Soyons honnête, The Black Beetle n’était clairement pas un titre que j’attendais particulièrement. Non pas car il ne me faisait pas envie, mais tout simplement parce je ne connaissais absolument pas ce héros. Mais plusieurs choses m’ont poussé à laisser aller, encore une fois, ma curiosité. Déjà je suis assez friand du label Urban Indies, ensuite, Francesco Francavilla au scénario et au dessin, enfin, l’annonce de replonger dans les vieux pulp’s d’antan. Il n’en fallait pas plus pour finir me convaincre de tenter l’aventure Black Beetle ! Et quelle bonne idée j’ai eu !

1941. Les postes radios américains crépitent au son du jazz et de l’annonce des récentes victoires militaires d’Hitler. Alors que la nation toute entière profite de ses derniers instants d’insouciance, les gangsters de Colt City bâtissent leur empire sur le racket de night-clubs, le trafic d’armes, la prostitution et la drogue, à peine inquiétés par une police corrompue. Mais au-delà de ces trafics, un mal plus sournois rôde… On murmure qu’une faction d’espions nazis serait sur la piste de puissants artefacts. Depuis les hauteurs de la ville, un protecteur veille. Son nom : Black Beetle. (Contenu : Black Beetle #0, Black Beetle #1-4.)

D’emblée, la première chose marquante dans ce comics, c’est la qualité des dessins de Francesco Francavilla ! Je suis fan de l’artiste et il nous offre ici un merveilleux éventail des ses qualités. Même si j’émettrais un tout petit reproche sur sa trop grande utilisation du jaune-orangé, omniprésent de temps en temps sur certaines pages. On ressent bien l’atmosphère des vieux pulp’s d’époque, une ambiance très sombre, parfois glauque, oppressante par moment. Une action magnifiquement bien rendue avec une mise en page subtiles. Alternances de grandes et petites cases, des pages en épis, en entonnoir. Fan des doubles pages en forme de pièces de puzzle pour montrer la réflexion du héros. Encore une fois c’est un travail sans faute de Francavilla. Peut-être encore plus beau que d’habitude, encore plus en adéquation avec l’histoire vu qu’il signe aussi le scénario.

Au niveau scénario, pour les clins d’œil au vieux pulp’s américain, c’est quasiment parfait. Une ambiance polar omniprésente, des nazis avec de la haute technologie et un brin d’archéologie égyptienne à la Indiana Jones, des méchants avec des tronches de mafieux à la Tony Montana ou Vito Corleone, de belles femmes et un héros dont l’identité restera secrète tout au long de l’ouvrage, le tout au cœur des années 40, un fond sous forme de jazz, et c’est bon nous y sommes ! Le style graphique de Francavilla en rajoute davantage, tout comme ses affiches rappelant les vieux polars. Titres façon rétros, onomatopées à l’ancienne, rien n’est oublié.

Nous suivons les aventures de Black Beetle. Alors qu’il s’apprêtait à alpaguer toute une brochette des plus grands chefs de famille de Colt City, il se fait devancer par un énigmatique personnage au costume rappelant un labyrinthe. Ce dernier ne se contentant pas de les arrêter, non il va carrément les faire exploser. S’ensuit alors une course poursuite entre le héros et l’énigmatique ennemi au cours d’une enquête dans les bas fonds de Colt City, où seule mafia règne, dans des vieux cabarets où le jazz inonde nos oreilles et la fumée des cigares noie nos narines. Black Beetle va rassembler les indices, creuser là où il ne devrait pas, tomber dans des traquenards, toujours en restant dans l’ombre.
L’ombre omniprésente dans le titre, Francavilla effectuant un travail merveilleux avec. Renforçant encore davantage l’effet d’oppression, et donnant encore plus d’impact aux surprises. Le trait est tellement épuré.

Alors que Black Beetle mène son enquête comme dans un bon vieux polar, l’histoire est de temps à autre entrecoupée d’une page parlant de tout autre chose. Un mystérieux individu cherche à retrouver Black Beetle, ce dernier ayant empêché son équipe d’élite de nazis de dérober un artefact lié à la magie noire au muséum d’histoires naturelles. Un objet considéré comme le Graal dans la magie noire. Le lézard creux ! Objet que Black Beetle semble lui aussi vouloir utiliser… Toujours intéressant d’avoir un fil rouge en trame de fond.

Histoire passionnante, ambiance captivante, Francavilla nous offre un récit pratiquement parfait en tout point. D’entrée, grâce à l’introduction de Darwyn Cooke, on pouvait s’attendre à un hommage réussi aux vieux pulp’s de la part de l’auteur. Il ne voulait travailler que dans cette optique.

Bref, Black Beetle est une merveilleuse découverte. Une véritable plongée dans les pulp’s des années 40. Un vibrant hommage des plus réussis de la part de Francavilla à un style narratif et artistique tellement prenant.
Romain_Bouvet
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le 25 févr. 2014

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