Au XVIIIème siècle, une enfant sauvage est retrouvée dans la forêt de Saint-Martin-Aux-Champs. Les nobles locaux vont la prendre sous leur aile, puis l’envoyer au couvent pour la civiliser. Ses progrès seront alors fulgurants. Mais rapidement on s’interroge sur son histoire. Comment a-t-elle finie ici ? Car si sa peau est blanche, elle est suffisamment basanée pour y voir une origine plus lointaine. Le livre est un pavé de 200 pages dessiné par Gaëlle Hersent et scénarisé à quatre mains par Jean David Morvan et Aurélie Bévière d’après l’ouvrage de Serge Aroles.


L’histoire commence en forêt. Marie-Angélique (de son nom de baptême), un bâton à la main, se tient à côté d’une fille noire au crâne ensanglanté. Cette scène la hantera toute sa vie. Car après être revenue à la civilisation, son passé ne cessera de la tourmenter : qui était cette fille noire ? Comment se sont-elles retrouvées en forêt ? L’inconscient de Marie-Angélique refoule clairement ses souvenirs et seul le temps leur permettra de refaire surface.


« Sauvage » fonctionne de façon chronologique d’abord, présentant sur tout le livre l’évolution de Marie-Angélique, de fille sauvage à femme du monde. Le tout est agrémenté de flashbacks sur son histoire. Plus que son destin de fille sauvage, ces passages sont bouleversants de brutalité. Car dès sa naissance, étant indienne, elle était déjà considérée comme sauvage. Ainsi, le titre de l’ouvrage joue de l’ambiguïté de ce qu’est, à l’époque, une personne civilisée. Les flashbacks dynamisent la narration et il est difficile d’interrompre sa lecture tant on est happé par ce destin hors du commun.


Gaëlle Hersent effectue un beau travail sur les planches. Son trait est moderne, vif et coloré. S’il peut paraître peu affirmé au premier abord, c’est pour plus de dynamisme. La variété des planches montre toute l’étendue de la palette de la dessinatrice. Les ambiances sont variées et les planches muettes nombreuses. Du beau travail !


« Sauvage » est un ouvrage passionnant et bien réalisé. Le nombre de pages se justifie par les nombreuses pages muettes qui apportent un vrai plus en terme d’émotion. En début d’ouvrage, Marie-Angélique ne parle pas et toutes ces séquences sans mots n’en sont pas moins expressives. Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas !

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le 24 nov. 2016

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D'autres avis sur Sauvage : Biographie de Marie-Angélique Le Blanc (1712-1775)

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