protagoniste a le droit à un design vraiment travaillé et le plus souvent loufoque.
Excellent travail également sur la nudité, la sexualité, très présents dans le récit de Vaughan, mais toujours présentés par Fiona Staples de façon non vulgaire et en corrélation avec le reste. Nous avons le droit à des scènes qui marquent.

Un récit captivant donc, et qui frappe de par ses personnages. Très vite, on comprend que l’un des moteurs du titre sera Alana, son tempérament tranché et ses répliques cinglantes : « Suce mes hémorroïdes ! » par exemple. Un personnage qui devient vite très attachant, et on comprend tout aussi rapidement que malgré son franc parlé et son assurance, elle reste une femme amoureuse et fragile. Les différents liens entre les personnages, les dialogues, sont de véritables points forts au récit. Une synergie se dégage très vite de tous ses protagonistes et l’on se prend au jeu de suivre avec curiosité les aventures du duo Alana et Marko mais tout autant en ce qui concerne Izabel, le Testament ou Prince Robot IV !

Bref, une histoire qui commence très bien, qui a su me captiver dès la première page, en même temps la première scène est très forte et donne le ton ! Brian K. Vaughan nous offre une sorte de mélange entre Roméo et Juliette avec Twilight sur fond de Star Wars. Un mélange détonnant mais passionnant, offrant un terrain de jeu sans limite pour laisser libre court à son imagination à l’auteur. Une histoire d’une incroyable richesse et des personnages dont je suis déjà amoureux !
Romain_Bouvet
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le 29 oct. 2014

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Romain Bouvet

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