Sexe, amour et déconfiture par Eric17
« Sexe, amour et déconfiture » est un ouvrage édité chez Hachette dans la collection Marabulles. Il est apparu dans les librairies en avril dernier. D’un format inférieur à un album traditionnel, il se compose de presque cent pages. Son prix avoisine treize euros. La couverture attire l’œil par son fond rouge. On y découvre un lémurien affalé sur un lit en train de dormir. Une jeune fille apparemment désabusée est allongée à ses côtés. L’auteur de cet ouvrage est Fabrice Tarrin dont j’ai découvert son travail via son blog (http://fabricetarrin.com/blog/). D’ailleurs, le bouquin que j’évoque aujourd’hui, est la mise sur papier de nombre de ses notes déjà parues sur son support numérique.
Le site de la FNAC (www.fnac.com) propose le synopsis suivant : « Entre Constance, sa copine à l'amoureux imaginaire, Carole, son ex, Clémentine, sa nouvelle petite amie nymphomane, Nathalie empêtrée dans une histoire sentimentale compliquée, etc. La vie de Fabrice (et surtout celle de son avatar, un lémurien aux yeux oranges) n'est pas de tout repos, surtout avec, dans les pattes, son pote Pascal, véritable élément perturbateur de son écosystème. Attention, toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé n'est jamais fortuite. »
C’est parce que je prenais plaisir à naviguer sur le blog de Fabrice Tarrin que j’ai décidé de m’offrir cet ouvrage. Je trouve ses notes souvent drôles. J’espérais donc retrouver ce générateur de bonne humeur en me plongeant dans cet album. Malgré le côté d’apparence enfantin de l’auteur, le propos s’adresse à un public adulte du fait de sa thématique. La construction narrative se décompose une succession de scénettes correspondant chacune à une note de blog. Elles sont globalement indépendantes. Le fil conducteur entre certaines anecdotes est finalement assez secondaire.
La première déception réside dans le fait que son album ne possède aucune réelle nouveauté. L’inédit n’est pas de sortie dans cet album qui se contente de faire un « copier-coller » de ce qu’on peut trouver sur son blog. Je trouve cela assez décevant. J’ai un petit peu l’impression de me faire avoir en m’offrant ce bouquin. De plus, l’auteur ne fait pas de réels efforts de mise en forme. Les notes sont mises les unes à la suite des autres sans réellement chercher à y mettre un semblant d’ordre. Cela donne une impression bâclée et fouillis. Tout cela est fait à la va vite et m’a gêné en tant que lecteur.
Pour rentrer dans le fond, les histoires traitent essentiellement de sexe. L’amour est très secondaire dans le propos de Tarrin. Les rares évocations amoureuses ne sont que des supports pour mettre en place une histoire de cul. Ce n’est pas une critique mais un constat. L’auteur présente autant ses aventures que celles de ses amis. On alterne de l’un à l’autre au gré des pages. On découvre une nymphomane qui exige un croissant dans la nuit en échange d’une gâterie. On rencontre une femme vivant une idylle secrète avec Delarue ou encore un homme soumis à sa femme. Certaines notes sont drôles du fait d’un comique de situation bien construit. Mais souvent je trouve que le soufflé retombe à cause du côté alambiqué ou excessif de certaines situations. Je ne doute pas de la réalité de l’anecdote mais son côté « too much » fait qu’on a du mal à s’y impliqué. Tous ses ouvrages qui racontent un pan du quotidien d’un personnage normal doivent leur réussite à l’identification totale ou partielle que va avoir le lecteur vis-à-vis de son héros. Ici, la sauce ne prend pas vraiment et c’est dommage.
L’aspect graphique est par contre une vraie réussite. Tarrin possède un style reconnaissable auquel on s’attache avec joie. Son dessin est dynamique et ses personnages animaliers génèrent une vraie identité à son univers. Le fait de dessiner essentiellement en noir et blanc avec seulement quelques touches de couleur essentiellement pour marquer les yeux ou les cheveux. Cela permet de vraiment centrer le propos sur les personnages. De plus, le fait de ne pas découper rigoureusement les cases participe au côté aéré de l’ensemble. L’aspect graphique est à mes yeux la plus belle réussite de cet album.
En conclusion, « Sexe, amour et déconfiture » confirme que le passage du blog à l’album papier est un mécanisme plus complexe qu’il n’y parait. Le plaisir qu’on prend en découvrant une note hebdomadaire est moins exigeant que la lecture de plusieurs dizaines de pages d’une traite. Les faiblesses, les défauts ou les répétitions apparaissent davantage. De plus, notre exigence n’est pas la même sur les deux supports. Lire un strip sur internet entre deux autres choses est agréable et nous arrachera aisément un sourire. Quand on s’assoit dans notre fauteuil ou notre lit pour lire un livre qu’on s’est acheté, on est plus concentré et on en attend davantage. Cet album n’arrive pas à franchir cette haute marche. Ce n’est pas grave. Par contre, je pense que dans l’immédiat, ma découverte de l’univers de Tarrin se fera sur le net. Je serai davantage attentif lors de la parution de son prochain opus adapté de son blog…
