Ce tome comprend les épisodes 16 à 21 de la série mensuelle, parus en 2011/2012. Il fait suite à Fear Itself - Secret Avengers (épisodes 12.1, 13 à 15, ainsi que l'épisode spécial "Fear itself - Black Widow). Il est possible de ne lire que le présent tome sans avoir lu les précédents. Il suffit de savoir que les Avengers ont formé une équipe spécialisé dans les opérations secrètes et discrètes et que leur principal ennemi est une énigmatique organisation appelée Shadow Council.


Pour ces missions, les Secret Avengers comptent parmi leurs membres : Super Solider (Steve Rogers), Moon Knight (Marc Spector), Beast (Hank McCoy), Black Widow (Natasha Romanova), Sharon Carter, War Machine (James Rhodes) et pour un épisode Shang-Chi. Tous les épisodes forment autant de missions indépendantes. Épisode 16 (illustrations de Jamie McKelvie) - Les Secret Avengers sont dans une base secrète souterraine du Shadow Council ; il s'engage une course contre la montre pour neutraliser un engin de destruction massive. Épisode 17 (illustrations de Kev Walker) - Les Secret Avengers interviennent dans un pays d'Europe de l'Est pour mettre fin à des enlèvements en série. Épisode 18 (illustrations de David Aja) - Les Secret Avengers interviennent dans une dimension aux propriétés spatiales et physiques un peu différentes pour mettre fin à une opération de contrebande d'un genre particulier. Épisode 19 (illustrations de Michael Lark) - Il s'agit d'une infiltration dans un immeuble pour tuer dans l'oeuf une opération de mise sur le marché d'une nouvelle drogue. Épisode 20 (illustrations d'Alex Maleev) - Black Widow effectue une mission sortant de l'ordinaire sous forme de voyages dans le temps. Épisode 21 (dessins de Stuart Immonen encré par Wade von Grawbadger) - Une taupe du Shadow Council s'est introduite dans un immeuble de stockage de O*N*E (office of national emergency).


Le titre choisit pour ce tome est très explicite : dans chaque mission l'équipe doit atteindre son objectif à toute vitesse, l'enjeu est de grande envergure, et elle ne doit pas rester de trace. À l'exception de l'épisode 20, Warren Ellis applique la lettre de mission de façon littérale. L'action porte le récit, ça défouraille à tout va, les Avengers ne peuvent pas se contenter d'estourbir les ennemis (le niveau de risque justifie le recours à la force létale). Ellis, en grand professionnel, construit des scénarios où les Avengers doivent se déplacer, courir, sauter, frapper et toujours aller de l'avant sans regarder en arrière. De ce fait une grande partie du récit est porté par la mise en images. Les 2 premiers épisodes sont un peu décevants de ce point de vue. Les illustrations de Jamie McKelvie sont claires et nettes, mais il garde le tic agaçant de ne pas dessiner les décors pendant quelques cases, et ses images ont un aspect un peu juvénile qui ne reflète pas le sérieux premier degré de l'histoire. C'est d'autant plus dommage pour les décors dans la mesure où Ellis a imaginé un endroit très particulier pour le lieu de chaque épisode. Le lecteur ne peut que saliver à l'idée du même épisode dessiné par un artiste ayant des notions d'architecture. Les illustrations de Kev Walker présentent le même défaut concernant l'absence de décors dans de nombreuses cases. Par contre c'est un dessinateur qui a l'art et la manière de marier un premier degré plein d'emphase (il faut voir cette superbe page où Valkyrie coupe un camion en 2 d'un terrible coup de hache), avec une légère touche d'exagération qui très savoureuse. Les illustrations de David Aja, Michael Lark et Stuart Immonen sont d'une qualité supérieure aux 2 premiers et leur récit s'en trouve plus consistant.


La narration transforme ces missions rapides en frappes chirurgicales d'une efficacité exemplaire, avec un niveau de destruction et de violence soutenu. Chaque histoire constitue donc un blockbuster à elle seule. Mais Warren Ellis ne se limite pas à imaginer une charge en avant brutale contre un ennemi lambda. Pour chaque histoire, il a imaginé une menace d'anticipation élaborée comme lui seul en a le secret. Tout d'un coup, ces histoires s'élèvent largement au dessus de l'ordinaire des comics grâce à ces enjeux hors norme et très inventifs. Le lecteur prend conscience que les enjeux des comics habituels sont vraiment bien quelconques et fades par rapport à ceux incorporés ici. Ellis a conçu chaque histoire comme une nouvelle mariant action, superhéros et concept d'anticipation ébouriffant, ce qui donne un récit à la fois dense et nerveux où le lecteur en a pour son argent à chaque fois.


Et puis il y a la pépite inestimable qu'est l'épisode 20. Le point de départ est différent des 5 autres aventures et le lecteur suit Natasha Romanova dans une suite de saut dans le temps. Il ne s'agit pas d'une charge brutale contre l'ennemi, et finalement l'équipe se réduit à un seul membre, à savoir Black Widow. Alors que je suis très rétif à l'usage des voyages dans le temps dans les récits de superhéros, Warren Ellis a conçu un bijou de mécanisme de précision qui m'a laissé pantois. Il bénéficie en plus d'un illustrateur qui a donné son maximum, comme à son habitude, Alex Maleev. De ce fait, le lecteur plonge dans une nouvelle pleinement réalisée où il peut à la fois apprécier le style et la rouerie du scénariste, et le style et les effets de l'illustrateur. Afin de mieux transcrire les ambiances imaginées par Ellis, Maleev accommode son style en fonction des besoins. C'est ainsi que le lecteur découvre 2 pages conçues en strips (bande de 3 cases) rendant un hommage savoureux et pertinent à Modesty Blaise.


Évidemment, ces histoires correspondent à une commande de Marvel auprès d'Ellis pour boucher un trou dans le planning de parution de la série "Secret Avengers". Mais Ellis ne se contente pas de cachetonner, il prend une série mal dégrossie, il définit un mode narratif spécifique (1 épisode = 1 mission), il met toute son inventivité en jeu pour imaginer des enjeux hors du commun, et il structure ses histoires de manière à garder la priorité à l'action. Il se permet une exception (épisode 21) dont l'excellence justifie la différence de forme. La force de chaque récit repose alors sur l'apport déterminant des illustrateurs, les 2 premières histoires sont en deçà de ce qu'elles auraient pu être, les 4 autres sont imparables. Rick Remender reprend les scénarios de la série à partir du tome suivant, The Descendants (épisodes 21.1, 22 à 25).

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le 1 janv. 2020

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