Grimm, ce héros

MF Grimm, rappeur méconnu du grand public, réalise le casse du siècle en offrant au neuvième art un monument tout droit sorti de la rue, nommé aux Eisner Awards (meilleur lettrage et meilleure adaptation), Sentences : la vie de MF Grimm fait parti de ces œuvres coup de poing, unique au monde, qui ne donne qu'une envie : être lu et relu.
Amateur de rap et ignorant tout de ce rappeur, je suis tombé un peu par hasard sur cette BD et une envie m'a pris de l'acheter. Quelle idée fabuleuse tant on en a pour son argent. Enfaite, nous avons ici une double histoire : celle de Grimm et celle du hip-hop, ce mouvement né à la fin des années 80 qui est devenu une partie importante de la culture contemporaine.
Le hip-hop est fondé sur 4 piliers : le DJ, le break dance, les graffeurs et les MC. Pourtant, un cinquième pilier existe, plus secret et méconnu il est celui qui donnera à cette culture une sombre réputation : les gangs. MF Grimm, Perceval Carey en vrai, va tenter de construire sa vie sur cette culture en se basant sur le rap où il est plutôt bon. Il va se développer dans cet univers tout en continuant à gagner de l'argent via les gangs dont il a toujours fait parti. Intelligent et cultivé, Percy n'en reste pas moins une tête brulée et un type avec une vision plus que personnelle de ce qui est éthique et ce qui ne l'est pas. En 1994, il va signer le contrat de sa vie. Mais en 1994, lors d'une fusillade, son frère meurt et il perd l'usage de ces jambes.
Grimm arrive à nous faire comprendre à quel point le rap et la violence sont liés, non pas parce que la violence est dans le rap, mais parce que le rap est né dans un lieu où la violence règne en maitresse intolérante. Sans pour autant se montrer meilleur qu'il n'est, MF Grimm, grâce à certaines valeurs morales, va finir par s'en sortir ... Mais quel long chemin pour cela, 3 ans de prison, la mort de la majorité de ses amis, la vente de drogue à un niveau gigantesque ...
Cette BD est forte, vraiment, elle nous emmène en Enfer et au Paradis. On retrouve de nombreux artistes connus (Dr Dree, MF Doom, Snoop Dogg, 2Pac) ce qui permet au lecteur que effectivement, Grimm est passé pas loin d'un succès mondial, qu'en 1994, il a perdu a jamais la possibilité de devenir une star planétaire. Mais avec l'aide de Ronald Wimberly au dessin (d'une efficacité brutale), il offre une des visions les plus pures du monde du hip-hop. Heureusement, il est actuellement reconnu, même si c'est d'avantage par des connaisseurs que par le grand public.
Cette auto-biographie est forte, peut être parce qu'elle dévoile un univers plutôt qu'un personnage.
Si vous aimez le rap, vous allez adorer. Si vous n'y connaissez rien, vous allez chercher à le découvrir.