Secrets of the Dead - Frankenstein, Agent of S.H.A.D.E., tome 2 par Freytaw
Frankenstein et sa femme partent à la recherche de leur progéniture, devenu légèrement vorace et un peu barj... Plus tard, Franky devra affronter le Rot et couvrir les traces de Buddy Baker, qui laisse des cadavres réellement dégueu derrière lui. Ensuite, à son plus grand malheur, Frank devra affronter son créateur de père, revenu d'entre les morts, toujours à cause du Rot ! Ce qui craint un max, parce que son père, il était franchement pas terrible comme bonhomme, question étique...
Lemire termine son run avec émotion, fait poser un pied à la série dans l'univers étendu DC graces aux évènements dans Animal Man, et laisse à Matt Kindt un Frankenstein aigri et presque seul au monde. Pas de problème pour ce nouvel auteur qui arrivera à se dépatouiller de toutes ces contraintes et les mettre au service de son intrigue et de sa caractérisation ! Car oui, Matt Kindt a fait un excellent travail pour reprendre le flambeau derrière Lemire qui avait posé une ambiance et des personnages un peu bizarres mais pour un tout franchement fun et explosif.
Alors, Matt Kindt a quelques défaut, parfois, je dis bien parfois, sinon je dirais tout le temps et je serais méchant, parce que oui, j'appelle un chat un chat moi ! Et heu... bref, où j'en étais ? Ha oui, Kindt nous rend parfois la narration un peu confuse, à moins que cela soit Ponticelli qui oublie de dessiner des trucs, mais il arrive qu'on passe d'une page à l'autre sans qu'on comprennent trop comment les personnages ont fait pour énchainer ces situations. Ce qui peut à terme, rendre parfois la lecture confuse et peut nous obliger à revenir un peu en arrière. Mais bon, rien de souci n'est un réel problème, car pour une raison encore inexpliquée, on s'accroche sans effort et on poursuit la lecture. Enfin inexpliquée... c'est sans doute juste parce que cette série est tout simplement démente et en totale décalage avec ce qui se fait ailleurs...
Pourquoi c'est fun ? Parce que Kindt est aussi très malin. En plus de proposer des personnages aux gueules pas possible, il arrive à leur créer un background tout aussi délirant et qui va bien tirer ses sources dans les mythes des monstres et légendes, si on peut dire... Le numéro #0, repris dans ce recueuil est d'ailleurs assez magistral de ce point de vue là. Ainsi, l'auteur se mouille carrément et prend le risque de nous montrer que le monstre de Frankenstein est ce qu'il est sensé être, le monstre de Frankenstein, nommé Frankenstein lui même parce que personne n'est capable de détacher le nom de son père à sa création... Ce dernier s'en plein même ! Le personnage de Victor Frankenstein prend d'ailleurs une place assez conséquente dans le bouquin vu ce qu'il devient et son implication dans le Rot World par la suite. Sans doute un savant fou encore plus fou que vous ne pouviez l'imaginer, dans tout les cas, j'adore l'idée !
Et pour en revenir au Rot World, c'est une très bonne utilisation du crossover que Kindt nous sert là, en donnant une quête claire et précise à Franky, lui donnant un rôle crucial dans l'histoire, tout en lui permettant de faire progresser le personnage et ses alliés. Seul bémol, la partie manquante entre la fin du crossover et le dernier épisode qui ne fait qu'évoquer en version grande vitesse, qu'il sait passer un truc dont visiblement certains ont du mal à se souvenir... Quid du voyage dans le temps ? Quid des souvenirs de Frankenstein par rapport au Rot World qui n'était donc qu'un futur alternatif ? N'ayant pas encore lu ces épisodes dans les séries principales concernées (Animal Man et Swamp Thing), sans doute que la réponse se trouve là bas. Mais en dehors de ce léger problème de cohésion, je continue de trouver la présence de Frankenstein dans cet univers totalement justifié et bien amené, car Kindt n'hésite pas à faire de son personnage une sorte d'élu du Green et du Red réunis, sans doute un peu par défaut, mais il est l'un des seuls personnages à même d'affronter les grosses monstruosité du Rot sans subir trop de séquelles, si je puis dire ainsi...
Revenons rapidement à Ponticelli qui garde son style cracra mais totalement appréciable. Et je ne saurais dire si ça vient de son encreur ou autre, mais je trouve même qu'il arrive à être bien bien plus claire que dans le tome précédent. De plus, certaines cases sont fournies de détails que nous n'avons pas eu l'habitude de voir dans la série, visuellement parlant... Bref, c'est un Ponticelli plus plus que nous avons là, et c'est un vrai plaisir. L'avantage, c'est que le titre aura eu droit à un seul desinnateur durant tout le long et lui permet donc d'avoir une identité visuelle très très forte et réellement dissociable de ce qui se fait ailleurs.
Mais c'est aussi un peu vrai dans l'écriture ! D'ailleurs, fait amusant, même si je vais éviter de vous spoiler la tronche, le dernier épisode de la série est un petit hommage à cet état de fait : "cette série, c'est du n'importe quoi, et moi, Matt Kindt, je l'assume totalement, et ça m'a fait plaisir d'avoir pu écrire pour ce titre !". Ouais, je suis trop sûr que c'est ce qu'il a voulu dire dans cette toute dernière page ! Une série incroyable et qui fut ma foi, un vrai petit plaisir ! Je reste cependant déçu qu'elle n'est pas connue une vie plus longue ! Mais comme on dit, vaut mieux parfois s'arrêter quand tout va bien... en dehors de ces fichues ventes... bien entendu... Tout ça, c'est de votre faute de toutes façons !
